- C1
- J1
- AS Monaco-FC Barcelone
Tactique : avec Flick, déjà le divertissement
Invaincue en Ligue 1 et en pleine confiance, l’AS Monaco va grimper d’un étage dans son début de saison, ce jeudi, en affrontant l’équipe d’Europe la plus divertissante de ce début de saison : le Barça d’Hansi Flick.
Cinq matchs, c’est tôt dans une saison de foot, très tôt, surtout pour chanter la gloire d’un coach arrivé sur le banc d’une équipe il y a à peine quelques semaines. Ça, les fans du Barça s’en moquent pas mal. Il faut dire qu’en cette rentrée, leur vie est belle : leur club n’a pas perdu la moindre rencontre officielle et dévore tout ce qui lui est déposé sous le nez. Les chiffres sont clairs. Après un peu plus d’un mois de compétition, le FC Barcelone a : raflé tous les points qu’il lui était possible de prendre (15 sur 15) ; marqué à 17 reprises, soit plus que n’importe quel autre club des cinq grands championnats européens ; généré près de 13xG – là aussi, personne ne fait mieux, même le PSG (12,1xG) ; et tiré près de 100 fois au but (95 fois, pour être précis, ce qui est aussi un record cette saison). Au-delà des lignes de stats, c’est surtout une impression qui accompagne ce Barça, dont le volant a été récupéré par Hansi Flick cet été. Une impression tenace : il ne lui aura fallu que quelques semaines à peine pour redevenir un rendez-vous hebdomadaire réjouissant pour tout fan de football et tout amoureux du jeu. Pourquoi ? Comment ?
Hansi Flick y est évidemment pour beaucoup, lui qui, depuis qu’il a vidé et rangé ses valises en Espagne, fait tout pour s’imbiber autant que possible de la culture catalane. L’Allemand a ainsi été vu à Llafranc et à Calella de Palafrugell, deux villages de la Costa Brava, mais aussi à Masia Can Ferran, ou encore aux célébrations de la Diada, la fête nationale catalane. Le tout en échappant aux coups de soleil dont sont souvent victimes ses compatriotes à ces latitudes.
C’est surtout sur le gazon que le changement se fait sentir, puisque l’ancien entraîneur du Bayern, entre autres vainqueur de la C1 en 2020, a déjà su donner sur sa nouvelle toile les coups de pinceau nécessaires pour permettre d’identifier en deux trois coups d’œil qu’il s’agit d’une équipe de Flick. Pas en grande santé économique, le Barça n’a pourtant pas fait de grande révolution et n’a ajouté qu’un boulon majeur à sa proue (Dani Olmo, qui possède, quand même, l’une des meilleures premières touches du continent). Cependant, la machine est aujourd’hui plus dynamique, plus puissante, plus verticale, plus brutale. Le match face à Gérone, dimanche, qui avait passé deux fois quatre buts au Barça la saison dernière (2-4, 2-4), n’a été que la confirmation que ce projet va être à suivre de près et que Monaco, qui vit un début de saison positif en Ligue 1, s’apprête à croiser une machine déjà bien en place, même si elle vient de perdre Olmo pour un mois.
Courir plus, mais surtout courir mieux
Ce qui saute très vite aux yeux est, déjà, la volonté permanente de ce Barça de ne jamais laisser le ballon respirer. Ce dynamisme n’est permis que par une chose, et c’est toute la clé de l’apport d’Hansi Flick : ce que le FC Barcelone a le plus amélioré en l’espace de quelques semaines est son positionnement. Oui, le Barça court plus, mais il court surtout mieux, plus intelligemment, avec des joueurs qui sont mieux étagés que sous Xavi. Face à Gérone, par exemple, la vitesse de circulation élevée du ballon n’a été rendue possible que grâce au fait qu’aucun élément placé à l’intérieur du jeu (Casadó, Pedri, Olmo, Raphinha, Yamal, selon les séquences) n’évoluait à la même hauteur qu’un autre partenaire. Cela a ouvert des angles favorables de passe et a permis de percer en son cœur le bloc de Michel. C’est sans doute l’autre point le plus bluffant : ce Barça, tenu par les pieds de Ter Stegen, Cubarsí et Martínez, ne sort quasiment le ballon que par l’axe et n’explose sur le côté que dans un second temps, ce qui est facilité par le premier travail de fixation à l’intérieur du bloc adverse et, bien sûr, boosté par le profil des latéraux (Koundé, et surtout Baldé).
Dans ce contexte, plusieurs individualités ressortent évidemment de ces premières sorties de la saison, mais s’il ne fallait en garder que trois, ce serait sans aucun doute Raphinha, qui dans un rôle assez intérieur, s’éclate et affine encore plus sa relation avec Baldé ; Olmo, qui, au-delà de sa finesse technique, sait détecter et profiter des espaces libres ouverts par les déplacements de ses potes, ce qui n’est pas fréquent chez les joueurs offensifs en 2024 ; et Pedri, bien sûr, plus reculé et libéré, mais qui a surtout retrouvé ses dents défensives.
Vivre chez les autres
Ce dernier point amène à l’autre clé du Barça nouveau version Hansi Flick : son attitude sans ballon, car si les Catalans aiment faire suffoquer le ballon, ils forcent surtout leurs proies à soigner chaque prise de balle. Le premier but à Gérone en a été une démonstration, et une nouvelle preuve que si Lamine Yamal est un poison balle au pied, c’est aussi un élément qui sait effectuer un pressing avec cohérence et malice, ce qui est essentiel aux yeux d’un coach qui envoie souvent ses ailiers piquer les centraux adverses. D’autres moments du match, comme d’autres du début de saison, seront aussi à garder précieusement en tête pour les Monégasques, qui devront être impeccables pour s’offrir des temps de respiration face au pressing et au contre-pressing de mieux en mieux ficelé des Flick boys.
Enfin, s’ils sont tentés d’allonger face aux mailles, les joueurs de Hütter, qui avaient dominé leur futur adversaire en préparation cet été (3-0), devront également se débattre face à une arme parfaitement utilisée par le Barça, à savoir le hors-jeu. Depuis le début de saison, aucune équipe des cinq grands championnats européens n’a généré plus de hors-jeu que le FC Barcelone (27, soit plus de 5 par match, un total que seul Brighton approche). Toujours face à Gérone, le choix d’évoluer avec une ligne défensive à plus de 50 mètres de son but en moyenne a été payant, comprimant l’adversaire et les dimensions du bloc équipe, et a été le symbole d’un groupe qui veut que le match se joue dans le camp de son adversaire, et nulle part ailleurs. Dans ce registre, il faut noter l’excellence d’Íñigo Martínez, précieux par son volume, sa science défensive et son sens du timing pour sortir haut. Ce cocktail tiendra-t-il toute la saison ? Pour l’instant, il fait en tout cas du bien aux esprits.
Séquence symbole de la hauteur de la ligne défensive du Barça.
Et des conséquences pour ses adversaires : ici, Gil sera signalé hors jeu.
Sur le premier but, inscrit par Yamal, on peut noter la hauteur d’Íñigo Martínez, l’impact que ça a pour couper les centraux adverses de solution…
… ce que le vieux loubard peut célébrer.
Par Maxime Brigand