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Tactique : la vague de Thomas Tuchel

Par Maxime Brigand
Tactique : la vague de Thomas Tuchel

Viré du PSG à Noël, Thomas Tuchel a réussi trois mois plus tard le meilleur début de l'histoire d'un entraîneur de Chelsea. Mercredi soir, face à l'Atlético, l'Allemand a surtout vu sa nouvelle armée livrer une leçon de cocktail parfaitement maîtrisée : pressing sauvage, gestion du ballon et du temps, sorties de balle collectives.

Le soir d’une autre nuit européenne, dans le vestiaire du Parc des Princes, Thomas Tuchel avait ainsi excité ses hommes avant de défier l’Étoile rouge de Belgrade : « Les gars, vous aimez le ballon, et le meilleur moyen de le récupérer très vite, c’est de mordre. Si on n’impose pas de pressing haut et que l’on perd le ballon contre une équipe qui défend comme l’Étoile rouge, ça ne sera pas possible de jouer, car c’est une équipe très organisée, très bien organisée même. Parfois, le pressing haut est la seule possibilité de déstabiliser une équipe. » Résultat : le PSG s’était largement imposé (6-1) et n’avait laissé que des miettes à un adversaire rapidement transformé en brochette. Cet amour de la chasse, Tuchel l’avait également évoqué après la défaite assez sévère des Parisiens à Anfield, en septembre 2018, soit au tout début de son aventure française. Souvenirs : « Si tu ne fais pas de pressing haut, tu passes beaucoup de temps à défendre. Et lorsqu’on récupère le ballon très haut, tu peux profiter de la désorganisation de l’équipe adverse. Dans la seconde d’après, tu peux profiter de grands espaces, et cela permet d’avoir un jeu de transition, même lorsqu’on a 70% de possession. Pour ça, il faut avoir des attaquants prêts à faire un travail défensif et de pressing. C’est un travail collectif. »

Thomas Tuchel n’a jamais voulu presser et contre-presser pour le plaisir d’obtenir rapidement des cartouches offensives. Comme Pep Guardiola, l’Allemand a toujours fait de son travail sur l’organisation défensive une base, pour la bonne et simple raison qu’une équipe qui a mal défendu est avant tout une équipe qui s’est mal positionnée en phase offensive. Ainsi, on pense aussi défensif en jouant une phase offensive. Le contre-pressing, qui peut parfois prendre l’allure d’un « essaim d’abeilles, chaotique, mais dont la nature est contrôlée et hautement créative » comme le théorise Helmut Gross, penseur du gegenpressing qui a toujours aimé voir des équipes prendre « le jeu d’assaut », devient alors une arme de contrôle massif. Tuchel rêvait de l’installer sur la durée au PSG, mais s’est finalement heurté, à certains moments, à la nature de ses joueurs. Mercredi soir, au Bridge, face à l’Atlético, l’Allemand a vu son Chelsea, à qui il vient d’offrir le meilleur départ pour un entraîneur du club (treize matchs sans défaite – neuf victoires, quatre nuls, tout ça en jouant quand même Tottenham, l’Atlético, Manchester United, Liverpool, Leeds et Everton), livrer une leçon de cocktail parfaitement maîtrisée : pressing sauvage, gestion du ballon et du temps, sorties de balle collectives.

« Je suis sûr que personne ne veut nous affronter »

Sourire en coin, regard noir, cerveau allumé, voilà ce qu’en a alors dit l’ancien entraîneur parisien, très fier : « Désormais, je suis sûr que personne ne veut nous affronter. On a un grand défi à relever, parce que c’est déjà les quarts de finale, mais il ne faut pas avoir peur. Des résultats comme celui-ci vous donnent une certaine force pour réaliser de grandes choses. Le plus important, ce soir, c’est d’avoir le sentiment que nous méritons ce que l’on a. » Difficile de contredire Thomas Tuchel, tant les Blues ont matraqué l’Atlético (2-0) et ont rapidement su étouffer sous l’oreiller le suspense de ce huitième de finale retour de C1, que Ziyech, Kanté et Rüdiger, pour ne citer qu’eux, ont traversé en héros. Il y a donc d’abord eu un pressing très agressif, qui est la marque déposée de Thomas Tuchel depuis son arrivée en Angleterre. Ainsi, depuis fin janvier, aucune équipe de Premier League, si ce n’est le Leeds de Bielsa, n’affiche de meilleures statistiques avancées que les Blues dans ce secteur (7,74 au « PPDA » , qui est l’indice qui mesure le nombre de passes que l’adversaire est autorisé à faire dans son camp – mercredi soir, cet indice est descendu à 6,67) et cela paie, puisque Chelsea n’a encaissé que deux buts sur la période.


Exemple de ce pressing agressif : à la 8e minute, après une relance à la main d’Oblak vers Trippier, Chelsea saute à la gorge de l’Atlético, et Trippier va devoir balancer en catastrophe dans l’axe. N’Golo Kanté sera à la retombée.

Mercredi soir, l’Atlético n’a alors quasiment jamais pu sortir librement. Pour preuve : aucun membre de la ligne défensive des Colchoneros n’a dépassé les 81% de passes réussies, et Oblak a souvent été forcé de balancer sur un homme bleu. Autre preuve : Kanté et Kovačić, qui forment un double pivot assez royal, ont arraché de nombreux ballons dans le camp adverse (18 ballons récupérés à eux deux, 8 dans le camp de l’Atlético, et 17 interceptions) tout en affichant des chiffres de dribbles réussis colossaux (5 pour Kovačić, 4 pour Kanté, soit les deux meilleurs dribbleurs de la rencontre).

Ballet de sorties de balle

Étouffant dans le pressing, Chelsea a ensuite offert un ballet dans les sorties de balle, grâce notamment à une supériorité numérique – et technique – permanente (un 5 contre 4) que Diego Simeone n’a jamais réussi à régler et à une puissance d’aspiration de la pression adverse. Alors qu’il avait demandé à Carrasco, Suárez et Llorente de serrer le cerbère défensif des Blues (Azpilicueta, Zouma, Rüdiger) et à João Félix de s’occuper de Kanté ou Kovačić en fonction des situations, un membre du double pivot anglais était toujours disponible pour être soit une porte de sortie, soit un relais à l’intérieur du jeu pour un latéral (James a notamment trouvé Kanté 15 fois, leur relation a été la deuxième plus fréquente chez les Blues), soit un leurre pour toucher ensuite Havertz ou Ziyech qui décrochaient.


Le fameux 5v4 : ainsi, un joueur de Chelsea est toujours libre.


La preuve, avec Kovačić, ici.

Rapidement, l’Atlético a alors été submergé et aurait pu rentrer avec un bon paquet d’hématomes sur le visage si Chelsea avait été bien plus précis dans le dernier tiers (3 petits tirs cadrés seulement avant la 83e minute, plusieurs mauvais choix…). Malgré tout, difficile de mettre de côté l’excellent match des éléments offensifs de Tuchel, Hakim Ziyech en tête (1 but, 2 tirs cadrés, un énorme investissement défensif), qui ont été précieux aux quatre coins du gazon. Le premier but en est d’ailleurs un symbole parfait.


Alors que l’Atlético joue un coup franc offensif, Werner se place face au ballon…


… une fois la passe vers Trippier déclenchée, il déclenche sa course et s’en va contrer le centre du latéral anglais…


… le centre va alors être intercepté, et Werner va être lancé par Havertz…


Au bout, le voilà passeur décisif pour Ziyech.

À cela, il faut ajouter que Chelsea n’a quasiment jamais laissé le ballon à l’Atlético (44% du temps, mais seulement 36% en première période) et a donc rapidement su épuiser des Colchoneros qui ont tenté d’imposer un pressing haut lors des dix premières minutes avant d’abandonner, même si João Félix a eu quelques possibilités et si Carrasco aurait peut-être pu obtenir un penalty pour une faute d’Azpilicueta. Ce renoncement progressif a aussi été permis par le positionnement, très haut, d’Azpilicueta et d’un Rüdiger à la cave sous Lampard et qui a sorti mercredi soir un match XXL, au point de rendre fou Savić qui lui a enfoncé un coude dans le ventre. L’autre force du soir de Tuchel aura été d’empêcher, par cette approche, Luis Suárez, qui n’avait sûrement déjà pas besoin de ça, de s’exprimer (19 ballons, 9 passes tentées, aucun dribble réussi, 27% de duels remportés…). L’Allemand tient surtout une copie référence assez impressionnante et a fait renaître certaines séquences de son Dortmund rigolard face à un leader de Liga qui n’aura pas montré grand-chose en 180 minutes. Chelsea, qui n’avait plus vu le grand huit de la C1 depuis 2014, fait de nouveau peur. Tout le monde a désormais le même souhait. Et Tuchel ? « Retrouver le PSG ? Je ne suis pas sûr, a-t-il glissé au micro de RMC Sport. Ils sont très, très forts, je les connais bien. »

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