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- J5
- Pays-Bas-France (2-0)
Super Lloris, pour éviter l’abysse
Auteur d'une performance majuscule et d'innombrables arrêts lors de la défaite sur le terrain des Pays-Bas, Hugo Lloris a empêché une chute trop profonde. Signe qu'il a bien digéré ses récents problèmes extrasportifs et la Coupe du monde gagnée. Problème : il était seul vendredi soir.
Un joueur de foot préfère-t-il sortir une horrible prestation sur un match tout en voyant son équipe le gagner, ou réussir une performance XXL sans pouvoir sauver sa team de la défaite ? En règle générale, et en écartant quelques rares ego surdimensionnés, la réponse est aimantée par la deuxième proposition. Encore plus, dans certains cas, quand on y ajoute des éléments concrets.
Prenons Hugo Lloris, par exemple. Lorsque sa carrière sera achevée et que l’heure des comptes aura sonné, retiendra-t-il davantage sa finale de Coupe du monde remportée malgré une énorme boulette l’humiliant aux yeux du monde ou cette cinquième journée de Ligue des nations perdue en dépit d’arrêts aussi nombreux que les errements défensifs observés dans la défense censée le protéger ? Inutile d’aller plus loin dans le questionnement.
Prendre des coups s’il le faut…
Mais si les sauvetages de Lloris n’ont pas permis à l’équipe de France de sauver son invincibilité (les Tricolores n’avaient plus perdu depuis le 23 mars 2018 et un revers contre la Colombie en amical, depuis le 9 juin 2017 et une claque en Suède en compétitions officielles), ils ont au moins évité aux Bleus de recevoir une grosse raclée. Et donc de s’exposer à des critiques encore plus virulentes qui n’auraient pas aidé la bande de Didier Deschamps à repartir au boulot dans les meilleures conditions. Ils sont aussi une bonne nouvelle – la seule de la soirée de vendredi, certes – pour la sélection.
Car les événements post-Mondial, plus que la bourde contre la Croatie, ont pu semer le doute sur le rebond du capitaine et recordman de brassards de l’EDF. Il faut le dire : après être monté sur le toit du monde, rien n’allait vraiment chez le gardien. Tout semblait même aller dans le mauvais sens. En vrac : des problèmes judiciaires en raison d’une conduite en état d’ébriété, une blessure à la cuisse lui faisant manquer six rencontres avec Tottenham entre la fin du mois d’août et le début du mois d’octobre, une erreur face à Barcelone en Ligue des champions et quatre buts dans le buffet pour son retour, une expulsion vingt jours plus tard en C1 contre le PSV Eindhoven… Dur à encaisser.
… Tant qu’ils sont encaissables
Mais justement : encaisser les coups, Lloris sait faire. Et s’il fallait le prouver, le portier a profité de la méforme de ses compatriotes pour remettre les pendules à l’heure quant à son cas personnel. Sur la pelouse hollandaise, le portier s’est en effet mué en mur, réalisant pas moins de neuf arrêts au total. Ce qui n’était plus arrivé depuis une décennie pour un dernier rempart de l’EDF. Et ce qui montre, aussi, que ses potes se sont réellement endormis sur leurs lauriers, le résultat final (2-0 en faveur des Néerlandais) représentant une punition très gentille pour le groupe de DD. Bien que vainqueurs, l’ogre Georginio Wijnaldum, le faux roux Ryan Babel, l’inattendu Denzel Dumfries, l’excellent Memphis Depay et l’impressionnant Frenkie de Jong ont tous perdu au moins un de leur duel avec le Spur.
9 – Hugo Lloris a effectué 9 arrêts contre les Pays-Bas, un record sur un match pour un gardien de l’équipe de France sur les 10 dernières années. Mur. #PBSFRA pic.twitter.com/gGRnsrmL1s
— OptaJean (@OptaJean) 16 novembre 2018
Le champion du monde a donc su faire honneur à son statut de capitaine, parfois critiqué par une partie de l’Hexagone en raison du manque de leadership apparent entrevu chez le garçon. Qui, une fois la partie achevée, a également continué à respecter son brassard face à la presse, réclamant à ses potes de se remettre sur le droit chemin. « L’adversaire a été très fort ce soir. De notre côté, on n’a pas répondu aux exigences du haut niveau, a-t-il par exemple regretté. En jouant au minimum de notre potentiel ce soir, on l’a payé et le score aurait pu être encore plus flatteur pour les Pays-Bas.(…)Il faut se remettre en question après cette défaite. » Sûrement comme lui l’a fait ces dernières semaines.
Par Florian Cadu