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« Sur mon premier tacle, j’ai eu 10 points de suture »

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Se perdre en D2 anglaise, c'est facile, y réussir c'est un peu plus dur. Alassane N'Diaye n'a pas empreinté les raccourcis. Plus c'est dur, mieux c'est. D'Audincourt à Louhans en passant par un essai au Celtic ou une pige en D4 suisse, N'Diaye a pas mal bourlingué avant de faire enfin son trou à Crystal Palace.

Comment as-tu commencé à jouer au foot ?

Je me rappelle, mon père et mon frère m’avaient emmené à Bonal voir Sochaux en Ligue 2, j’avais 6-7 ans et je ne jouais pas encore au foot. J’ai bien aimé l’ambiance à Bonal et ça m’a donné envie de commencer.

Du coup, t’es allé frapper à la porte de Bonal ?

Non non. J’ai commencé le foot à Audincourt, à côté de Montbéliard. Vers 11 ans, je me suis fait repérer par un recruteur de Sochaux, Rabah Meriem. Et j’ai fait trois années au FC Sochaux.

Pourquoi seulement trois ans ?

C’est un peu de ma faute. Je n’étais pas sérieux, je n’ai pas mesuré la chance que j’avais de pouvoir être dans un grand club. J’arrivais en retard en cours ou j’étais souvent collé. Après, j’étais remplaçant, je ne m’entraînais pas bien. Et là, dans la tête, quand tu ne joues pas, ça ne tourne plus très rond. Sochaux ne m’a pas retenu pour le centre de formation et je suis retourné à Audincourt. J’ai vraiment compris quelle grosse erreur j’avais fait à Sochaux. J’ai pris une grosse gifle.

T’as dû aller te consoler ailleurs alors ?

Thibault Rayot, un joueur qui n’a pas été conservé comme moi à Sochaux, a atterri à Audincourt. Lui, il a été pris en sélection de Franche-Comté. Moi, j’avais fait les sélections mais j’avais les adducteurs pétés donc je n’ai pas pu être à 100 %. Thibault, lui, il a été repéré par Louhans-Cuiseaux. Il a parlé de moi à ses coaches et on m’a proposé de venir faire des essais.

Donc de Sochaux, tu débarques à Louhans, bizarre comme plan de carrière…

Je voulais partir de la région de Montbéliard. Mis à part Sochaux, dans ce coin, t’as pas beaucoup de grosses équipes. Avec Louhans, j’avais trouvé un autre club avec des structures pros. J’ai fait les 15, 16 ans nationaux et la moitié de l’année en 18 ans. Là, mon entraîneur, Jean-Philippe Foret, envoyait des joueurs faire des essais en Angleterre, il connaissait des agents anglais. Je me suis retrouvé à faire un essai au Celtic pendant une semaine. Mon agent anglais m’a dit que le Celtic me proposerait un contrat pro, mon premier, genre 1500 euros par mois, avec l’appartement payé. J’avais 17 ans. En attendant, je suis retourné à Louhans pour ma préparation physique. Cette histoire a traîné de juillet à décembre lors de mon année de 18 ans Nationaux. J’en avais marre, je savais que je n’aurais pas beaucoup de chances d’intégrer l’équipe première. Dans ma tête, Louhans allait gâcher ma progression.

Et là tu débarques en Suisse, en D4…

En fait, mon frère avait un resto en Suisse, à Alle. C’était à 30-40 minutes de chez moi. Mon frère m’a dit qu’il y avait un club près de chez lui qui jouait en 4ème division suisse. Le plan, c’était de jouer au foot et d’aider mon frère au resto. Il y a eu un souci au départ, parce que ma licence était bizarrement enregistrée en Ecosse. Je ne sais pas trop pourquoi. Finalement, je signe pour 6 mois à Alle, à 300 euros par mois.

Et comment tu débarques outre-Manche ?

A la fin de ces six mois, deux-trois amis qui croyaient en moi m’ont encouragé à retourner au Celtic. Un pote m’a déposé en voiture à Paris et je prends l’avion pour Glasgow. Mais manque de pot, il n’y avait aucun entraîneur là-bas, le Celtic était en stage à Villarreal en Espagne. Je me suis retrouvé dans le vent, tout seul à Glasgow. J’ai alors appelé mon agent anglais, dont je n’avais plus de nouvelles depuis un an, pour lui dire mon problème. Et cet appel est bien tombé, puisqu’il m’a dit que des recruteurs de Crystal Palace voulaient savoir où j’étais. Ils m’avaient remarqué lors de mon premier essai au Celtic. Je prends l’avion direction Londres pour faire un essai d’un mois à Crystal Palace. Fin août, ils étaient OK pour me prendre, mais je n’ai signé mon contrat que fin décembre. Pendant ce temps-là, je m’entraînais avec les 18 ans de Crystal Palace. Ça a traîné parce qu’il fallait l’autorisation de mes quatre clubs formateurs pour m’engager. A un rythme d’une lettre par mois, tu vois bien…

Mais Crystal Palace, c’est finalement la bonne pioche…

Ouais, je signe un contrat pro de six mois. Je touche 150 euros par semaine et suis dans une famille d’accueil. Je joue avec la réserve et les 18 ans. A la fin de la saison, on me propose un contrat d’un an à 250 euros par semaine et à la reprise, cette saison, j’intègre le groupe pro. Au bout d’un mois, on me fait signer un nouveau contrat de 3 ans. Je pars en stage d’avant-saison à Baltimore avec les pros et je reviens des Etats-Unis meilleur buteur de l’équipe.

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Et maintenant t’y as fait ton trou ?

Depuis, ça se passe plutôt bien. J’ai joué 15 matches titulaire sur 30. C’est vrai que ça me stresse quand je ne joue pas. Mais bon, je suis jeune et le coach veut aussi me préserver, alors avec le recul, je me dis que c’est déjà très bien ce que je fais.

Pourtant Palace est en queue de peloton en D2 anglaise ?

Fin 2009, le club a eu de gros problèmes financiers. Dans l’histoire, Crystal Palace a pris une pénalité de 10 points pour des retards de paiement. Ça fait chier parce qu’au classement, on était à 2 points des play-offs et là on se retrouve maintenant à jouer le maintien. Je me dis que ça me fait une petite expérience en plus dans mon début de carrière.

Et la D2 anglaise, c’est une boucherie ou pas ?

C’est plus physique que la Ligue 1. Franchement, ça découpe. C’est simple, pour mon premier tacle anglais, j’ai eu le genou ouvert et 10 points de suture. Après, à partir du moment où tu le sais, tu te mets au niveau et toi aussi, t’envoies des tacles.

Tu squattes toujours ta famille d’accueil ?

Non, j’ai mon appart’ à Londres, ma voiture, je suis bien, je suis installé maintenant. Et il y a beaucoup de Français à Londres, c’est cool.

Genre Vanessa Perroncel ?

Non, je ne l’ai jamais croisée et, de toute façon, avec tout ce qu’on entend, je n’aimerais pas l’apprendre. Et puis je ne sors pas tellement. Je suis un mec normal en fait. Dans le vestiaire, ça ne parle que de cette histoire. Ça chambre pas mal. En fait, on rigole pas mal sur ce qui est d’actualité.

T’as rencontré Manchester City en Carling Cup. Ça t’a donné des idées ?

Ça aide à voir la réalité des choses, jouer contre l’un des clubs les plus riches du monde. Personnellement, je l’ai pris comme un match test, histoire de voir de quoi j’étais capable. Ce n’est plus l’AS Audincourt là. Ça va super vite. Celui qui m’a le plus impressionné, c’est Robinho. Il est imprévisible. On a perdu 2-0.

Tu penses que t’as le niveau pour évoluer à l’étage au-dessus ?

Ouais, sans doute. Si je suis sérieux et si je continue à travailler, le travail va payer, y a pas de raison. Le plus important à mon âge, c’est la prestation individuelle. A 20 ans, on se découvre en tant que footballeur, on ne sait pas trop encore ce que l’on vaut vraiment. Et contre City, je suis plutôt content de ce que j’ai fait.

Ton avenir, tu le vois seulement en Angleterre ?

Premièrement, j’aimerais bien percer en Angleterre. Mais la Ligue 1, j’aimerais bien aussi. C’est quand même en France que j’ai découvert le football.

Propos recueillis par Ronan Boscher

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