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Tactique : les douleurs chroniques du PSG

Par Matthias Ribeiro
7 minutes
Tactique : les douleurs chroniques du PSG

Renversé cinq fois toutes compétitions confondues en 2023, le PSG de Christophe Galtier affiche de nombreuses lacunes. Avant de repasser le test du Vélodrome trois semaines après s’y être fait surclasser, retour sur les difficultés persistantes des Parisiens.

Nous y revoilà. La nouvelle année est arrivée et le lot de péripéties en tout genre, si caractéristique du PSG version QSI, aussi. Fragilisé dans les bureaux ou sur le terrain, le nouveau projet incarné par le tandem Campos-Galtier devrait jouer son avenir sur le match retour face au Bayern Munich, le 8 mars prochain. Néanmoins, avant le dîner de l’Allianz Arena, les Parisiens disposent d’un nouvel examen blanc (et ciel) ce dimanche, à Marseille, dans un stade où ils étaient complément passés à côté de leur sujet début février, en Coupe de France (1-2). Intensité, agressivité, capacité à acculer l’adversaire dans sa moitié de terrain… Au menu, tout ce qui semble, sur le papier, ne pas plaire aux joueurs de la capitale. Lens, Rennes, Marseille, Monaco, Munich… Tous les fossoyeurs du PSG en 2023 disposent de cette capacité à mettre de l’énergie et à courir vite, beaucoup, en plus d’un potentiel technique indispensable. Face à ce cocktail, les Rouge et Bleu plongent régulièrement et ne parviennent pas à répondre tactiquement et physiquement pour laisser d’abord passer l’orage, puis l’éteindre ensuite. La faute, entre autres, à Christophe Galtier qui tarde à inscrire un projet collectif cohérent et fiable sur la durée après l’idylle estivale, et à Luis Campos, auteur d’un mercato d’été raté et d’un mercato d’hiver insipide, qui abandonne le PSG à un effectif mal construit, inégal et restreint, n’offrant à son coach que trop peu de solutions quand certains éléments clés disparaissent. 

Le cahier de brouillon

3-4-3, 3-5-2, 4-4-2 losange, 4-4-2 à plat, 4-3-3… Depuis le début de saison, nombreux sont les systèmes ayant défilé au Parc des Princes. Fin février, il semble toujours impossible de déterminer avec certitude lequel est préconisé par Christophe Galtier. Si l’instabilité structurelle de Paris n’est pas l’unique facteur des manques actuels dans le jeu, elle démontre toutefois l’aspect bancal de cette équipe. Bien qu’il faille éteindre l’incendie très rapidement – encore plus au PSG -, changer de système régulièrement, ce qui n’est pourtant pas dans les habitudes de Galtier, peut s’avérer contre-productif au moment de bouleverser les repères d’individualités qui semblent déjà en avoir assez peu. Néanmoins dans l’animation, difficile, aussi, d’entrevoir certains principes et circuits collectifs clairs. Si Paris peut faire la différence face à toutes les équipes du monde grâce à ses stars – et notamment une -, il semble couler à l’heure de subir quelconque pression. Les exemples les plus explicites prennent vie dans les derniers matchs disputés face à l’OM et au Bayern, où, face au pressing adverse, le PSG a sombré et n’a pas pu démonter mécaniquement la chasse adverse grâce à certains circuits travaillés au préalable (comme l’a fait Toulouse ce week-end face à la meute d’Igor Tudor). Lacunes d’autant plus préjudiciables quand on sait que Paris n’a pas, non plus, la capacité d’allonger vers un joueur capable d’apprivoiser les ballons aériens devant.

Face au Bayern (0-1) le 14 février dernier : Paris tente de sortir court via Gigio Donnarumma et Sergio Ramos. Ce dernier subit alors rapidement la pression de Leroy Sané, mais parvient à l’éliminer balle au pied…

La première ligne de pression adverse est cassée, mais Ramos ne dispose d’aucune option quelques mètres plus haut, les espaces étant mal exploités. Hakimi ne se rend pas disponible à l’opposé, Verratti n’est pas encore en position et Messi n’attaque pas le dos de Neymar à la suite de son décrochage…

Résultat, le ballon retourne côté gauche, dans la densité, face à un pressing bavarois déjà en place pour enfermer le PSG. Pour le plus grand désarroi de l’Espagnol.

Le PSG ne souffre cependant pas uniquement du manque de rouages collectifs avec ballon inhérents à Galtier. L’effectif lui-même comporte certaines incompatibilités caractéristiques qui empêchent fatalement la bonne santé de l’équipe. Beaucoup de joueurs excellent balle au pied, trop peu sont capables d’efforts intenses sans ballon, et rares sont les joueurs à pouvoir courir dans le sens du but. Ainsi, lorsque Kylian Mbappé s’absente, le PSG subit une horde de décrochages tout en étant orphelin d’appels, ce que Galette avait parfaitement résumé, comme souvent, après la défaite au Roazhon Park (1-0) : « On a fait beaucoup de pousse-ballon ce soir. » Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, l’engrenage mental se met ensuite en route, impliquant crise de confiance chez les uns et manque de caractère chez les autres, ce qui a notamment été fatal à certains jeunes joueurs.

Contre-attaque face au Bayern, Marco Verratti élimine deux joueurs, mais ne dispose d’aucune solution devant lui et devient, de ce fait, le joueur le plus avancé de l’équipe. Le ballon ne peut donc pas avancer… Difficile d’inquiéter Yann Sommer dans ces conditions.

À Rennes (0-1) le 15 janvier : Leo Messi et Neymar décrochent au même moment. Le PSG dispose ainsi de 6 joueurs à hauteur ou derrière le ballon, alors que le bloc rennais composé de 8 pions n’a que 4 Parisiens à surveiller.

Lors du déplacement à Monaco (3-1) le 11 février : Bitshiabu trouve Vitinha entre les lignes qui peut se retourner. Le Portugais voit ensuite l’appel d’Ekitike qui réclame le ballon dans l’intervalle, mais le milieu mettra le pied sur le ballon, subira la pression de Mohamed Camara, et jouera en retrait.

Comme des princes

« J’ai été surpris de voir que Paris n’attaquait pas du tout le ballon. Je savais qu’ils étaient assez passifs au pressing, mais pas à ce point. » Les paroles de Julian Nagelsmann après le match de la semaine passée en disent long. Là aussi, qu’importe l’organisation du PSG, les problèmes sont récurrents. Et si tout est évidemment lié – Paris aurait moins à défendre s’il attaquait mieux -, certains maux chroniques transpirent de cette équipe. Le premier concerne évidemment l’activité des trois offensifs à la récupération, même si Neymar est bien plus mobile que ses collègues. Cette saison en Ligue 1, le meilleur club français est la quatrième meilleure défense, la septième équipe la plus active au pressing et… la dernière formation au nombre de tacles effectués et d’interceptions réalisées (592). Statistique à relativiser étant donné que le PSG est l’équipe qui détient le plus le cuir du championnat, mais qui n’empêche par exemple pas l’OL, troisième plus grande possession de l’Hexagone, de dominer ce classement (771). Paris peut certes combler ce déficit en défendant un peu plus bas, en témoigne la première période face aux Bavarois où Ramos, Marquinhos et Danilo ont retrouvé un registre qu’ils maîtrisent, mais ils continueront de payer le manque d’énergie combiné de certains pour restreindre l’adversaire dès que le ballon et le niveau technique monteront d’un cran.

Lors de la réception du LOSC (4-3) dimanche dernier : le PSG défend en 4-3-3. Benjamin André décroche, mais Neymar tarde à le suivre, laissant ainsi beaucoup de liberté au milieu des Dogues…

Il a ensuite tout le temps nécessaire pour tenter de lancer Jonathan David en profondeur. Situation bien gérée par Sergio Ramos qui coupera la transmission, mais qui amènera ensuite l’erreur de remise de Kimpembe face à Donnarumma.

Rebelote en seconde mi-temps. Fabián Ruiz ne sort pas avec assez de véhémence sur André Gomes, qui peut se retourner sans encombre au cœur du jeu…

Et profiter ensuite de sa liberté pour trouver Bamba dans la profondeur… Qui cette fois ira sanctionner le laxisme du PSG.

Dans la fin de match agitée face aux Nordistes, le bloc parisien n’a pas résisté au chaos et a offert des scissions étonnantes. Le gouffre rouge et bleu n’a toutefois pas profité aux visiteurs, coupables de plusieurs mauvais choix avant le game winner de Messi.

En l’état, le PSG semble être aussi capable d’être déstabilisé par n’importe quelle équipe de Ligue 1 que d’envoyer valser un Bayern Munich timoré le mois prochain. Alors que l’organisation et l’équilibre avec et sans ballon sont un trésor bien gardé que traquent sans cesse les derniers coachs parisiens, Galtier semble, lui aussi, à la croisée des chemins. À l’heure de subir de nouveau le tsunami phocéen qui déferlera cette fois pour tenter de recoller à deux points en Ligue 1, espérons cette fois que les Parisiens aient préparé certaines bouées de sauvetage.

Gianluigi Donnarumma est-il un grand gardien ?

Par Matthias Ribeiro

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