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Super Nani ou maillon faible ?
On attendait Antonio Valencia contre Arsenal, c'est finalement Nani qui a hérité du couloir droit lors de la victoire de Man U à l'Emirates (3-1). 90 minutes et quelques gestes de classe plus tard, le Portugais sortait transfiguré, revigoré, comme libéré de l'ombre de C.Ronaldo. Il avait répondu présent, enfin. Luis Carlos Almeida da Cunha n'avait rien pour lui. Pourtant, il semblerait que l'ailier lusitanien soit enfin sur les rails.
Un corps frêle, une soixantaine de kilos tout mouillé. Un ganache d’adolescent. Originaire du Cap-Vert, l’enfant de Praia était fait pour le cyclisme. Une dégaine de grimpeur à la Luis Herrera (a.k.a le petit jardinier), idéale pour surmonter les obstacles. Enfant, le petit Portugais récite ses gammes auprès de son pote de quartier Manuel Fernandes. Entre deux goûters, Nani (surnom donné par sa sœur) maîtrise le street football. Le gamin est doué, c’est évident. Suffisamment pour intégrer le centre de formation du Sporting Lisbonne. Le genre d’école qui affiche un CV flatteur en terme de formation : Luis Figo, Paulo Futre, Miguel Veloso, Ricardo Quaresma, Simao, Joao Moutinho et un certain Cristiano Ronaldo. L’affaire semble emballée. Nani sera un crack.
Très vite, l’ailier droit prend le jeu à son compte. Accélérations, dribbles chaloupés, crochets. Pendant deux ans, il se fait un nom dans le championnat portugais, véritable révélateur de talents. Nani casse les reins des défenseurs adverses. A l’image d’un match dantesque qu’il livre pour ses débuts en Ligue des Champions contre l’Inter en 2006. Le numéro 18 du Sporting éclabousse la rencontre de son talent. Une marque de fabrique. L’homme aime les premières. Pour sa première cape avec le Portugal, il marque sur un corner direct contre le Danemark. Pour son premier pion sous les couleurs de United, il nettoie la lunette de Paul Robinson des 30 mètres et donne la victoire aux siens (1-0, 30 août 2007). Quand on est recruté pour 25 millions d’euros par les champions d’Angleterre, la pression, on se doit de vivre avec. C’est là ou le bât blesse. Nani a le mental d’un garagiste roumain.
L’ombre de CR7
Pendant deux piges, Nani vit avec une ombre au-dessus de sa tignasse gominée : celle de son pote et compatriote Cristiano Ronaldo. La comparaison est évidente. Même style, même nationalité, même formation, même poste, mêmes chaussures, même façon de râler. Le genre de comparaison qui fait mal. Surtout quand le playboy de Madère enfile les buts comme Nani les cirages de banc. Lorsque le Ballon d’Or 2008 taille au Real, Nani est partagé. Triste d’avoir perdu son « boy » mais heureux de pouvoir gratter une place dans le 11 de Fergie. C’était sans compter sur Valencia, Obertan, Park et le scepticisme du vieil Écossais.
Mou, fragile, mentalement friable, le numéro 17 de Man Utd est au fond du gouffre. Souvent blessé, hors du coup, l’ailier ne tient pas le choc. Ferguson songe à s’en débarrasser, le renvoyer au pays. Puis, le miracle se produit. Contre Hull City, Nani donne un caviar à Rooney et délivre un match solide. Rebelote contre Man City en 1/2 finale retour de Coupe de la Ligue. Omniprésent, le Guesh contribue à la qualification des siens. Puis le chef d’œuvre contre Arsenal, à l’Emirates. Une passe dé’ pour Wazza sur le second but et bien sûr, ce bijou sur l’ouverture du score. Dribble « Ronaldien », feinte de corps, centre, Almunia, but. Une prestation XXL en forme de résurrection. « Semaine après semaine, le coach a montré de plus en plus de confiance à mon égard et ça m’a vraiment aidé » balançait-il récemment. Et si finalement le petit gamin de Praia était le joyau tant annoncé ?
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