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  • Interview Médias

Sylvère : « La trajectoire en cloche, grandiose! »

Propos recueillis par Mathias Edwards
Sylvère : « La trajectoire en cloche, grandiose! »

Produit des radios libres, importateur de Mickey Mouse en France, ambianceur de championnats du monde d'athlétisme, lève-tôt pour Canal+ et Apoula Edel inversé, Sylvère-Henry Cissé joue les prolongations sur le Mouv' depuis le début de la saison. Et n'a toujours pas sa page Wikipédia.

Sylvère-Henry Cissé, vous avez vraiment 50 ans ?

(Il éclate de rire) Oui, je suis bien né en 1961, cela étonne tout le monde.

Vous n’avez pas de page Wikipédia, vous comptez y remédier ?

C’est vrai que c’est un sport national de googliser. On trouve plusieurs articles sur moi, quelques infos. J’y penserai peut-être un de ces jours.

Justement, vous pouvez nous résumer votre parcours ?

J’ai commencé avec les radios libres. Après la fac, je me suis lancé à corps perdu là-dedans. J’ai eu un premier contact avec la radio professionnelle en 1984, dans une radio qui s’appellait Radio Temps Libre qui appartenait au groupe RSCG de Jacques Séguéla qui était passionné par la radio. L’expérience a été de courte durée parce qu’ils ont viré tous les animateurs pour créer une radio automatique qui s’est appelée Hit FM, avant de devenir Europe 2. Ce fut un mal pour un bien parce qu’après cela, dans un restaurant, alors que j’expliquais à un ami que je n’y arriverais pas, que j’en avais marre de galérer dans ce métier, quelqu’un m’a tapé sur l’épaule. Il m’a dit qu’il avait entendu notre conversation, qu’il était en train de lancer un réseau dissident de NRJ et que je n’avais qu’à le rejoindre. Voilà comment je me suis retrouvé à Montpellier avec les créateurs de Fun Radio. Je suis passé directeur des programmes de Fun, puis présentateur/reporter sur des antennes locales de Radio France, puis France Inter et RFI. C’est en 1993 que tout bascule, avec mon passage à la télévision pour travailler au lancement de Disney Channel en France. C’est là que j’ai commencé à travailler sur la « matière sport », notamment en présentant le journal de la Coupe du monde en 1998 et en 2002 et en produisant des magazines destinés aux jeunes. Notamment une émission qui s’appelait « On est les champions » qui faisait se rencontrer des jeunes sportifs et des grands joueurs de football comme Sylvestre, Makélélé, Thuram ou Henry. Ensuite j’ai participé à un magazine médical avec Michel Cymes, aux « Maternelles » avec Karine Lemarchand, j’ai fait du divertissement avec Nagui et de l’info avec Rachid Arhab. Je suis arrivé à Canal+ en 2006 pour travailler à « Jour de sport » avec Lionel Rosso. En 2007, j’ai fait un remplacement dans la Matinale et c’est là que Alain Contrepas (alors rédacteur en chef de « la Matinale », ndlr) et Rodolphe Belmer (Directeur Général adjoint de Canal+, ndlr) m’ont repéré. Parallèlement, je suis architecte musical lors de compétitions d’athlétisme depuis les championnats du monde de 2003. Je fais en sorte que les spectateurs se sentent comme au cinéma, en illustrant les épreuves avec de la musique classique et des bandes originales de films. Depuis, d’autres fédérations m’ont contacté pour que j’habille musicalement leurs compétitions, les gens en ont marre des traditionnels DJ’s techno.

A quel type de public vous adressez-vous dans « la Matinale » de Canal+ ?

C’est vraiment un exercice très compliqué parce que ce n’est pas une émission de sport. Le gros avantage des différentes émissions de sport de Canal, c’est qu’elles ont un public fidèle et connaisseur. Moi, mon public, c’est aussi bien les gens qui regardent les émissions de sport que les gens qui détestent ça. C’est extrêmement large.

Comment vous y prenez-vous pour vous adresser en même temps aux profanes et aux férus de sport?

Il y a des gens qui sont profanes sans avoir d’opposition au sport, et il y a ceux qui ont une véritable aversion, qui pensent que les sportifs sont trop payés, pas très intelligents… C’est très compliqué de s’adresser à eux.

Votre chronique, c’est un peu « le sport pour les nuls » ?

Non, parce qu’il ne faut que je fasse fuir ceux qui connaissent et aiment le sport. C’est là que c’est très compliqué. Je me repose sur des histoires humaines pour intéresser tout le monde. Je suis vraiment sur la corde raide, mais j’ai souvent des retours positifs de la part de gens qui n’aiment pas le sport. Par exemple, hier dans un restaurant, j’ai rencontré la directrice de la communication de Flammarion qui m’a dit qu’elle n’y connaissait strictement rien au sport, mais qu’à force de me regarder, elle commençait à aimer ça. Pour moi, c’est le plus beau des compliments.

Vous vous devez d’être pédagogue pour arriver à ce résultat ?

Il faut que j’explique, oui. Et il y a des mots que je m’interdis. Si je dis « lock-out » en parlant des problèmes actuels en NBA, les gens qui n’y connaissent rien ne vont pas comprendre. C’est comme « MVP », je dis « meilleur joueur ». Il faut que je raconte à chaque fois une histoire, que je re-situe en quelques mots le cadre du système d’un joueur de football, de rugby ou de basket pour que le plus grand nombre comprenne. Et j’adore faire ça !

Vous traitez tous les sports, ou vous en laissez certains de côté sachant qu’ils n’intéresseront pas grand monde ?

Non, je ne m’interdis aucun sport même si je respecte une certaine hiérarchie. Je ne vais pas parler des sports d’hiver sans qu’ils aient une actualité forte, par exemple. Un sport comme le curling, je n’en parle que pendant les Jeux Olympiques. Le seul sport que je m’interdis, c’est l’ultimate fighting. Rentrer sur une scène pour dézinguer quelqu’un à la limite de le tuer, pour moi ce n’est pas du sport.

Depuis la rentrée, vous animez « Cissé Sport », un magazine sportif et culturel hebdomadaire d’une heure et demie sur le Mouv’. Cela doit vous changer de la Matinale…

Non, c’est le même public. C’est sport et culture, si on veut, mais c’est un petit peu la même chose que ce que je fais sur Canal+ le matin. C’est-à-dire expliquer l’univers du sport. A la radio, l’idée c’est de dévoiler l’envers du décor. Par exemple, quand j’ai expliqué l’arrivée de Tony Parker (à l’ASVEL, ndlr), j’ai donné quelques éléments pour comprendre en quoi cela pouvait être pertinent pour le basket français s’il veut retrouver la place de sport numéro deux qui était la sienne dans les années 80. Tout comme la semaine dernière, j’ai expliqué sur Canal que l’arrivée de David Beckham au PSG permettrait de mettre un gros coup de projecteur international sur le club, et j’ai invité sur le Mouv’ un spécialiste en marketing pour l’expliquer. On est dans le même schéma.

Quel est votre sport favori ?

Je pratique un peu de vélo en forêt pour m’entretenir, et je regarde tous les sports qui me racontent une histoire. J’aime le spectacle, la rivalité, la concurrence, quand il y a de la grâce et de la beauté. Ce que j’aime tout particulièrement, c’est un centre de quarante mètres suivi d’un amorti de la poitrine. Techniquement, je trouve cela exceptionnel, beau. Sur le plan de l’architecture, la trajectoire en cloche de cette balle qui atterrit sur la poitrine d’un joueur, c’est quelque chose de grandiose.

Donc vous ne regardez pas beaucoup la Ligue 1…

Si, parce qu’il y a des passes de quarante mètres et des amortis (Rires) ! Plus sérieusement, je ne dis pas cela parce que je travaille pour Canal+, mais je trouve qu’on dénigre trop la Ligue 1. Il y a de très belles choses en Ligue 1 ! Dans le championnat espagnol il y a quatre équipes. En Italie il y en a cinq ou six. L’Angleterre est un peu à part même si je ne sais pas qui regarderait un match de bas de classement. L’Allemagne pareil…

Vous êtes supporter de quelle équipe ?

Je ne peux pas le dire trop fort à l’antenne, mais c’est vrai que depuis 1988, je vais au Parc des Princes donc le PSG est cher à mon cœur. J’allais au Parc quand il y avait encore de la place, avec François-Henri de Virieu (ancien présentateur de l’Heure de vérité décédé en 1997, ndlr) qui mangeait son sandwich à côté de moi. Maintenant le Parc des Prince c’est « the place to be » pour être vu, donc c’est de plus en plus compliqué de trouver des places.

Quel est votre référence dans le journalisme sportif ?

Roger Couderc (commentateur de rugby décédé en 1984, ndlr) m’a fait décoller quand j’étais enfant puis ado. La manière dont il racontait un match était exceptionnelle.

En Ligue 1, quel joueur vous fait rêver ?

Pastore. Sa conduite de balle, son toucher… Ce que je trouve extraordinaire chez ce joueur, c’est qu’il est capable de se faire oublier. On ne le voit plus, et d’un coup, paf il explose ! Son élégance, sa manière de porter le jeu vers l’avant, son altruisme… On a l’impression qu’il est statique, qu’il ne va rien faire, et il peut délivrer une passe extraordinaire, tirer ou accélérer, wow ! C’est bluffant, c’est vraiment bluffant ! Tous les gens qui étaient au Parc dimanche ont constaté qu’il se passe quelque chose en ce moment avec le PSG (victoire 2-0 face à Lyon, ndlr). J’ai eu des frissons comme je n’en avais pas eus depuis très très longtemps au Parc des Princes.

A voir : « La Matinale », du lundi au vendredi de 06H57 à 08H30 en clair et en direct sur CANAL+.

A écouter : « Cissé Sport », Le Mouv’, 18h00-19h30 tous les vendredi.

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