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Tactique : comment Aston Villa a fait exploser Liverpool

Par Maxime Brigand
Tactique : comment Aston Villa a fait exploser Liverpool

Battu pour la première fois de la saison par Villa ce week-end, Liverpool a glissé sur des failles vues depuis quelque temps. Autopsie d'une humiliation.

Il y a des dimanches, comme ça, pour faire exploser en mille morceaux toutes les boîtes soigneusement rangées au fond de nos cervelles, des journées de début octobre où Manchester United peut se faire massacrer à Old Trafford par son ancien coach et où le champion en titre, Liverpool, se fait déraciner dans le salon d’un Aston Villa qui réussit un début de saison au plus-que-parfait. Ce matin, les Villans affichent la meilleure défense de Premier League (2 buts encaissés), l’une des meilleures attaques (11 buts marqués), mais ont surtout réussi l’exploit de faire péter de partout des Reds qui ont « fait toutes les erreurs que vous ne devez pas faire dans un match de football » (Jürgen Klopp) et confirmé une tendance vue depuis la fin du confinement : Liverpool n’est pas un monstre imperméable et a encaissé vingt-trois buts lors de ses treize dernières balades en championnat.

Si Klopp a vu récemment ses hommes tomber à trois reprises – ce qui fait d’eux des types finalement domptables –, la période a surtout livré quelques ingrédients sur le comment faire glisser la bête. Cette défaite à Villa Park, historique puisque Liverpool n’avait plus encaissé sept pions lors d’un match de championnat depuis avril 1963, en rassemble la majorité. Faut-il pour autant s’inquiéter ? Est-ce un simple one shot ? « J’aimerais le penser, a soufflé Jürgen Klopp dimanche soir. Mais on le saura dans les prochaines semaines ou les prochains mois. On ne devrait pas revoir un tel match, j’en suis sûr à 100%. Le seul problème, c’est que l’on ne peut pas apporter de réponse demain. Ces garçons sont capables d’autocritiques et savent que chacun a sa part de responsabilité dans ce résultat. » Le résultat : un 7-2 et une première défaite cette saison pour des Reds qui avaient attendu la vingt-septième journée lors du dernier exercice avant de piquer du nez. Et voici les composantes.

Appuyer sur Adrian, fermer la porte à Fabinho

Première cible post-débâcle : Adrian, titularisé à la place d’Alisson et notamment coupable sur l’ouverture du score d’Ollie Watkins après quatre petites minutes de jeu.

Servi en retrait par Robertson, Adrian a deux solutions : jouer à sa gauche avec Van Dijk, pressé par Barkley, ou écarter vers Gómez. Il va choisir la deuxième solution.

Sur cette séquence, Aston Villa pose sur la table deux armes anti-Liverpool : presser le gardien (Alisson a été ciblé à quelques reprises par le passé, et Adrian n’est pas au top de sa confiance) et forcer les Reds à jouer vers Joe Gomez, ce qui ferme la porte à tout lancement de Virgil van Dijk et ouvre l’accès au central le plus faible du onze de Klopp. Évidemment, ici, le principal coupable reste Adrian et sa passe foireuse.

Après avoir intercepté la relance d’Adrian, Grealish n’a plus qu’à glisser la cuillère dans le bec de Watkins : Van Dik est trop loin, et Keita ne peut pas revenir.

Rapidement aux manettes, Aston Villa, qui avait décidé de choper Liverpool à la gorge, a ensuite pu appliquer la deuxième partie de son plan et changer la forme de son pressing. L’approche défensive des Villans a alors été assez simple : un 4-4-2, avec Barkley et Watkins aux avant-postes, où l’un des deux éléments était chargé de presser le central en possession du ballon, là où l’autre devait couper l’accès à Fabinho. Sur les côtés, Trezeguet et Grealish devaient ensuite gérer autant que possible les montées de Robertson et Alexander-Arnold.

Alors que Van Dijk s’apprête à déclencher, Barkley va le presser alors que Watkins se charge de Fabinho.

Ici, Barkley vient se glisser dans le dos de Fabinho, laissant le risque de voir Van Dijk jouer long.

Là, Barkley et Watkins s’associent pour fermer la porte à Fabinho.

Autre exemple d’organisation défensive côté Villa.

Une fois la première ligne de pression de Villa effacée, Liverpool s’est retrouvé face à une approche très individualisée : Barkley sur Fabinho, Grealish sur Alexander-Arnold, McGinn sur Keïta, Targett sur Salah et Mings sur Firmino.

Plan défensif assez simple : deux lignes de quatre pour enfermer le trio offensif des Reds et acceptation de la prise de largeur des latéraux.

Les failles de Gómez, le flair de Grealish

Le plan défensif de Villa s’est parfois fissuré, notamment côté gauche, et Liverpool a eu des occasions : Martinez a d’abord fait un copier-coller de l’erreur d’Adrian (19e), que les Reds ont mal négocié, puis l’Argentin s’est montré impeccable devant Firmino (21e), Jota (28e) et Robertson (45e+1). Globalement, il a quand même tenu, et une fois le ballon récupéré, Villa n’avait qu’un objectif : jouer dans le dos des latéraux de Liverpool (Martinez a souvent relancé long vers ces zones), si possible côté gauche, histoire d’éviter la couverture de Van Dijk et de creuser les failles de Gómez.

Ici, mauvaise couverture de Gómez : Watkins est servi en profondeur par Grealish entre Gómez et Alexander-Arnold.

Au bout, Gómez ne réduit à aucun moment le champ d’action de Watkins : 2-0.

Après avoir poussé Adrian à la faute et appuyé sur Gómez, Aston Villa a ensuite fait craquer Liverpool sur coup de pied arrêté. Là encore, la défense des Reds a été incroyablement naïve.

Alors que Barkley arme, Trezeguet est seul au deuxième poteau…

… sur sa remise, trois joueurs de Villa sont en position de marquer. Watkins va s’offrir un triplé.

Simple : Jürgen Klopp n’avait jamais été battu de la sorte et on ne peut pas reprocher au technicien allemand de n’avoir rien essayé. Naby Keïta a été remplacé à la pause par Minamino ; Firmino, fantomatique, a été sorti à vingt minutes de la fin ; Fabinho a été replacé dans l’axe en seconde période pour filer de la solidité aux Reds et retrouver la force défensive vue lors du déplacement à Chelsea. Conséquences ? Aucune : Liverpool a plongé encore davantage et n’a pas su réagir.

Alors qu’il n’est pas attaqué, Gómez cherche Wijnaldum : Watkins vient couper la passe, et derrière, c’est le bordel.

Dix secondes plus tard, après plusieurs échanges avec Grealish, Barkley, laissé libre par TAA et Gómez, arme et inscrit le cinquième but.

Enfin, sur le septième but : McGinn, tranquille pour armer, trouve parfaitement Grealish en profondeur et laisse TAA hors de portée.

Laxiste dans son pressing, gêné par un McGinn en feu (huit ballons récupérés, dix interceptions, 85% de duels offensifs remportés), un Grealish solaire (deux buts, trois passes décisives, cinq occasions créées, trois passes-clés, six ballons récupérés, plusieurs dribbles passés…) et un Watkins qui a dévoré Gómez dans les airs, Liverpool a sombré en grand et confirmé certaines failles défensives visibles depuis quelque temps. Avec un peu plus de réalisme, Villa, qui est la cinquième équipe de Premier League qui se crée le plus d’occasions depuis le début de saison et la deuxième qui entre le plus dans les surfaces adverses (23 fois/match en moyenne), aurait même pu inscrire davantage de buts :

Ici, Grealish trouve Barkley entre Gómez et Robertson, mais va voir sa frappe être sauvée par Adrian.

Là, mêmes acteurs : Grealish glisse un superbe ballon entre Gómez et Van Dijk. Adrian sera de nouveau à la parade.

Ce revers historique est probablement un accident, mais aussi un rappel à l’ordre : Aston Villa, qui n’a eu que 30% de possession, mais a davantage frappé au but (18 fois contre 14), a été grand, et Liverpool, sans Sadio Mané et Alisson, a été incroyablement éparpillé. Les Villans ont surtout rendu ces Reds humains et livré un plan à la concurrence sur le comment embrouiller Liverpool. Reste à en connaître les conséquences.

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