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Tătă cool

Par Adrien Candau
5 minutes
Tătă cool

Recrue plutôt clinquante du mercato estival nantais, Ciprian Tătăruşanu s'affirme déjà comme le ciment de la défense en béton armée du FC Nantes. En prenant toujours bien soin de rester à l'écart du jeu médiatique. La marque d'un type qui a toujours préféré les actes à la parole.

Les mauvaises langues parleront de hold-hup. Les Nantais de réalisme froid. Le 20 décembre dernier, lors de la dix-neuvième journée de Ligue 1, les Canaris zigouillaient Amiens dans les arrêts de jeu, grâce à un but d’Emiliano Sala. Non sans avoir frôlé la défaite une minute plus tôt, quand Serge Gakpé envoyait une frappe croisée du droit qui prenait le chemin du but des Canaris. Du moins, jusqu’à ce que Ciprian Tătăruşanu n’étende son mètre 97 pour sauver les siens. La routine pour les hommes de Ranieri, désormais habitués à ce que leur dernier rempart roumain leur sauve les miches, les rares fois où le mur jaune qu’ils érigent à chaque rencontre de Ligue 1 est pris en défaut.

Le géant jaune

Car si Nantes est actuellement troisième défense de l’élite avec dix-huit buts encaissés, c’est aussi grâce à Ciprian Tătăruşanu. Un type qui a mis d’entrée la notion de temps d’adaptation au placard, en sortant un match de patron pour sa première rencontre officielle avec les Canaris, le 12 août dernier, face à Marseille. Le Roumain claque alors neuf parades face aux Olympiens. Costaud : voilà dix saisons qu’un gardien n’avait effectué une telle performance pour ses débuts en Ligue 1. Un simple apéritif. Dix-sept journées plus tard, la réussite de l’ancien portier de la Fiorentina s’écrit à travers une autre statistique : ses 76% de tirs arrêtés, qui le placent jusqu’ici sur le podium des gardiens les plus fiables de la saison, juste derrière Anthony Lopes et l’Amiénois Régis Gurtner. Sans pour autant que ses performances ne fassent lever les foules. De fait, si Tătăruşanu force déjà le respect en Loire-Atlantique pour sa sérénité et sa régularité, peu de parades réellement spectaculaires sont encore à mettre à son actif. « Notre équipe prend peu de buts parce que nous avons une belle organisation » , concède seulement le natif de Bucarest. Un tableau trop neutre pour réellement susciter l’émoi des médias, qui laissent jusqu’ici plutôt tranquille celui qui est pourtant un pilier de l’équipe nationale roumaine. Sans doute au plus grand plaisir de Tătăruşanu, qui s’est construit une réputation de grand taiseux un peu partout où il est passé.

Le roi du silence

L’ancien du Steaua est décrit par ceux qui l’ont côtoyé comme un type sans artifice. Sur le terrain d’abord, où son style efficace, mais sans chichi ni fantaisie, a parfois divisé. Surtout en Italie, où il s’est pourtant imposé comme le portier numéro un de la Fiorentina pendant ses trois saisons toscanes. Quand la Gazzetta dello Sport lui demande en avril dernier s’il se demande parfois pourquoi, «   malgré le peu d’erreurs qu’il a commises, personne ne s’enthousiasme vraiment à son encontre » , Tătăruşanu dégaine : « Les critiques sont le fait de gens trop prétentieux, ils sont pareils avec tout le monde, pas seulement avec moi. Parfois ils exagèrent. » L’une des rares sorties dans la presse d’un gardien habituellement avare en bonnes déclarations. « C’est quelqu’un de très pro. Il ne parle pas beaucoup, mais quand il parle, c’est pour dire quelque chose » , relatait dernièrement Claudiu Keșerü, qui a côtoyé Tătăruşanu en équipe nationale roumaine. « Il dit les choses en face. C’est un mec sain. C’est un gars qui reste un peu en retrait, mais c’est un leader de vestiaire. » « Je ne suis pas taciturne, c’est les journalistes qui ont relaté ça » , nie le principal intéressé. « Mais je pense qu’un gardien de but doit parler plus sur le terrain, par ses actes, qu’en dehors du stade. » Un style et une parole dépouillés, dont le portier ne s’est jamais départi. Alors, quand on lui demande s’il ne faut quand même pas avoir un brin d’excentricité pour choisir d’embrasser une carrière dans les buts plutôt que de gambader sur le pré comme les joueurs de champ, Tătăruşanu ne se démonte toujours pas : « Non, les gardiens ne sont pas fous, seulement plus courageux que les autres joueurs. »

L’anti Mutu

Du courage, Tătăruşanu n’en manque pas aux moments opportuns. Comme quand il balaie d’un revers de main ceux qui auraient la mauvaise idée de tracer un parallèle entre lui et Adrian Mutu, en raison de leurs importances respectives au sein de leur équipe nationale et leurs passages réussis à la Fiorentina. « Mutu ? Je ne suis pas du tout comme lui. Je n’aime pas aller en boîte et je déteste perdre mes nuits. Avec lui, j’ai juste joué trois matchs en équipe nationale et maintenant il est devenu le directeur sportif du Dinamo. Mais moi, je suis supporter du Steaua depuis tout petit… » Ou encore quand il abandonne sa discrétion habituelle après l’Euro 2016 désastreux de la Roumanie, où il a notamment été coupable d’une grosse cagade face à l’Albanie, lors du dernier match de la phase de groupes : « C’est une élimination honteuse… J’assume toutes mes responsabilités sur le but encaissé, j’ai loupé ma sortie et je sais que cela est de ma faute. » Pas la fin du monde pour autant, pour un type qui a depuis su rebondir à Nantes. Et qui déclarait récemment que la première qualité d’un grand gardien de but devait « d’être avant tout fort mentalement, de savoir se relever après une erreur » . Une formule ni funky ni spectaculaire. Juste sobre et efficace. À l’image de Ciprian Tătăruşanu en somme.

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Par Adrien Candau

Tous propos issus de la Gazzetta dello Sport et de L'Équipe.

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