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Swansea deviendrait-il le nouveau Newcaslte ?
Après André Ayew, Swansea a officialisé hier l'arrivée de Franck Tabanou. Assez pour voir les Swans comme le nouvel Eldorado des joueurs de Ligue 1 ? Pas si sûr.
Ça y est. Comme chaque année, la saison a tiré son rideau et le mercato reprend ses droits. Et comme chaque année, l’Angleterre reste une destination privilégiée pour les joueurs évoluant en Ligue 1. Si Arsenal a, depuis l’arrivée de Wenger, nourri une exception culturelle avec les joueurs français ou francophones, d’autres clubs de Premier League se partagent tour à tour le rôle de l’ambassadeur bleu blanc rouge dans la perfide Albion. Le Liverpool de Gérard Houllier comptait ainsi sept Français dans son effectif lors de la saison 2002-2003, sans compter El-Hadji Diouf, Smicer, Riise ou Salif Diao, tous révélés dans le championnat de France. Plus récemment, c’est Newcastle qui a repris le flambeau, sous la houlette d’Alan Pardew, qui avait fortement orienté ses envies vers le marché français. Les raisons de cet amour du joueur de Ligue 1 sont de prime abord plutôt simples, et surtout vieilles comme la pluie qui tombe sur l’île : souvent rodé à un rythme de jeu élevé et au défi physique, le joueur de Ligue 1 a la réputation de s’adapter facilement aux joutes si particulières proposées par la Premier League, et surtout, il ne coûte pas cher.
À Newcastle les sous, à Swansea le foot
Des arguments sûrement pris en compte par la direction de Swansea au moment d’aller débusquer Bafé Gomis l’an passé, puis André Ayew et enfin Franck Tabanou en ce début de mercato. Mais cela suffit-il pour déceler chez les Swans un avenir à la Newcastle en terme de recrutement ? Pas vraiment. En effet, chez les Geordies, et c’est une des raisons de la grogne des supporters en fin de saison dernière, Mike Ashley, le président, est plutôt du genre à compter ses sous. Ainsi, à défaut de s’enrichir, l’objectif principal du président serait de ne pas perdre trop d’argent, tout en offrant une visibilité sans pareil à son entreprise phare, Sports Direct. En cela, la politique de recrutement « 100% Ligue 1 » développée à Newcastle ces derniers temps devient lisible et plutôt compréhensible : il s’agit de miser sur plusieurs chevaux – des joueurs « moyen/plus » de Ligue 1, en fin de contrat si possible – et espérer que l’un d’entre eux explose sous le maillot des Magpies, afin de rembourser l’investissement global à la revente, voire dégager une petite plus value. Ce fut le cas avec la vente de Yohan Cabaye, cela pourrait l’être dans le futur avec Moussa Sissoko.
Deux bons coups, et c’est tout
Or, dans le cas de Swansea, les arrivées d’Ayew, puis de Tabanou semblent s’inscrire davantage dans une logique d’amélioration de l’équipe sur le plan sportif que sur le plan économique. L’an passé, Gary Monk a montré qu’il aimait parfois faire évoluer son 4-2-3-1 en 4-3-1-2, voire en 4-1-4-1. Bref, le successeur de Laudrup, s’il a une base solide, apprécie tout particulièrement les profils de joueurs polyvalents, surtout au milieu de terrain. Une logique dans laquelle entre parfaitement le recrutement d’André Ayew. Surtout, à la manière de Southampton, le club gallois a su allier les deux maîtres mots du recrutement, discrétion et rapidité d’exécution, pour griller la politesse à des concurrents de poids dans ce dossier, puisqu’on annonçait le Ghanéen sur les tablettes de Tottenham, Liverpool ou encore l’AS Rome. Bref, sur ce coup, Swansea a profité du « merdier » autour d’Ayew – pour reprendre les propos de Gilles Grimandi – pour s’offrir un très gros coup, même s’il a fallu faire chauffer la planche à billets. Avec un salaire estimé à plus de 50 000 livres par semaine, Ayew sera le joueur le mieux payé du pays de Galles l’an prochain. Pour Tabanou, la donne est similaire. L’indemnité de transfert est très faible et le joueur, physiquement au point, polyvalent, et doté d’une belle frappe de balle, possède quelques arguments pour assurer une concurrence saine avec Neil Taylor, l’inamovible titulaire au poste de latéral gauche l’an passé. Bref, si les Gallois vont quelque peu se « franciser » cet été, il reste une marge pour voir des blagues de type « Château Neuf » franchir les 257 kilomètres de frontière entre l’Angleterre et le pays de Galles. « La mer des Cygnes » attendra donc.
Par Paul Piquard