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Tactique : Pedri, le prince sans case

Par Maxime Brigand
Tactique : Pedri, le prince sans case

Joueur le plus régulier du Barça cette saison à 18 ans, Pedri trimbale un paquet d'espoirs sur ses épaules. Peut-être avant tout car cet ado sait tout faire : marquer, passer, ouvrir des espaces, défendre... Au point d'être déjà indispensable et d'être une menace à surveiller pour le PSG.

C’était il y a un peu moins de trois semaines, à Elche. Ronald Koeman venait de remporter sa dix-huitième victoire toutes compétitions confondues en tant qu’entraîneur d’un Barça qu’il rêve depuis le premier jour de « remettre au sommet » et décidait de profiter de l’instant pour évoquer publiquement une découverte : « Il semblerait que l’on ait trouvé un milieu à trois très clair : Frenkie qui joue un peu plus haut, Busquets en pivot et Pedri qui joue à fond. Je ne vais pas dire que c’est définitif, car il y a toujours de la place pour le progrès, mais avec ce milieu, l’équipe a progressé. » Encore mieux : s’il a presque déjà déposé les armes dans la course à la Liga, le Barça ne perd plus en championnat depuis qu’il se balade en 4-3-3 avec son trio De Jong-Busquets-Pedri pour moteur.

Tout n’est pas rose pour autant, puisque les Catalans ont été battus en finale de la Supercoupe d’Espagne par l’Athletic et en demi-finales aller de la Coupe du Roi à Séville cette semaine, mais Koeman semble tenir une formule vivante et plus positive depuis qu’il a opté pour une formule plus mouvante dans son animation que son 4-2-3-1 initial. Une formule qu’il devrait présenter au PSG mardi prochain et qui lui permet de redonner du relief à Frenkie de Jong, enfin éclatant (six buts marqués depuis début décembre, plus d’implication sur les phases offensives au point d’être parfois l’élément le plus haut sur le terrain lorsque Messi décroche) depuis le match face à la Real mi-décembre, mais aussi à Sergio Busquets, souvent dépassé lorsque l’entraîneur batave alignait un double pivot en début de saison et qui a retrouvé ses pantoufles en sentinelle. Un schéma qui aide surtout à l’explosion du troisième homme du trio : Pedri, 18 ans et déjà le monde à ses pieds.

« C’est un cadeau »

Mais pourquoi aime-t-on Pedri ? Tout simplement car à une époque où les mecs de son âge se plaisent, majoritairement, à brosser leur ego, le numéro 16 du Barça a choisi de mettre le sien de côté pour faire briller ceux qui l’entourent. Les supporters du club catalan étant des enfants gâtés, les débuts de l’international espoirs espagnol ont rapidement ravivé de vieux souvenirs : ceux d’un ancien héros au teint pâle, discret, mais élégant, qui a construit sa carrière grâce à une maîtrise totale de l’espace et du temps. On parle bien sûr d’Andrés Iniesta, un autre ancien « trop frêle » et « trop petit » devenu prince de l’interprétation du jeu.

Comme Iniesta, Pedri, dont la personnalité balle au pied bluffe, a toujours été un joueur à part, ce qu’expliquait récemment Ruben Delgado, l’un de ses premiers entraîneurs, à The Athletic : « Enfant, il ne cherchait pas à faire un petit pont ou une feinte : il recherchait le bon choix, c’est-à-dire le plus simple. Il était différent, dans la façon dont il voyait le football, dont il comprenait le jeu, dont il trouvait des espaces que personne ne pouvait trouver… Comme Iniesta, il est à la recherche de la simplicité. Et ça, dans le football, ce n’est pas très courant. C’est un cadeau. » Un cadeau que Ronald Koeman a récupéré en arrivant et sur qui le Barça a mis la main dès l’automne 2019, alors que le petit format commençait à en mettre partout à Las Palmas, en Segunda Division. Dans un premier temps, Koeman pensait l’envoyer en prêt encore une saison (il l’était la saison dernière à Las Palmas). Puis, il lui a filé du sable lors de la démolition de Villarreal (4-0) en septembre, puis quelques autres ensuite. Résultat : Pedri a construit un château.

Dès ses premières secondes au Barça, Pedri, entré à la place de Coutinho en 10, a montré sa très bonne compréhension de l’espace, notamment sur une phase de jeu centrale : la sortie de balle. Ici, alors que De Jong vient former une défense à trois avec Lenglet et Piqué, et donc aspirer un milieu de Villarreal, Pedri vient compenser le décrochage du milieu hollandais…

Il devient alors une porte de sortie idéale pour Lenglet.

Et, 21 secondes plus tard, on le retrouve avec une position plus avancée : il devient un relais pour Messi et utilise l’appel de Dembélé pour décaler De Jong, qui lancera ensuite Alba. Ce mouvement va se conclure par une tête de Messi à côté.

Lors de sa première titularisation avec le Barça, à Getafe (1-0), on retrouve cette excellente gestion de l’espace : grâce à son décrochage, le Barça est en 3 contre 2 au milieu, et il peut être trouvé par Neto.

Même chose sur cette séquence où Pedri est touché par Lenglet derrière Arambarri et Maksimović.

Face au Betis, même situation où Pedri est trouvé par Lenglet dans le dos du milieu Carvalho-Rodríguez dans une situation de 3 contre 2.

Autre situation face à la Real : Messi est trouvé dans le dos du double pivot Busquets-De Jong et fait sortir Le Normand alors que Pedri va compenser ce déplacement…

Avec un peu de réussite, Messi réussit à trouver Griezmann. Le Barça est en 5 contre 4 face à la défense de la Real, Pedri lance Dest côté droit, et l’action va se finir par une tête de Messi à côté…

Autre preuve de la bonne lecture de jeu de Pedri : alors que Busquets sort au pressing, lui compense le déplacement de son aîné pour ne laisser aucun trou.

« Il est indéfinissable »

Les séquences précédentes montrent l’intelligence situationnelle de Pedri, qui a su s’établir dans le onze type catalan après la blessure de Coutinho en octobre et être le sourire d’un Barça souvent sur un fil. Un sourire devant lequel Jorge Valdano a rapidement succombé, l’Argentin jetant l’éponge, dans l’une de ses chroniques pour El Pais, après avoir tenté de définir un cadre à Pedri, qui se plaît à évoluer à deux ou trois postes dans une même rencontre (ce qu’a aussi très bien fait Phil Foden face à Liverpool dimanche dernier) : « Il est indéfinissable. Que ce soit pour sortir le ballon, pour créer ou pour finir, il joue avec les caractéristiques et la vitesse nécessaires. Peu importe qu’il reçoive le ballon face ou dos au but, il n’a besoin que d’une touche pour se retourner comme une toupie. Du début à la fin, il est infatigable. Lorsqu’il recherche des partenaires pour communiquer avec le ballon, il ne se soucie pas d’être à Las Palmas ou à Barcelone et ne fait aucune différence entre ceux qui voyagent en taxi et ceux qui voyagent en jet privé. Pour faire tout ça, il faut être footballeur de la tête aux pieds. » Et c’est bien ce qu’est avant tout Pedri : un joueur. Un joueur qui contrôle mieux le temps que les autres, qui interprète mieux les espaces, qui gère avec plus de personnalité les angles, les brèches à ouvrir et à fermer, les courses… Un joueur qui, en octobre, avait livré, à Turin, un condensé assez extraordinaire de son football.

À Turin, en 4-4-2 en phase défensive, le Barça devenait un 3-2-5 en phase offensive avec Alba côté gauche, Dembélé côté droit, et une triplette Pedri-Griezmann-Messi pour embrouiller la défense de la Juve.

De cette position, Pedri a alors pu développer sa relation avec son meilleur pote sur le terrain, Jordi Alba. Exemple avec ce une-deux.

Ou avec cette séquence où, trouvé par Alba, Pedri fait sortir Demiral et remet vers Messi en retrait, qui peut ensuite tourner le jeu vers Dembélé.

Un peu plus tard, autre mouvement : Pedri prouve ici sa capacité à résister sous pression et à attirer à la manière d’un Verratti deux éléments sur lui pour libérer un coéquipier (ici Alba), qui peut être trouvé à l’intérieur.

Enfin, Pedri a aussi pu être trouvé par Dembélé sur ce type de mouvements…

Et donc rapidement créer le décalage vers Alba.

Un Alba avec qui la communication est presque devenue télépathique au fil des semaines comme ici.

Mais face à la Juve, c’est aussi avant tout son apport défensif qui a marqué les esprits. Positionné dans le 4-4-2, il a eu la charge de menotter Cuadrado.

Et l’a très bien fait tout au long de la rencontre comme ici.

Ou là.

Il a aussi de nouveau été précieux dans les sorties de balle comme ici…

Et il a surtout fait preuve de personnalité comme ici où, alors qu’il pourrait décaler vers Alba, il va perforer à l’intérieur et sortir une roulette sur Rabiot avant de relancer proprement.

Ou là, où il aspire Cuadrado avec lui et fait signe à Alba pour contrôler sa course. Au bout, le latéral espagnol sera trouvé par Dembélé.

Si les chiffres ne peuvent tout dire, ils confirment ici pas mal de choses : Pedri, souvent loué par Lionel Messi et qui sait être un chef de pressing, est rentré de Turin avec trois petites passes manquées (sur 41 effectuées), cinq dribbles réussis, six interceptions, deux courses progressives… Son match a été un menu golden dévoré à la table des grands et a été confirmé par de grosses prestations depuis. En quelques mois, Pedri, tantôt meneur de jeu, tantôt ailier, et désormais fixé dans un rôle de relayeur au sein d’un milieu à trois, s’est affirmé en joueur total, qui marque (trois buts), offre (quatre passes décisives), mord (c’est le troisième plus gros tacleur de l’effectif derrière Mingueza et Busquets) et distribue, sa mission première étant avant tout de s’assurer que la machine est toujours en mouvement et que Messi est correctement alimenté.

Dans le 4-3-3, il est davantage responsabilisé pour faire respirer le Barça, notamment pour tourner le jeu vers le latéral (ici Dest, qui est un redoutable dévoreur d’espaces)…

… et est davantage à l’initiation de certains mouvements. Sa relation avec Alba reste centrale…

Pour lui ouvrir l’accès…

Et lui offrir une solution.

Ces réflexes étaient déjà visibles dans le 4-2-3-1, signe d’une grande intelligence sans ballon : ici, son appel attire Ferland Mendy et ouvre un espace de passe pour Dest.

Là, il occupe l’attention d’un défenseur (Emerson) pour permettre à De Jong de déclencher vers Alba dans l’espace.

Averti à Séville cette semaine, le milieu du Barça retrouve malgré tout globalement de la vie en 2021 et va vivre un gros test face au PSG. La gestion de Pedri, qui fait l’ascenseur entre les différentes zones du terrain et est un élément déstabilisant permanent, sera essentielle pour Mauricio Pochettino. Car laisser Pedri rire, comme le Real Valladolid s’est risqué à le faire fin décembre, c’est souvent laisser le Barça vivre.

Dans cet article :
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