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- Guingamp-Monaco (2-2, 5-4 tab)
Super Caillard, ah oui c’est lui !
Formé à l’AS Monaco, face à qui il avait croqué sa première titularisation en Ligue 1 fin décembre, Marc-Aurèle Caillard était déjà assuré de vivre une soirée particulière. Puis, pour arracher la qualification pour la finale de la Coupe de la Ligue, Jocelyn Gourvennec a décidé de faire déshabiller son numéro deux dans les arrêts de jeu et de le sortir de sa poche pour la séance de tirs au but. Résultat, le natif de Melun a remporté sa troisième séance de la compétition. Rien que ça.
Marc-Aurèle Caillard, cette amulette. Mardi soir, la nuit s’est prolongée dans le quartier de Roudourou. La faute à qui, à quoi ? À une sacrée demi-finale de Coupe de la Ligue, lors de laquelle Guingamp a lutté avec l’AS Monaco pendant plus de quatre-vingt-dix minutes. Ce qu’on a vu jusqu’aux arrêts de jeu : un scénario délirant, marqué par une expulsion précoce de William Vainqueur et une ouverture du score XXL de Rony Lopes, par le premier but en France d’Aleksandr Golovin et un match renversé en seconde période par des Guingampais révoltés. « C’était très bizarre » , a glissé après la baston Jocelyn Gourvennec, au micro de France Télé. Pas mieux. Car le temps réglementaire n’avait révélé qu’une partie du script. Une fois le temps additionnel lancé, Gourvennec s’est levé à la manière d’un Louis van Gaal en quarts de finale de la Coupe du monde 2014 et a joué sa dernière carte, au bluff. Exit le numéro 1, place au numéro 16. Pas surpris, Karl-Johan Johnsson vient alors s’installer sur le banc pendant que son remplaçant, Marc-Aurèle Caillard, 24 piges, file assurer les dernières minutes. Il raconte : « On m’a prévenu pendant le match que je pouvais avoir l’occasion de rentrer. Je suis allé m’échauffer à dix minutes de la fin et voilà. Cela aurait déjà pu être le cas à Paris en quarts de finale, mais comme on a marqué… » Caillard n’est pas venu sur le gazon mardi soir pour tenir un résultat : il est venu pour faire le show, encore.
Trois séances, huit arrêts
Oui, encore, car le natif de Melun, fils d’une prof de lettres, passé par l’INF Clairefontaine et formé à l’AS Monaco, avec laquelle il n’a disputé qu’un match professionnel (lors de la 36e journée de Ligue 2 de la saison 2011-2012, à Reims), est déjà le super-héros de cette Coupe de la Ligue. Pourquoi ? Parce qu’en seizièmes de finale, titularisé face à Angers par Antoine Kombouaré, Caillard, qui a quand même encaissé un penalty de Kévin Le Sauce face à Pontivy en Coupe de France, avait sorti les trois premiers tirs au but du SCO, ce qui avait logiquement suffi à qualifier les Guingampais. C’est tout ? Non, parce qu’en huitièmes de finale, Marc-Aurèle a recommencé et s’est montré élastico-décisif devant Lees-Melou, Dante et Jallet. Pas mal lorsqu’on sait que l’avant-dernière séance de tirs au but de l’actuel numéro deux guingampais remontait à une finale de championnat de France U19 disputé avec l’AS Monaco contre Nantes, lors de laquelle il avait éteint la onzième tentative nantaise.
Mais où est le secret ? Comme pour Petr Čech lors de la finale de la Ligue des champions 2012, dans la préparation, évidemment. Après le match contre Angers, Caillard avait alors expliqué simplement avoir « choisi les endroits où les joueurs angevins avaient l’habitude de tirer » , ce qu’il avait bossé avec l’entraîneur des gardiens bretons, Ronald Thomas, demi-finaliste de la Coupe de France 1998 avec l’EAG. Cette fois, face à son club formateur, contre lequel il avait goûté à sa première titularisation en Ligue 1 le 22 décembre dernier au Louis-II – « J’ai beaucoup sué pour en arriver là » –, Marc-Aurèle Caillard s’est déplié avec autorité devant Benjamin Henrichs et Kamil Glik avant de voir le missile de Sofiane Diop embrasser sa barre transversale. Derrière, Marcus Coco a assuré et voilà l’En Avant de Guingamp en finale de la Coupe de la Ligue. Grâce à un type ami avec Valère Germain, qui porte le prénom du plus célèbre empereur qui dirigea l’Empire romain lors de son apogée et qui a remporté une nouvelle séance de tirs au but face à un gardien, Danijel Subašić, héros de deux séances lors du dernier Mondial. Ça, ce n’est pas bizarre, c’est immense.
Par Maxime Brigand