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Supporters, dirigeants… On fait quoi maintenant ?

Par Julien Duez
5 minutes
Supporters, dirigeants… On fait quoi maintenant ?

Interdictions de déplacements, lutte contre les discriminations, retour des tribunes debout... Le menu de la dernière assemblée plénière de l’Instance nationale du supportérisme était particulièrement copieux. Et le bilan est sans appel : sans dialogue, la situation ne peut pas s’améliorer.

Quand les féminines du PSG sont allées battre sèchement l’OM ce dimanche après-midi (0-5), point de supporters parisiens à dénombrer dans les travées du stade Paul-Le Cesne. On pouvait le comprendre, ces derniers avaient un rendez-vous immanquable le soir même au Parc des Princes. Mais face au virage Auteuil, aucune réponse marseillaise – pas seulement sur le terrain – et pour cause : comme prévu, les supporters phocéens étaient interdits de déplacement dans la capitale. Comme d’habitude ? L’expression sort presque automatiquement de la bouche des suiveurs du football français. Et c’est dramatique.

Dramatique, parce que ce parcage vide est la 47e interdiction de déplacement prononcée à l’encontre des supporters français cette saison. Soit presque la moitié du triste score de la saison dernière. Même si comparaison n’est pas forcément raison, on se demande encore comment nos voisins allemands font pour assurer chaque année la bonne marche d’un match dit « à risques » comme le Revierderby entre Schalke 04 et le Borussia Dortmund qui fait carton plein à chaque fois. Idem pour le futur derby de Berlin qui se jouera ce samedi. En dépit de la rivalité qui existe entre supporters de l’Union et du Hertha, personne n’imaginerait une seconde que le parcage visiteur puisse rester vide. Ne serait-ce que pour assurer une « expérience » totale aux spectateurs présents. Alors pourquoi ne pourrait-il en être de même en France ?

Une réunion de la dernière chance ?

C’est justement la question qui s’est posée ce lundi, à l’occasion de la cinquième assemblée plénière de l’Instance nationale du supportérisme (INS), organisée par le ministère des Sports, en présence de la ministre Roxana Maracineanu, du secrétaire d’État auprès du ministère de l’Intérieur Laurent Nuñez, ainsi que des représentants de l’Association nationale des supporters (ANS). Et ce qui est encore plus dramatique, c’est que ce qui – au sortir de cette réunion – est considéré par beaucoup comme une avancée n’est en fait que du bon sens. Comme cette décision d’associer les directeurs de sécurité et les référents supporters des clubs aux réunions préparatoires de sécurité en préfecture, lesquelles se tiendront désormais trois semaines en amont des fameux matchs « à risques » . Parfait pour empêcher les arrêtés pris à la dernière minute, ou les décisions ubuesques, comme celle d’empêcher des supporters de se déplacer jusque dans leur propre département. En revanche, on aurait apprécié davantage de clarté sur la notion même de « risques » .

Résultat des courses, l’ANS, par la voix de son porte-parole Kilian Valentin, s’est montrée plutôt timorée au sortir de cette réunion : « Il faut voir comment ça va évoluer dans la pratique, mais s’il y a effectivement de moins en moins d’interdictions de déplacement, on sera les premiers ravis. » Il reste encore sept mois aux pouvoirs publics pour joindre les actes aux paroles.

Mieux vaut tard que jamais

Quoi qu’il en soit, gageons que cette réunion soit le prémisse d’un retour au calme, après la situation délétère qui a miné le football français depuis le début de la saison. Au niveau du dialogue de sourds concernant la question de l’homophobie en tribunes par exemple. Entre déclarations lapidaires et réponses par des banderoles aux significations multiples, ces derniers mois ont prouvé que hurler aveuglément plutôt que de dialoguer calmement ne mène absolument à rien, si ce n’est à envenimer encore plus les choses. L’assemblée générale de l’INS a accouché de la promesse d’un état des lieux sur les discriminations dans les stades français dont les résultats sont attendus pour février 2020. On ne peut que s’en réjouir et espérer que chacun soit vraiment à l’écoute des arguments de l’autre pour éviter les jugements à l’emporte-pièce.

Et parce qu’il ne faut jamais cesser d’être optimiste, on n’oubliera pas de souligner qu’il y a encore moyen de croire aux belles promesses : un an après sa mise en place dans quatre clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 (Amiens, Saint-Étienne, Sochaux et Lens), le bilan de l’expérimentation du retour des tribunes debout a été « unanimement salué. L’ensemble des acteurs est impressionné par cette expérimentation qui doit être élargie. » C’est du Nathalie Boy de la Tour dans le texte et cela laisse supposer que, pour la première fois depuis la catastrophe de Furiani en 1992, les supporters de tout l’Hexagone peuvent sincèrement croire à un retour des gradins sans sièges. Et avec lui, un début de paix sociale ? C’est avec ce genre de petits gestes que l’expérience footballistique retrouvera toute sa saveur.

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