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Super Mario Sunshine
C’est la folie de ce mercato français : Mario Balotelli est un joueur de l'OGC Nice. Si les doutes existent quant au coup sportif réalisé par le GYM, le coup médiatique, lui, est déjà réussi.
Allianz a beau verser 1,8 million d’euros par an à l’OGC Nice pour avoir baptisé sa nouvelle arène, l’assureur allemand ne propose aucun contrat assez fou pour indemniser Lucien Favre en cas de perte de cheveux due au stress et à l’anxiété. Pas flambeur dans l’âme, le technicien suisse, qui avait balayé d’un revers de main la possibilité de relancer Jérémy Ménez, a fini par céder : à défaut d’être son joueur, Mario Balotelli l’insoumis est un joueur de l’OGC Nice. Surprenante sur le plan médiatique, cette arrivée est logique d’un point de vue sportif. Car si personne n’a d’idée réelle du niveau actuel de l’ancien joueur de l’Inter Milan, le récent quatrième de Ligue 1 a dû se rendre à l’évidence : Germain rentré à Monaco, Ben Arfa parti à Paris et avec le seul Alassane Plea, aussi talentueux que maladroit devant le but, la saison aurait été bien longue. Bosetti et Donis étant les seules alternatives à l’ancien Lyonnais dans l’effectif actuel du GYM, l’arrivée de Balotelli, seule piste active des Azuréens, est une réalité sportive avant tout. Auteurs d’un bon début de championnat – deux victoires et un match nul –, les hommes du Suisse vont entamer une longue campagne de Ligue Europa et seront bien contents de pouvoir compter sur un élément supplémentaire, peu importent les folies que planquent son joli CV. Mario Balotelli où l’art d’être le problème et la solution. Une donne qui n’a pas effrayé le président niçois, Jean-Pierre Rivère, heureux de boxer à la table des grands.
Le vœu des investisseurs, le rôle de Bodmer
La boutique a bien tourné, mais il fallait changer la vitrine. Voilà, en substance, ce que pensaient les investisseurs sino-américains fraîchement entrés dans le capital de l’OGC Nice. Beau quatrième de Ligue 1 la saison passée, le GYM a vu sa star, Hatem Ben Arfa, filer à Paris. Dès lors, les hommes forts du club ont décidé de mettre le paquet pour avoir une star sur leur carte de visite. Un type qui fait parler, du club et de lui, qui fera vendre des maillots, pour qui les gens viendront au stade. C’est en partie dans ce but-là que Mario « Why always me » Balotelli pose ses valises en Ligue 1, lui qui a été recalé à peu près partout où son agent, Mino Raiola, l’a proposé. Au final, le Palermitain avait le choix entre un retour au bercail et une virée à l’Allianz Riviera. Ce sera la seconde option. Un transfert presque étonnant jusque dans ses coulisses. Habitué aux caviars dans les pieds, Mathieu Bodmer, qui avait déjà joué un rôle d’intermédiaire lors de l’arrivée d’Hatem Ben Arfa, aurait joint Mamadou Sakho afin d’arriver jusqu’aux oreilles de Mario Balotelli. Du bon vieux téléphone arabe à l’ancienne, mais un vrai gros coup pour le président Jean-Pierre Rivère. Lucien Favre, lui, hérite du casse-tête : un attaquant instable, talentueux et probablement à court de condition physique en guise de numéro 9 titulaire.
Des barres et des buts ?
Qui est ce joueur que Nice récupère ? Un attaquant de vingt-six ans, au placard à Liverpool presque depuis son arrivée en 2014-2015. Un type qui n’a mis que deux buts en championnat en deux ans (un en Premier League avec les Reds, un en Serie A avec l’AC Milan). Un avant-centre qui n’a inscrit que trois fois dix buts ou plus lors du même exercice depuis 2007-2008. Mais aussi un type dont on s’est rappelé au mois de juin qu’il y a quatre ans, il plantait un doublé de costaud en demi-finales d’Euro face à l’Allemagne, à seulement vingt-deux ans. Un gamin incroyablement talentueux, à la frappe dévastatrice, à l’aise sur coups de pied arrêtés, physiquement impressionnant et techniquement pas maladroit. Un sale gosse à qui on souhaite, comme Hatem Ben Arfa la saison passée, de retrouver sa route. Une route qui commence par le fameux chemin des filets. Une voie que Mario Balotelli sait trouver sans GPS, taré ou pas. Immature ou pas.
Impossible d’être dupe : si aujourd’hui, l’Italien s’apprête à fouler une pelouse de Ligue 1, c’est simplement parce qu’il s’est perdu. L’heure est donc à la réjouissance et à l’espoir. Car peu importe ce qu’il va donner sur la pelouse, l’ancien Citizen va apporter au championnat de France deux éléments indispensables qui lui manquent : du charisme et du rire. Un peu de frisson aussi, puisque sportivement, on se dirige vers un bon vieux quitte ou double. Mais après avoir tenté le coup avec Ben Arfa, Jean-Pierre Rivère le sait mieux que quiconque : pari est magique.
Par Swann Borsellino