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Sur le terrain, onze Uebach
L'équipe réserve du SpVg. Niederndorf a réussi un exploit encore jamais fait dans le football à onze : aligner des joueurs qui portent tous le même nom de famille au cours d'un match. À onze Uebach, l'équipe de Niederndorf a gagné 11-3. Logique, ou presque.
« Que des Uebach dans ma team. » C’est le drôle de principe défendu par Niederndorf à l’occasion d’un match de son équipe réserve. Pour comprendre le schéma tactique de l’équipe réserve du Spvg Niederndorf lors de son match contre Kreuztal-Littfeld en Kreisliga D (équivalent d’une 12e division), il fallait être attentif.
UEBACHragend! Ein Team. Ein Name. Ein Sieg. 💪😃😎👉https://t.co/SPvQ3aqr52 #UNSEREAMATEURE #uebach #niederndorf pic.twitter.com/ZHPzNzMYHe
— FUSSBALL.DE (@fussball_de) April 8, 2017
À tous les niveaux, les Uebach n’ont pas laissé de place aux autres. Les joueurs s’appelaient pareillement. Tous les buteurs aussi. Même l’entraîneur et les quelques membres du staff portaient le même patronyme, unique. C’est simple, sur la feuille de match, il n’y avait que des Uebach. Et sans le moindre artifice. À Niederndorf, bourgade de 1700 habitants, les Uebach sont tellement nombreux qu’ils peuvent former une équipe de football à eux seuls. Ils sont 10% dans la ville à porter le nom. Pour l’occasion d’un match de football, ils ont accepté de se réunir et de porter le maillot du club floqué avec ce seul et unique nom.
Back to Bach
Comme souvent, les meilleurs histoires commencent autour d’une bière. La saison dernière, après un déplacement, les vétérans de Niederndorf se payent un bon délire sur le chemin du retour. L’entraîneur habituel, Enno Mitrach, résume l’affaire dans l’Express : « Un ou deux Uebach ont dit qu’ils avaient envie de jouer un match avec leurs fils. » De fil en aiguille, l’idée de l’entraîneur des jeunes Uwe Uebach devient la fomentation d’un projet inédit : jouer uniquement entre Uebach. Il faut toutefois préciser de suite une chose : tous les Uebach ne sont pas de la même famille. Il y a en effet deux branches qui se partagent un patronyme qui tient en fait du ruisseau qui traverse le bled, situé à la frontière entre la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et la Rhénanie-Palatinat.
Ici, non loin de Siegen, les Uebach ont donc rapidement prospéré autour du petit cours d’eau. Même les rues sont victimes de l’épidémie. Et dès la création du club en 1909, ils sont 9 Uebach sur les 37 membres fondateurs. Aujourd’hui encore, ils sont omniprésents dans la vie du bourg et de son équipe de football. Markus Uebach explique dans le détail à fussball.de qu’ils sont « actuellement 37 joueurs à porter le nom d’Uebach » . Avec les enfants, quelques jeunes, des joueurs sortis de leur retraite, la composition 100 % Uebach semble faisable. Même s’il faut retirer au total les joueurs trop jeunes pour jouer chez les seniors, comme par exemple Oskar-Theo (10 ans) et Paul-Emil (14 ans), les deux fistons de Markus. Pour l’occasion, même le coach est changé et l’équipe dirigée finalement par Uwe Uebach. Ils sont ainsi quatorze joueurs finalement. Il ne reste plus qu’à trouver l’occasion de jouer.
Le match des Uebach
L’idée lancée, la colonie des Uebach a pris son temps pour trouver le match idoine. Qui tombe finalement le 7 avril dernier, contre Kreuztal-Littfeld. Un match facile pour le club. L’adversaire est bon dernier du championnat avec un bilan catastrophique, une petite victoire (sur tapis vert), 22 buts marqués pour 150 encaissés avant le coup d’envoi. Même pour ce méli-mélo de vieux et jeunes Uebach peu habitués à jouer ensemble, la partie est un régal. Sur le terrain, Niederndorf marque onze fois pour un solide succès 11-3 dans ce match inédit – avec toutefois, pour l’anecdote, un but qui n’est pas marqué par un Uebach, mais un Achenbach contre son camp. Plus que sur le terrain, le match est une réussite autour.
Télés locales, radio, sites : tout le monde relaye l’information de cette performance unique en son genre. Une radio décide même de diffuser la rencontre en direct (sûrement pour le plaisir de décrire des « passes d’Uebach pour Uebach… et frappe d’Uebach ! » ). « On ne s’attendait pas du tout à cela » , confie coach Uebach. Il n’empêche. Le buzz prend bien et permet d’attirer une foule honorable, prête à faire la fête jusqu’au bout de la nuit après le coup de sifflet final, malgré la victoire transformée en défaite sur tapis vert pour cause de non-qualification pour le match de deux Uebach de l’équipe première. Peu importe. Décalé un vendredi soir, le match s’est transformé en véritable fête de village, comme une immense famille réunie autour du terrain. Avec au moins 70 Uebach parmi les 700 spectateurs présents autour de la coursive. Et un seul nom à la bouche pour fêter les buts. Le seul possible.
Par Côme Tessier