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Sur un trapèze
Entre la suspension de Gourcuff, la blessure de Nasri et les troubles de Ribéry, la France s'avance sans meneur de jeu. Elle jouera donc au plus franc du collier, dans un 442 trapèze.
Pour le match de demain contre le Bélarus, Laurent Blanc semble se diriger pour un 442 avec deux milieux offensifs excentrés : Jérémy Menez et Florent Malouda. A la Elie Baup, mais en mieux quoi. Soit. Le 442 trapèze, puisque c’est son petit nom, c’est, comme dirait le bonnet de Guy Roux, « la sécurité de pouvoir attaquer en groupe et de pouvoir également défendre » . C’est sans doute pour cela que la Juventus, enfin décidée à vraiment reconstruire après l’ouragan Moggi, a opté pour l’homme qui maîtrise le mieux ce schéma en Italie, Luigi Delneri. De même, Laurent Blanc, après le tsunami sud-africain, doit reconstruire. Alors va pour la sécurité. Aujourd’hui, sans Gourcuff, suspendu, sans Nasri, fragile, sans Ribéry, débile, Laurent Blanc n’a pas trop le choix des armes. Sans automatismes, sans grandes certitudes, sans passé commun, il a fait au plus simple et, plutôt que de choisir un meneur de jeu, il a opté pour l’attaque en groupe : Ménez, Malouda, Rémy et Hoarau. Une meute. Reste que cette organisation, aussi sensée soit-elle en l’état actuel des choses, ne semble constituer qu’une solution de « dépannage ». Même si une bonne partie contre le Bélarus pourrait confirmer le schéma, on parlerait alors de tendance et que le match contre la Bosnie pourrait être lui aussi disputé en 442 trapèze, ce schéma ne devrait toutefois pas être celui de la France à long terme.
Le trapèze est toujours un peu juste, surtout pour les amoureux du beau jeu comme Laurent Blanc. Lolo, le jeu qu’il aime, comme il l’a déjà dit lui-même, c’est celui du FC Barcelone : les redoublements de passes, les prises d’intervalles, la conservation de balle, le toque, le pressing haut et que vive le pays basque libre. Alors jouer au football comme un consultant Canal Plus, très peu pour lui, mais faute de grives on mange des merles : Lolo fera avec ce que le football français veut bien lui donner (ou plutôt lui laisser). 442 trapèze donc, la sécurité soit, on a compris, mais aussi la nécessité d’animer tout ça. Sinon, l’espace entre les demis-défensifs et les attaquants pourrait sinon se transformer en grand vide, le jeu des Bleus se perdre et les attaques se résumer à des courses façon poulet sans tête. Ce ne serait plus la sécurité d’attaquer en groupe, mais la certitude d’aller s’empaler, seul. Oui, comme Ribéry, exactement.
Avec son équipe de Bordeaux, le Président n’utilisait jamais ce schéma, c’est bien la preuve qu’aujourd’hui, il fait avec ce qu’il a. Lolo, son truc, c’était, que ce soit en 442 losange ou en 4231 étoilé, de confier la responsabilité du jeu à un meneur dans l’axe, un dix à l’ancienne, avec en général un maillot floqué Gourcuff dans le dos. Ainsi, le schéma des Bleus devrait changer au retour du néo-Lyonnais. En attendant, Lolo convoque des jeunes, des joueurs en forme, des promesses ; il essaie de se donner des nouvelles possibilités. Menez pourrait par exemple devenir important dans le jeu des Bleus. En l’absence de Gourcuff, c’était toutefois Samir Nasri le mieux placé pour en profiter, mais une nouvelle blessure en a décidé autrement. Il va falloir encore attendre pour voir une alternative crédible à Gourcuff, et Laurent Blanc devant un nouveau problème. De zéro meneur de jeu, et la nécessité de jouer en 442 trapèze, le sélectionneur sera alors confronté au luxe d’en avoir deux, et à la complexité d’associer Yoann et Samir. Sur un trapèze ?
Simon Capelli Welter
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