Vous accueillez Monaco ce samedi avec le maintien déjà assuré. Quels sont les objectifs contre l’ASM, fêter le maintien devant le public tout en ne biaisant pas le championnat ?
C’est la conjonction de plusieurs paramètres dont les deux que vous venez de citer. C’est important pour le groupe, le club et le public de terminer sur une bonne note, c’est primordial. On a eu une saison difficile, il faut profiter de ce match de gala contre Monaco, quart-de-finaliste de la Ligue des champions, pour finir en apothéose. Pour ce faire, il faut un gros match, l’emporter. Et puis il y a l’enjeu financier, si on peut gagner quelques places, c’est bien pour Lorient. Et enfin, il faut respecter l’équité du championnat, c’est évident.
La saison a été difficile pour le club, notamment car il a fallu assurer la transition post-Gourcuff, mais aussi digérer quelques gros départs, Ecuele Manga, Aboubakar, Aliadière. Selon vous, quelles sont les principales raisons des résultats en dents de scie du club ?
Vous en oubliez : Monnet-Paquet, Bourillon, Baca et Fabien Audard qu’on a décidé de mettre en troisième gardien. C’était une saison de transition avec le départ de Christian Gourcuff – un événement majeur pour le club – qui a été couplée avec des départs de joueurs cadres, cela laisse des traces. La saison a été stressante aussi, car depuis octobre, on a toujours été dans une position fragile au classement. Quand on passe une saison dans ces eaux-là, c’est difficile.
Vous avez été nommé pour préserver la philosophie de jeu mise en place par Christian Gourcuff. Dans le jeu, vous n’avez pas forcément démérité, mais les résultats, plusieurs séries négatives notamment, ont miné l’équipe. La différence se situait où ? Sur le plan mental ?
Fin août, on a subi tous ces départs importants, il fallait retrouver des automatismes et on a vécu les mois de septembre et octobre comme une traversée du désert en ne prenant quasiment aucun point, ce qui nous a mis dans la difficulté. Forcément, avec une confiance entamée, et c’est dans ces cycles-là qu’on manque de réussite. On m’a signalé qu’on était dans les équipes du championnat ayant touché le plus de fois les montants. On avait des occasions qu’on ne transformait pas et l’adversaire marquait à sa première. La différence entre une bonne série et une mauvaise, elle réside dans l’efficacité.
Tous les salariés, même le public, qui a senti que c’était une année compliquée, sont restés en ordre de marche derrière l’équipe.
Avoir été joueur, puis l’adjoint de Christian Gourcuff si longtemps à Lorient, cela faisait de vous le successeur idéal, mais en même temps, cela doit être un gros bouleversement d’arriver à la tête de l’équipe pro ?
Ce sont des rôles différents, avec des responsabilités différentes. Je découvrais ce poste de numéro 1, mais j’y étais un peu préparé. Le fait d’être au club depuis longtemps m’a aidé, car le club a eu le mérite de rester uni dans la difficulté, ce qui n’est pas toujours le cas. Tous les salariés, même le public, qui a senti que c’était une année compliquée, sont restés en ordre de marche derrière l’équipe. Les années que j’ai passées ici m’ont sûrement aidé dans ce sens-là, je connais bien le club et c’est donc plus facile.
Mais vos relations dans le club ont dû radicalement changer entre la posture d’adjoint pouvant rester proche des joueurs et celle de l’entraîneur amené à prendre des décisions difficiles ?
Ce n’est absolument pas pareil. Avec les recrues, le problème se posait moins, car ils ne m’avaient pas connu en tant qu’adjoint, et avec les anciens, le mérite leur en revient : eux, sans besoin d’ajustement, ont su trouver le bon niveau relationnel sans que j’ai quoi que ce soit à dire.
La victoire à Marseille fin avril, dans un match assez irrationnel, cela a été le tournant ?
Pour moi, des tournants, il y en a eu beaucoup, celui-là, c’est le plus marquant et le plus frais dans les esprits. Il nous a fait énormément de bien, car après Toulouse, on tombait dans les trois derniers, et mentalement, il ne fallait pas y rester longtemps. Après Toulouse, on a lâché le frein à main et on est partis à Marseille avec beaucoup d’envie. Une victoire à Marseille avec 5 buts, un tel scénario… Cela a donné beaucoup de force à l’équipe dans un moment très important à cinq matchs de la fin.
À vous entendre, c’est la défaite contre Toulouse le tournant…
Je ne peux pas l’affirmer, mais la liaison entre ces deux matchs-là, elle est impressionnante. Contre Toulouse, on donne l’impression de jouer avec le frein à main, alors que contre l’OM, on est une équipe libérée. On connaît l’importance de la confiance dans le football, je pense que c’est la période qui a été charnière.
On peut aussi parler de l’arrivée de Franck Haise après la défaite à domicile contre Toulouse. Cela avait pas mal surpris, mais en fait, c’était une manière de générer un petit choc psychologique en apportant quelqu’un avec du recul sur la situation ?
Plutôt que d’avoir une solution extérieure dont je n’étais pas convaincu, du moins à ce moment-là, j’ai souhaité que Franck monte avec le staff pour avoir un œil nouveau, car lui n’avait pas vécu la période difficile. J’avais aussi senti depuis plusieurs mois qu’il y avait une complémentarité technique entre nous, qu’il pouvait apporter un plus au staff en place. Les raisons du rebond sont multiples, ce n’est pas une seule chose qui permet de rebondir. Mais ça, plus ça, plus ça… Même un petit plus, il fallait le prendre.
Contre Marseille, vous avez aussi mis de côté le 4-4-2 traditionnel. Un autre déclic ?
C’est une troisième explication de l’actuelle bonne série en plus du regard nouveau et du regain mental. On a changé d’organisation, même si cela n’a pas tout révolutionné, et ce système convenait plus aux joueurs à cet instant T, ils y étaient plus à l’aise par rapport à leurs caractéristiques. Après, il ne faut pas croire que cela a changé nos principes de jeu, pas du tout. Oui, on a un attaquant de moins, et on s’organise différemment pour attaquer, mais on a les mêmes principes.
Je considère que quand on défend bien et on est solide, on attaque mieux.
Depuis Marseille, vous n’avez plus perdu et encaissé un seul but en championnat. Le but du remaniement était d’être plus solide ?
Oui, car je considère que, quand on défend bien et qu’on est solides, on attaque mieux. La qualité des offensives dépend de la qualité des récupérations, ce qui s’est vu sur ces derniers matchs, cela a été important.
Dans un sprint final pour le maintien, on a l’impression que ce n’est pas la plus belle équipe qui va se sauver, mais celle qui sait se préparer mentalement…
Le mental est indispensable, sans ça on n’arrive à rien. Mais il faut tout le reste autour aussi : le plan de jeu, les automatismes et la coordination. Le courage, c’est important, mais les principes de jeu tout autant, c’est aussi ça qui peut rassurer.
En zone mixte après le nul à Nantes, Benjamin Lecomte a dit que dans le vestiaire, « on était à deux doigts de pleurer » , il y a eu une grosse peur du vide…
Il y avait de l’inquiétude et du doute, car on s’était mis dans une situation compliquée, mais le club est resté uni et cela a été important. Si on s’était fissuré de l’intérieur, cela aurait laissé des traces. Cette unité concerne tout le monde, y compris l’encadrement technique et l’encadrement non technique. Le public a été déçu par certains de nos matchs au Moustoir, mais on n’a jamais senti d’animosité, de climat susceptible de faire perdre les pédales aux joueurs. C’est quelque chose qui nous a beaucoup aidé.
Vous avez indiqué sur RMC être dans la logique de rester à la tête de Lorient la saison prochaine. Vous confirmez ?
Je n’ai pas changé d’avis, je confirme ! Je suis dans une logique de continuité, même si je dois rencontrer le président pour faire un bilan de fin de saison, parler de ce qui a fonctionné et de ce qui n’a pas fonctionné.
Qu’est-ce que vous allez changer pour vivre une saison plus sereine ?
On repartira avec une base de vécu plus importante. La plupart des joueurs qui nous ont rejoints ont découvert la Ligue 1 cette année. La saison prochaine, ils vont l’aborder avec 30 matchs de Ligue 1 en plus. En termes d’expérience, cela compte, et de plus, on a la volonté de renforcer l’équipe. En plus, on a eu de la malchance avec des cadres parfois blessés, j’espère qu’on sera plus tranquille de ce côté-là.
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