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Suso, la gauche caviar

Adrien Candau
Suso, la gauche caviar

Entre insultes homophobes, retards aux entraînements et siestes devant The Voice, l'Espagnol Suso a longtemps retardé son éclosion au plus haut niveau. Avant de s'assagir après son transfert en Italie, où il s'affirme désormais comme l'arme offensive numéro un de l'AC Milan, à coups de crochets du gauche soyeux et de passes laser. Portrait d'un wonderkid enfin devenu homme.

C’est un pied gauche que les supporters de l’Inter ont douloureusement découvert lors du dernier derby della Madonnina. À la 42e minute, Jesús Joaquín Fernández Sáez de la Torre, appelez-le Suso, hérite d’un ballon dans la surface, avant de placer un crochet extérieur millimétré et d’enchaîner d’un enroulé délicieux qui bat Handanović. Seize minutes plus tard, rebelote. Suso mystifie Miranda d’un double contact, puis trouve à nouveau le chemin des filets. Et San Siro hurle comme un seul homme le nom de son nouveau joyau, buteur idoine, mais aussi distributeur de caviars en chef de la Serie A, avec déjà six passes décisives à son actif. Un bilan d’esturgeon hyperactif pour l’Espagnol de vingt-trois ans, passé en l’espace de quelques mois d’un statut de joueur banal de Serie A à celui de pépite offensive d’un Milan en pleine renaissance.

Talent précoce

Arrivé presque gratuitement en Lombardie en janvier 2015, ce natif de Cadix végète d’abord un an sur le banc des Rossoneri, puis est prêté six mois au Genoa début 2016, où ses bonnes performances passent relativement inaperçues dans un club de dimension médiatique moindre. Avant de faire son retour par la grande porte au Milan cette saison, où la direction semble enfin avoir mis de côté ses doutes à son égard. Mais si la carrière de Suso a tardé à décoller, rien ne laissait au départ présager qu’il lui faudrait attendre d’avoir vingt-trois ans passés pour enfin s’affirmer au plus haut niveau.

À dix-sept ans, l’Espagnol est un talent sacrément précoce, promis à un avenir radieux et déjà très courtisé. Il va même jusqu’à susciter les convoitises des mastodontes barcelonais et madrilènes. Deux vaches sacrées dont Suso va pourtant éconduire les avances : « Oui, j’ai eu de belles offres du Real et du Barça. J’allais même signer au Real quand Rafael Benítez m’a appelé. Il m’a convaincu d’aller à Liverpool, m’a dit que le club était fait pour moi et j’ai soudainement changé mes plans. » Si Suso est aussi prompt à rejoindre les Reds, c’est aussi parce qu’il avoue un penchant prononcé pour le championnat anglais, comme il l’explique alors au site officiel du club britannique fin novembre 2010 : « J’ai toujours aimé la Premier League, plus que la Liga d’ailleurs, alors je me suis dit qu’il serait sans doute mieux pour moi d’aller là-bas. » À Liverpool, les débuts de l’Espagnol sont d’ailleurs très encourageants puisqu’il y dispute quatorze matchs de Premier League lors de l’exercice 2012-2013, avant de se voir barré par l’émergence de Philippe Coutinho, qui lui est préféré pour assumer le leadership technique des Reds. Suso sera alors contraint de faire ses classes un an en prêt à Almería, dans les bas-fonds de la Liga, puis de revenir six mois à Liverpool, où il ne dispute pas une minute de jeu, avant de s’envoler pour l’Italie.

Piégé par The Voice

Une trajectoire mouvementée, notamment due aux accès d’immaturité d’un joueur à qui on a sans doute demandé de grandir un peu trop vite. Car si Suso est loin de l’archétype du bad boy, son professionnalisme lui a souvent fait défaut. Fin décembre 2012, l’Espagnol est ainsi condamné par la Fédération anglaise à s’acquitter d’une amende de 10 000 livres pour s’être un peu trop laissé aller sur Twitter, en se fendant d’un message à destination de son coéquipier José Enrique, immédiatement taclé par les associations anti-homophobie : « Mais qu’est-ce qu’il fout, putain ? Ce mec est gay. Il a des problèmes mentaux. Il fait tout, sauf jouer au football. » Un message maladroit et tendance beauf, mais qui visait simplement à chambrer l’un de ses coéquipiers les plus proches dans les vestiaire des Reds. Lors de son prêt à Almería, l’Espagnol se fait aussi remarquer pour s’être pointé deux heures en retard lors d’un entraînement. Selon les médias locaux, il confesse alors être resté éveillé pour regarder La Voz, l’équivalent ibère de The Voice, avant de s’endormir tardivement devant son écran. Suso se rendra enfin coupable d’une ultime erreur de jeunesse, peu avant son transfert de Liverpool au Milan en 2015 : il va cette fois-ci passer sa visite médicale en Lombardie sans avoir l’accord préalable de sa direction, ce qui agace alors sensiblement au sein du club de la Mersey.

« Piccolo Robben »

Des écarts adolescents qui n’ont cependant jamais empêché les formateurs et entraîneurs successifs de Suso de pointer du doigt l’étendue de son potentiel. « C’est un milieu de terrain avec un talent assez extraordinaire… Il a une bonne frappe, une bonne vision du jeu et surtout sa qualité de passe est exceptionnelle » , expliquait dans une interview au site Goal.com son formateur à Cadix, Quique Gonzalez. Gian Piero Gasperini, qui a eu sous ses ordres l’Espagnol six mois au Genoa, n’hésitait pas à parler d’un joueur ayant « une qualité de pied fantastique » en avril dernier. « Bien sûr, il est jeune, il a encore besoin d’affection et de sécurité » , analysait l’ancien entraîneur de Suso à Almería, Francisco Fernandez, à la Gazzetta dello Sport en 2015. « Mais de ce que j’ai pu en juger, je peux vous dire que Suso n’est pas le genre à être effrayé de prendre ses responsabilités et qu’il a suffisamment d’audace pour porter l’équipe sur ses épaules. » Paroles prophétiques. Un an et demi plus tard, c’est bien Suso qui est l’architecte principal des attaques du Milan de Vincenzo Montella. Et se retrouve même affublé du surnom flatteur de « Piccolo Robben » ( « le petit Robben » ) par la presse transalpine. De quoi propulser l’Espagnol loin, très loin de ses soucis de teenager régressif. Et tant pis si ça implique de louper la diffusion de The Voicele samedi soir.

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