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Pourquoi le RC Lens a attrapé Stijn Spierings ?

Par Maxime Brigand
11 minutes

Pilier du Toulouse qui a retrouvé la Ligue 1 lors de l'été 2022 et qui a remporté la Coupe de France, le Néerlandais de 27 ans va grimper sur la marche supérieure dans le Nord. Son arrivée a tout de la bonne affaire. Voilà pourquoi.

Pourquoi le RC Lens a attrapé Stijn Spierings ?

Stijn Spierings n’a pas toujours su s’y retrouver au milieu des carrefours. Il a même un temps pensé à ne plus jamais y fourrer son nez. Il vivait à cette époque à Rotterdam et était employé par le Sparta, un club qu’il a rejoint début 2016, quelques mois après avoir foulé sa première pelouse d’Eredivisie avec son club d’enfance, l’AZ Alkmaar, qu’il a quitté « dégoûté ». Le début de carrière de celui qui est également un temps passé par l’académie de l’Ajax lorsqu’il était gosse prenait alors une drôle d’allure. Parti d’Alkmaar pour gratter une place de titulaire, Spierings, d’abord régulièrement utilisé comme numéro 10 d’un 4-2-3-1 par Alex Pastoor, cavalait désormais au milieu des jeunes du Sparta. C’était le tout début d’année 2018, Dick Advocaat venait de prendre le contrôle d’un club lanterne rouge et l’avait envoyé directement suer en réserve. Ce qu’il a ressenti sur le moment : « J’ai vraiment été malheureux. J’ai même pensé à tout arrêter. J’ai été envoyé chez les jeunes pour jouer contre Scheveningen, contre Kozakken Boys ou contre Barendrecht. Je me demande pourquoi j’ai fait tout ça. » Invité à revenir avec les pros au printemps, Stijn Spierings n’avait, en plus, pas vraiment arrangé son cas en canardant son propre but lors d’une demi-finale aller de barrage pour la relégation joué sur la pelouse du FC Dordrecht. Un caramel qui n’avait finalement pas empêché le Sparta de se qualifier (le club, battu en finale par Emmen, a malgré tout été relégué au bout de la saison 2017-2018, NDLR), mais qui restera un symbole des galères de l’époque du candélabre batave. Aujourd’hui, tout a changé.

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Preuve par l’image : le 23 juin dernier, Stijn Spierings s’est assis au milieu du Louvre-Lens, avec à sa droite Grégory Thil, le directeur sportif du RC Lens, et à sa gauche, Arnaud Pouille, le directeur général de la machine sang et or. « Nous sommes ravis de poursuivre ce mercato avec la signature de Stijn Spierings, s’est alors félicité Pouille. Nous accueillons un homme mature, équilibré, qui a manifesté une grande volonté de nous rejoindre. Stijn vient renforcer notre entrejeu et apporter, par son profil, des caractéristiques supplémentaires au groupe de Franck Haise et de son staff. » Mais que s’est-il passé en l’espace de cinq ans ? Évidemment, beaucoup de choses. Spierings a aujourd’hui 27 ans. Derrière la baffe prise à Rotterdam, il a pris plusieurs virages. Un premier, aux Pays-Bas, où il a retrouvé du temps de jeu à Waalwijk. Un second, en Bulgarie, où il a posé les pieds en janvier 2020 pour jouer au Levski Sofia et d’où il est reparti lors de l’automne suivant pour entamer une autre étape : celle de la bascule, avec Toulouse. Ses débuts en France ont été marqués par trois fléchettes plantées sur penalty lors de ses trois premières rencontres de Ligue 2, puis tout s’est enchaîné très vite : une première saison plutôt prometteuse, un titre de champion autoritaire au terme de la deuxième, puis la découverte de la Ligue 1, bien sûr, pour une troisième auréolée d’un succès en Coupe de France. Heureux dans le 31, le Néerlandais, courtisé en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas, se serait bien vu rester dans le coin, mais ne s’est jamais entendu avec la direction, tout comme son compatriote Branco van den Boomen, qui a signé, lui, à l’Ajax. Alors, il a plutôt quitté le Téfécé dans la foulée d’une ovation reçue face à l’AJ Auxerre, prêt à sauter sur la marche du dessus à Lens. Question : pourquoi les Sang et Or ont-ils craqué pour lui ?

Un guetteur leader en Europe

Un : Stijn Spierings était libre. Deux : l’ancien guetteur du Stadium possède absolument tous les accessoires pour répondre aux exigences du projet de jeu du RC Lens. « Il mêle l’intensité, la qualité technique et la personnalité. J’estime même que c’est une très belle affaire et que tout le monde va vite s’y retrouver », affirme son ancien entraîneur, Philippe Montanier, qui a vu le natif d’Alkmaar faire la circulation dans ses circuits ses deux dernières années. Utilisé comme sentinelle lors des phases avec ballon depuis son arrivée en France, il a d’abord brillé cette saison par son investissement sans ballon en bouclant l’exercice avec la palme du joueur ayant récupéré le plus de ballons au sein des cinq plus grands championnats d’Europe (336) et avec la médaille de bronze des éléments de Ligue 1 ayant réussi le plus de tacles derrière Benjamin André et Andrei Girotto.

Montanier en doutait-il à l’heure de le voir débouler en Ligue 1 ? « Assez peu, pour être honnête. Dans notre effectif, Stijn était l’un des seuls au milieu capable de mettre de l’impact à la récupération, de faire mal dans les duels et de répondre physiquement à ce que peut demander la Ligue 1, un championnat qui exige beaucoup de puissance, d’intensité. Il a ça en lui, contrairement à Branco, qui était notre maître à jouer, mais a eu besoin de s’adapter, car il pouvait manquer un peu de vitesse et de force. » Au sein d’un RC Lens qui a de nouveau su faire grimper le curseur intensité très haut cette saison lorsque l’événement le demandait, comme lors de la réception de Monaco en avril (3-0), un match où les Sang et Or avaient franchi la barre des 200 sprints, Spierings va rencontrer des clients et sera notamment précieux par sa capacité à venir faire la deuxième lame derrière la première ligne de pression lors des séquences de pression haute.

Tout au long de la saison, Spierings a pu être vu dans différentes animations et dans de multiples situations. Ici, face à Nice, le Téfécé défend en 4-2-3-1 face à des Aiglons déployés en 4-3-3. En défense placée, le Néerlandais a alors pour mission de tenir son relayeur (Khephren Thuram). Dès le déclenchement de la passe de Dante, il va alors sortir son bouclier…

… et venir repousser l’international français, qui perdra ensuite le ballon.

Autre situation, de pression à la perte cette fois, à Marseille : Valentin Rongier cherche à sortir court avec Dimitri Payet, mais Spierings a anticipé…

… et va couper le joueur de l’OM dans son élan.

Les situations de pression à la perte sont un point fort de Spierings, et on l’avait aussi vu lors du PSG-Toulouse de février : ici, on le voit au début de la séquence, en protection de Kamanzi…

… le Téfécé va perdre le ballon, Nuno Mendes va tenter de rapidement enclencher avec Fabián Ruiz, mais Spierings va vite jaillir…

… tacler et récupérer le ballon…

… avant de centrer dans la boîte.

Enfin, Spierings s’est également montré essentiel dans la couverture de la profondeur dans le dos de ses latéraux, comme ici, contre Lyon, avec Suazo…

… il va ainsi suivre Caqueret, lancé par Cherki…

… puis récupérer le ballon avant d’enclencher une phase de possession.

S’il se dit vide de stress et imperméable à la pression, Spierings devra quand même gommer les quelques séquences où il peut avoir un temps de retard au moment de sauter sur sa cible, à commencer face aux adversaires plus faibles sur le papier. « C’est vrai qu’il peut lui arriver de ronronner face à des équipes moyennes, mais ce qui est intéressant sur sa saison, c’est que dans les gros matchs, il a toujours eu du répondant et a su s’élever à la hauteur du niveau. Et ça, c’est rare », appuie Philippe Montanier.

Plus qu’une sentinelle 

Dans une équipe qui a affiché un taux de possession moyen honnête (51,3%, 8e de Ligue 1) et a toujours cherché à envoyer du jeu en sortant proprement les ballons, poussant les joueurs de côté à jouer haut et les ailiers à attaquer la profondeur en se projetant dans les intervalles, Stijn Spierings, deuxième joueur de champ le plus utilisé derrière Anthony Rouault, a eu pour rôle central de faire tourner l’ensemble. À la base d’un triangle mouvant porté à l’aide de ses deux potes, Branco van den Boomen et Brecht Dejaegere, l’ancien numéro 10 a, en Ligue 1 comme en Ligue 2, été le premier relais lors des sorties courtes et a avant tout rôdé autour de la paire Rouault-Nicolaisen pour toucher aussi vite que possible un latéral (souvent Mikkel Desler) ou l’une des têtes pensantes rôdant en soutien de Thijs Dalinga.

Map des positions moyennes des joueurs du Téfécé lors du succès à Strasbourg (1-2), fin janvier : Spierings, entouré en jaune, occupe un rôle de base du 4-3-3, qui devient très souvent un 3-1-5-1 avec ballon.

 Le fameux 3-1-5-1, face à Lorient, avec Spierings ici venu former une supériorité numérique à la relance.

Dans ce rôle, Spierings agit comme tous les 6 du globe et scanne en permanence l’espace qui l’entoure, puis vient se caler derrière la première ligne de pression adverse ou entre ses deux centraux. Pas de panique pour les supporters nordistes, l’ancien numéro 17 du Téfécé a déjà évolué au-dessus d’une défense à trois, notamment lors de la réception du PSG (0-3) en août ou lors de la victoire contre Reims (1-0) en septembre. « Toute proportion gardée, il a un profil à la Busquets, fort sous pression et capable d’orienter dans toutes les directions, mais j’ai aussi vite découvert en travaillant avec lui qu’il avait d’autres facettes dans son jeu, qu’il avait un très bon sens de l’avant-dernière et de la dernière passe, qu’il avait une bonne frappe et il a fallu le pousser à être encore plus influent dans le jeu, remet Montanier. Il peut rester dans une zone de confort, mais il a des capacités athlétiques très développées. On a pas mal travaillé pour que les zones occupées par nos trois milieux soient évolutives et que Stijn se projette davantage autour d’une surface où il est très adroit. Là-dessus, il a encore une marge très intéressante à développer. » Gâté techniquement, capable de vite déclencher et de tourner le jeu avec efficacité (il a fait cette saison deux fois moins de transversales que Van den Boomen, mais est quand même 4e de Ligue 1, à égalité avec Téji Savanier, dans ce registre), Stijn Spierings reste quand même un milieu qui fait davantage avancer le ballon par la passe que par ses rushs balle au pied.

Lui offrir du temps peut alors s’avérer mortel : preuve ici face à Nice, où Rouault va le trouver dans le dos de Delort et Thuram…

… sur un pas, Spierings va alors lancer Ngoumou, parti attaquer la profondeur.

Autre exemple face à Lorient, où Spierings va de nouveau être trouvé par Rouault et va attirer la pression sur lui…

… et trouver Ngoumou, dans le dos du pressing adverse.

Toujours du temps, toujours la passe au bon endroit, dans une situation que Spierings risque de retrouver très souvent à Lens.

À Rennes, il est cette fois trouvé face au jeu après un relais de Chaïbi…

… sur un pas, il va alors feinter Majer…

… puis trouver Dallinga qui pourra rejouer ensuite face au jeu.

Enfin, situation où Spierings a du temps et de l’espace devant lui, contre Reims : Dupé le sert devant sa surface…

… il va alors remonter le terrain et lancer merveilleusement Aboukhlal qui ira marquer.

Dans le dernier tiers, on l’a aussi vu par séquences sur des centres, comme ici contre Strasbourg…

… ou face à Angers, où il a d’abord décalé Chaïbi…

… et été retrouvé à l’entrée de la surface, sa zone, pour tripler la mise.

En Ligue 1, Spierings a peu marqué – deux fois –, n’a fait aucune passe décisive et a laissé Van den Boomen tenir les platines du secteur offensif violet, mais le RC Lens vient chercher autre chose, à savoir un milieu fiable physiquement, qui arrive pour être un plan A’ à Abdul Samed et potentiellement aussi être utilisé dans un rôle de relayeur. Dans une animation avec ballon qui prend souvent la forme d’un 3-4-3 losange, posséder dans son jeu un pion capable de faire progresser le jeu par la passe de la sorte (Stijn Spierings est dans le top 15 de Ligue 1 aux passes progressives et dans celles réussies dans le dernier tiers du terrain) sera très précieux, surtout avec un calendrier qui va déborder de partout. La très probable arrivée d’Andy Diouf (FC Bâle), qui est l’un des meilleurs joueurs d’Europe pour faire progresser le ballon balle au pied, va combler une autre case et devrait venir combler avec brio le départ possible de Fofana, un peu moins régulier cette saison, mais qui restait un formidable déchiqueteur de rideaux, en Arabie saoudite. Il faut aussi noter que Lens s’est déjà mis d’accord avec Nancy pour attraper le prometteur Neil el-Aynaoui, qu’il va falloir logiquement peaufiner, et négocie avec Strasbourg pour Habib Diarra, qui est dans le top 7% (ce qui veut dire qu’il est supérieur à 93% des joueurs dans ce registre) des joueurs de Ligue 1 qui font progresser les possessions de son équipe vers le but adverse. Sans trop de bruit, les pierres se posent une à une dans le Nord. Spierings, leader naturel et homme sage, en est une première déjà bien polie dont la présence va être essentielle pour faire mûrir les autres.

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