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Tactique : phases arrêtées, relances et supériorité numérique, place au casse-tête danois

Par Matthias Ribeiro
7 minutes
Tactique : phases arrêtées, relances et supériorité numérique, place au casse-tête danois

Habituel adversaire des Bleus sur les routes de leurs conquêtes mondiales, le Danemark est arrivé au Qatar dans la peau d’un outsider au look de gendre idéal. Après un dernier Euro spectaculaire et une campagne qualificative presque parfaite, suivie de deux victoires face à l’équipe de France en Ligue des nations, les hommes de Kasper Hjulmand s’annoncent comme l’obstacle principal du groupe D. Voilà pourquoi.

À l’image de leur sélectionneur, Kasper Hjulmand, un homme au look d’ingénieur, les Danois présentent un football moderne, utilitaire et séduisant. Tenus en échec (0-0) pour leur entrée en lice face à une Tunisie survoltée au sein d’un Education City Stadium électrique, les Scandinaves sont désormais dans l’obligation de gagner face aux Bleus, samedi. Équipe devenue mascotte du dernier championnat d’Europe grâce à un football emballant, le Danemark est l’un des outsiders les plus attendus et les mieux préparés pour cette Coupe du monde, dont la polyvalence semble être l’un des principaux atouts. Avec huit organisations différentes utilisées en neuf matchs (pour sept victoires) sur l’année 2022, les hommes de Hjulmand disposent de plusieurs manteaux, et il est même chose commune de voir cette bande réjouissante s’articuler de différentes manières selon les séquences et la temporalité des rencontres. Interrogé avant le choc face à l’équipe de France, le sélectionneur adjoint Morten Wieghorst l’a d’ailleurs confirmé et est venu mettre en avant la « flexibilité » de son gang. L’opposition entre ce football liquide et celui plus équilibré de l’équipe de France s’annonce alléchante, et ce, pour plusieurs raisons.

Le pied de Schmeichel et une brèche répétée

Première raison de jeter un œil à cette rencontre : les six mètres danois, qui commencent à se faire leur petite réputation autant pour leur qualité que pour leur rareté causée par une réalisation souvent plus intéressée par les plans serrés sur un joueur qui refait ses lacets que par une phase de jeu pourtant essentielle. Capables de sortir court en créant une supériorité numérique, de jouer mi-long ou d’allonger un cran plus haut, Kasper Schmeichel et les siens optent souvent pour le pragmatisme et l’optimum. Face à la Tunisie ou lors des deux rencontres de Ligue des nations contre l’équipe de France, le portier niçois a ainsi régulièrement allongé vers son target man, que ce soit Kasper Dolberg ou Andreas Cornelius. Il y a trois jours, le fils de Peter a envoyé 14 longs ballons et était même à 19 lors du France-Danemark de juin.

Lors de l’entrée en lice du Danemark face à la Tunisie (0-0) mardi dernier : Kasper Schmeichel vient s’intercaler entre Andreas Christensen et Simon Kjær pour offrir un +1 précieux pour les siens. Il décide ensuite d’allonger…

L’ancien Bordelais Andreas Cornelius maîtrise alors le ballon de la poitrine et joue en retrait vers Mikkel Damsgaard, seul entre les lignes. De cette façon, la densité tunisienne a été contournée…

… et le joueur de Brentford peut se mettre face au jeu et profiter de la latitude offerte par ses pistons lancés dans leurs couloirs pour attaquer le but adverse.

Lors du match aller face à l’équipe de France en juin, les deux centraux sont dans la surface autour de Kasper Schmeichel pour feinter le jeu court et aspirer au maximum le bloc français. Néanmoins, le portier danois choisit l’option longue…

… trouve Kasper Dolberg, totalement libre, qui lui aussi contrôle le ballon de la poitrine vers Pierre-Emile Højbjerg, lancé en retrait…

… le bloc français est fracturé, tandis que les Danois sont lancés à toute vitesse vers le but d’Hugo Lloris. Un quatre-contre-quatre peut alors s’enclencher.

Que ce soit dans les airs ou au sol, les Nordiques affichent une constante : une facilité à perforer les blocs adverses pour progresser ensuite rapidement vers la surface ennemie. Cette verticalité persiste selon les phases de relance, les systèmes et les joueurs alignés. Une situation l’illustre particulièrement à travers les matchs : régulièrement, un joueur, le plus souvent droitier et avec une certaine qualité technique tel que Christian Eriksen, Mathias Jensen ou Pierre-Emile Højbjerg, repique du côté gauche danois vers l’axe pour servir le déplacement intérieur d’un partenaire à l’opposé. Cette animation est le plus souvent mise en place pour un joueur initialement très excentré – et donc rarement suivi -, lui offrant ainsi de l’espace entre les lignes au moment d’imposer une supériorité numérique dans l’entrejeu.

Lors du match aller face aux Bleus, Højbjerg repique sur son pied droit et trouve le déplacement intérieur du piston droit, Daniel Wass, alors totalement libre…

… le bloc tricolore est perforé : Wass peut ensuite s’orienter vers l’avant et servir son partenaire au large. Le Danemark gagne des mètres facilement.

Lors du match retour contre la France, à Copenhague, Eriksen repique à l’intérieur sur son pied droit et trouve à nouveau le déplacement intérieur de Rasmus Kristensen à l’opposé. Le latéral droit profite entre autres de la faible implication défensive de Kylian Mbappé et de l’infériorité numérique tricolore au milieu…

… mais le joueur de Leeds ne parviendra pas à concrétiser cette opportunité vers l’avant à la suite de la bonne fermeture de Youssouf Fofana sur Damsgaard.

Face à la Tunisie, c’est cette fois Mathias Jensen qui s’oriente sur son pied fort et trouve le déplacement intérieur de Christian Eriksen…

… le milieu de Manchester s’oriente ensuite directement vers l’avant et attaque l’espace offert…

… jusqu’à pouvoir frapper du pied gauche aux abords de la surface. Ce ballon sera sorti du cadre par le portier tunisien Aymen Dahmen.

Le langage des signes

Un bras levé, deux bras levés, des bras croisés… Toutes ses chorégraphies ne sont pas une énième danse TikTok, mais bel et bien les signes de Christian Eriksen avant de tirer un corner. S’il peut paraître amusant de voir le discret milieu de Manchester United se déhancher, ces mouvements ont clairement un but informatif pour ses partenaires un peu plus loin dans la surface. De ce fait, le Danemark dispose d’une énorme variété dans le domaine et d’un tireur exceptionnel, capable de toucher les nombreux grands gabarits de l’effectif. Onze joueurs de l’effectif des vingt-six sélectionnés pour la Coupe du monde mesurent en effet au moins 185 centimètres.

Lors de leur dernier match disputé au Parken Stadium de Copenhague face aux Bleus, les Danois avaient d’ailleurs été très dangereux sur phases arrêtées. Nombreuses ont été les combinaisons efficaces sur ce genre de séquence jusqu’à faire la différence grâce à Andreas Skov Olsen sur une situation mécanique travaillée et bien exécutée. Lors de l’entrée en lice des joueurs de Hjulmand face à la Tunisie, la pluralité de solutions sur corner a de nouveau été démontrée, sans succès cette fois, même si Andreas Cornelius a manqué une énorme situation qu’il aurait pu – voire dû – exploiter pour propulser le Danemark devant. L’action culmine d’ailleurs à elle seule à 0,81 expected goal.

Face aux Tunisiens, Christian Eriksen lève les deux bras pour avertir ses coéquipiers de la combinaison, résultat : un joueur gêne le portier adverse, tandis que les buildings scandinaves se regroupent au point de penalty…

Finalement, les joueurs de tête ciblés, à savoir Christensen et Andersen, se déplacent au second poteau à la suite du long corner tiré par leur magicien…

Le Barcelonais remise ainsi d’où le ballon vient vers Andreas Cornelius au premier poteau. Une situation très délicate à gérer pour les défenses…

Mais l’attaquant de Copenhague manquera le ballon à quelques centimètres des buts. Le corner transformé par Andreas Skov Olsen face aux Bleus lors du dernier affrontement entre les deux équipes avait été le résultat d’une combinaison presque identique.

Lors du match face à l’équipe de France, Eriksen ne lève qu’un bras cette fois-ci, témoignant d’une nouvelle combinaison…

Le ballon est cette fois plus tendu et frappé au premier poteau. Les grands gabarits danois se déplacent alors en conséquence…

De cette manière, Thomas Delaney – forfait pour le reste de la compétition à la suite d’un problème au genou face à la Tunisie – coupe la trajectoire et tente de décroiser sa tête, mais Alphonse Areola est vigilant.

Avant l’ultime corner de leur premier match de cette Coupe du monde, Joachim Andersen croise les mains en direction de Christian Eriksen…

Ce dernier lui répond le même signe, preuve d’une énième combinaison…

Le ballon est cette fois frappé coup de pied, avec beaucoup de hauteur pour trouver un joueur danois loin du but au second poteau. Mais Cornelius ne parviendra pas à redresser le ballon.

Avec 11 joueurs de la liste déjà présents en 2018, 10 aujourd’hui à la suite du forfait de Delaney, et 39 sélections de moyenne – huitième équipe la plus expérimentée du tournoi – la Danish Dynamite dispose d’un groupe solide, uni et durable. Plus qu’un vécu commun forcément marquant, les Danois sont aujourd’hui l’un des symboles d’un football de sélection attractif pourtant rare dans une scène internationale où triomphe souvent l’équilibre et la qualité individuelle. Affronté en 1998 (2-1), en 2002 (0-2) et en 2018 (0-0), le Danemark prend souvent la forme d’un arbitre intransigeant dans le parcours de l’équipe de France en Coupe du monde. Espérons cette fois encore que la finalité se rapproche plus du sacre russe et francilien que de l’échec coréen.

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