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T’ar ta gueule à la récré !
Marco Verratti, vingt-quatre ans, petit, tatoué, gourmand, fumeur, buveur, papa, roublard, malin, dribbleur, charmeur... Ce soir, le petit hibou va jouer sur la pelouse du plus grand stade d’Europe et face à toutes les caméras du monde. Ou le passage obligé vers l’âge adulte.
Au PSG, il y a des gestes qui ne trompent pas. Samedi, dans l’ennui d’un match contre Nancy, Marco Verratti a franchi un cap. Celui des joueurs qui ont, officiellement, un chant en leur nom. Autant c’est légion en Italie, autant les tribunes françaises s’exercent peu à cet exercice qui demande un peu d’imagination, mais aussi de culture musicale et du monde des tribunes. Zlatan Ibrahimović n’avait pas eu cet honneur, par exemple. Au vrai, depuis Raí, aucun Parisien ne s’était retrouvé avec un chant – couplet et refrain à l’appui – à son palmarès. Marco Verratti est de cette trempe-là. Celle des joueurs qui marquent. Pourtant, à vingt-quatre ans, l’Italien est face à un nouveau défi, devenir le patron du Paris-SG. Pas évident quand on joue à un poste qui ne fait briller ni les stats offensives, ni les stats défensives. Verratti n’est pas là pour chiffrer son talent. Il est au-dessus. Après le match aller, Blaise Matuidi s’était laissé aller à une drôle de confidence sur le petit hibou. « C’est une phrase que j’ai dite à Iniesta quand Marco Verratti était par terre. Je lui ai dit : « Lui, c’est ta relève. » Il m’a répondu : « Oui » » , rapporte le site Goal.com. Ce soir, dans l’immensité du Nou Camp, le numéro 6 de la capitale doit confirmer ce postulat. Quoi de mieux que le plus grand stade d’Europe et face à la meilleure attaque du Vieux Continent pour enfin devenir le patron ?
« Il est le meilleur joueur italien d’aujourd’hui et de demain » , Andrea Pirlo
Avec le départ de Zlatan Ibrahimović, le Paris-SG s’est retrouvé sans leader. Ce n’est pas pour rien que le Suédois souhaitait que son numéro 10 atterrisse sur les épaules du gamin de Pescara. Être le meilleur joueur de son équipe quand on ne marque pas de but, ce n’est pas anodin. Marco Verratti, c’est ça. Un mec sans artifice. Pas besoin de sortir des chiffres pour justifier son talent, le voir jouer suffit amplement. À la fois roublard, vicieux, coquin, doué, technique, fin et indispensable, Verratti simplifie la vie. Les plus grands de ce monde se prosternent devant lui, à commencer par Andrea Pirlo dans les colonnes de L’Équipe : « Juste après le match contre le Barça, je l’ai félicité par SMS. Le soir même, il m’a dit que mon message était celui qu’il avait le plus apprécié. Alors, je lui ai répondu : « Maintenant, tu es devenu le numéro 1 parce que je suis en train de finir ma carrière. » Verratti est un très grand joueur, il est et sera le futur du foot italien et européen pour les vingt prochaines années. Il joue plus ou moins dans ma position. Mais nous sommes très différents dans le type de jeu. Il joue plus avec des passes courtes, il dribble beaucoup plus que moi et il conserve plus le ballon. Il est le meilleur joueur italien d’aujourd’hui et de demain. » C’est pourquoi Paris cajole tant son petit milieu. De temps en temps, oui, Unai Emery et son staff le sermonnent sur son hygiène de vie. C’est quand même con de manquer la plupart des grands matchs pour trois verres de pinard et un paquet de clopes. Verratti est un épicurien qui assume de mettre sa carrière en danger pour un peu de minéralité boisée d’une bonne table parisienne. Comme sur le terrain, le milieu de terrain est toujours dans la prise de risques. Parce que le jeu en vaut la chandelle. Au Nou Camp, malgré une avance de quatre buts et l’envie d’entrer dans la légende, Verratti sera épié comme jamais. Tout d’abord parce que le FC Barcelone le courtise depuis quatre ans. Ensuite parce qu’il peut changer de dimension dans une rencontre comme celle-ci. C’est dans ce genre de partie que Marco Verratti doit justifier tout l’amour que lui porte le PSG depuis 2012. Prolongé chaque année – pour mieux briquer son trésor –, l’Italien nourrit un rêve commun avec son employeur : gagner la Ligue des champions. Briller sur la pelouse du Nou Camp un soir de qualification, au fond, on peut difficilement trouver meilleure scène d’ouverture.
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Par Mathieu Faure