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Tata fait le yo-yo
Depuis un an et demi à la tête de l’Albiceleste, Gerardo Martino n’a toujours pas imposé son style. Pire, il se retrouve le cul entre deux chaises, avec une génération sur le déclin et quelques pépites qui tapent à la porte.
En août 2014, Tata Martino débarque pour remplacer Alejandro Sabella. L’Argentine croit dire adieu au football ennuyeux (mais efficace malgré les nombreux détracteurs) du sélectionneur qui a mené l’Argentine en finale de la Coupe du monde au Brésil. L’ancien entraîneur du Barça se démarque rapidement de son prédécesseur, promet un style de jeu offensif, et lâche quelques petits tacles pour l’ancien coach d’Estudiantes La Plata. L’Argentine y croit, rêve d’un Messi enfin à l’aise avec la liquette bleu et blanc, se voit aller soulever la Copa América en terre chilienne. Jusqu’ici, le bilan de Martino avec sa patrie ressemble à un échec cuisant. Une finale perdue dans les conditions connues contre Vidal, Sánchez et compagnie, et une identité de jeu toujours aussi approximative.
Tata sans défense
Pire, après un début catastrophique de campagne d’éliminatoires pour la Coupe du monde russe, de nombreux médias argentins évoquaient l’éviction d’un entraîneur qui ne fait pas l’unanimité au pays. Si l’on s’attache à la tactique prônée par l’ancien de Newell’s, de nombreux points sont à évoquer. D’abord, son immuable 4-3-3 semble totalement limiter les options face à des adversaires qui connaissent parfaitement les qualités du squad argentin. Dans Olé, Gustavo Quinteros, le sélectionneur équatorien, explique comment il a contré tactiquement l’Argentine en octobre dernier : « C’est une aubaine pour nous quand le milieu défensif se met entre les défenseurs centraux et que les latéraux montent. L’Argentine prend des risques sur la sortie de balle et je n’aime pas ça. On leur a donc mis une grosse pression. » Sans le citer, le technicien argentin souligne l’un des dilemmes majeurs de cette sélection : le positionnement de Mascherano.
Alors que le Jefecito répète son envie de jouer au milieu de terrain avec Barcelone, il a la chance de le faire sous le maillot de l’Albiceleste. Il semble aujourd’hui que l’ancien de River pourrait rendre plus de services à une sélection démunie de centraux en forme. Otamendi blessé, Demichelis catastrophique à Manchester City, Martino a été contraint de convoquer Javier Pinola, 33 ans et cadre de Rosario Central. Mateo Musacchio devait être une alternative solide, mais le défenseur de Villarreal a aussi dû déclarer forfait. Martino fait encore appel au football local, avec Fernando Tobio, défenseur de Boca Juniors pas toujours titulaire chez les Xeneizes. Seule révélation du mandat Martino, Ramiro Funes Mori, devenu titulaire indiscutable à Everton. Sur les cotés, l’Argentine pleure encore Zanetti, Heinze, Sorín et compagnie. Zabaleta et Rojo, tous deux en difficulté à Manchester, sont souvent titulaires avec la sélection, faute de mieux. C’est River Plate qui fournit les remplaçants, puisque Mercado et Vangioni s’assoient sur le banc et dépannent en cas de galère.
Un fossé générationnel
Dès sa nomination au poste, Tata Martino évoquait les pépites nationales. Ainsi, il citait Kranevitter, désormais à l’Atlético de Madrid et encore appelé par le coach éphémère du Barça. Il suivait aussi Mammana, Ángel Correa ou encore Gerónimo Rulli, gardien de la Real Sociedad. Depuis, certains ont fait leur baptême, d’autres attendent toujours un appel. Pendant ce temps-là, Gerardo Martino jongle entre deux générations. Celle vieillissante et en fin de course de Demichelis, Lavezzi, Roncaglia ou Zabaleta face à la jeunesse de Dybala, Correa, Kranevitter et autres. S’il a réussi à renouveler son groupe, Martino n’a pas osé faire le ménage. En attaque, les possibilités sont nombreuses. Entre Messi, Di María, Agüero ou Higuaín, Martino est face à l’un des casse-tête les plus coriaces de sa carrière.
Avant le match contre le Chili, l’attaquant de Manchester City a une longueur d’avance sur celui du Napoli, qui brille en Italie. « Chaque décision est réfléchie, mais sera vue comme injuste pour un autre. On a cinq des meilleurs attaquants du monde dans cette équipe, c’est normal que certains jouent et d’autres non. » Avant d’affronter la Roja, Martino a tenu, en conférence de presse, à faire oublier la défaite en finale de la Copa América 2015, restée en travers de la gorge de tout un peuple : « Ce match n’a rien à voir avec la finale. Nous devons prendre six points avec ces deux journées. Pour l’instant, la réalité montre que l’Argentine ne vas pas aller au Mondial. » Un triste mais réel constat.
Par Ruben Curiel