ACTU MERCATO
Szczesny, le banc de la patience
Après deux ans passés à garder sérieusement les buts de la Roma, Wojciech Szczesny a choisi de rejoindre le rival turinois de Gianluigi Buffon. Dans l’idée de patienter sur le banc jusqu'à la retraite de l’Italien.
Lorsqu’on est supporter de la Roma, on commence à connaître la scène. Mais on ne s’y habitue jamais. À chaque fois qu’un des membres signe chez l’ennemi, les esprits se chauffent, les nerfs se tendent, les yeux se mouillent, les cœurs se brisent et les paroles s’envolent. Cet été, c’est Wojciech Szczęsny qui a pris la route de la Juventus. Sans dire vraiment adieu à la Louve, préférant même rendre hommage à Arsenal, son club formateur à qui il appartenait toujours ( « Je me souviens de moi jeune qui regardais David Seaman, Thierry Henry, Dennis Bergkamp et d’autres grands joueurs d’Arsenal. Jamais dans mes rêves les plus fous je n’aurais pensé pouvoir jouer pour ce club que je supporte depuis tout petit… Une fois Gunner, on est Gunner toute sa vie ! » ). C’est d’autant plus frustrant pour les Romains que leur gardien titulaire depuis deux saisons (72 matchs de Serie A) quitte la capitale pour cirer le banc de la Vieille Dame. Un retour en arrière pour le Polonais. En apparence, en tout cas.
Qui Allianz Stadium: inizia la conferenza stampa di @13Szczęsny13 👍 pic.twitter.com/lhUeErT0vN
— JuventusFC (@juventusfc) 19 juillet 2017
Avec la présence dans les buts turinois de l’inamovible capitaine Gianluigi Buffon, Szczęsny n’a en effet que peu de chances, en 2017-2018, de représenter un cadre de la défense du champion en titre. Or, le portier a déjà connu cette situation avec les Gunners(Arsène Wenger ne lui a fait entièrement confiance qu’en 2013-2014 et en 2011-2012) et ne l’a pas supportée à moyen terme. Prêté en Italie depuis 2015, Wojciech était plutôt clair dans son choix : il voulait se débarrasser du costume de remplaçant et jouer. Être considéré comme le numéro un, quoi. Et voilà que lorsqu’il l’est devenu loin de sa maison anglaise, l’international décide d’aller se cacher derrière une légende italienne pas encore prête à rendre le tablier. Certes, celui qui a été acheté 12,1 millions d’euros par les Bianconeri gagnera bien sa vie (3,1 millions d’euros annuels jusqu’en 2021) et disposera désormais de bien plus de probabilités de gagner des titres, qu’ils soient continentaux ou nationaux (il n’a rien gagné avec la Roma). Nul doute également que l’homme de 27 ans se sent bien en Italie et considère son jeu plus adapté à la Serie A, lui qui a toujours montré des difficultés dans les sorties aériennes malgré son mètre 96. Mais tout cela n’explique pas tout.
Un risque à prendre
En réalité, il ne faut pas chercher bien loin pour tenter d’expliquer la décision du dernier rempart. Si Szczęsny a opté pour la Juve, c’est tout simplement parce qu’il a l’espoir (légitime) de succéder au grand Buffon. Avec 38 printemps au compteur, l’éternel Italien n’a pas caché, en décembre dernier, qu’il prendrait « très probablement » sa retraite après la Coupe du monde 2018. Dès lors, il faudra un remplaçant costaud pour reprendre le flambeau. L’ex-Romain en sera-t-il capable ? Impossible de savoir si les dirigeants lui ont promis quelque chose. Mais l’ancien de Brentford aura au moins eu le temps de s’adapter à l’environnement de son nouveau club. Et de se montrer. Car s’il représente toujours une valeur sûre, Gigi doit désormais écouter ses jambes pour qu’elles ne le laissent pas tomber lors des événements cruciaux de fin de saison. C’est ainsi que Neto, doublure de Buffon durant la saison écoulée, a disputé quatorze rencontres (huit en championnat, cinq en coupe, un en Ligue des champions). Ce qui est énorme pour un gardien remplaçant.
Szczęsny n’a donc pas attendu pour débuter sa mission séduction, sous-entendant avec humour que la Juve évoluait un cran au-dessus de la Roma. « Je suis un joueur de la Juventus, je n’ai pas de point faible, a-t-il souri en conférence de presse. À partir d’aujourd’hui, je n’ai plus de point faible. » Buffon ? « C’est un gars très sympa. Je suis heureux de travailler avec lui, il sera une personne très importante pour moi.(…)Je suis très chanceux. Je ne ressens pas de pression de passer derrière lui, je peux jouer à un niveau élevé. » Ses ambitions ? « C’est un pas en avant dans ma carrière, j’ai 27 ans et je veux gagner.(…)La Juve mérite la Ligue des champions. » Pendant ce temps-là, à Rome, on veut oublier le « Szczęsny Show » .
Par Florian Cadu