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Sunny De Ligt
Pour affronter la Bulgarie et l'Italie, Danny Blind a sorti deux surprises de son chapeau : le Laziale Wesley Hoedt et l'Ajacide Matthijs de Ligt. Mais tous les projecteurs sont braqués sur le second, seulement âgé de dix-sept ans, quelques matchs d'Eredivisie dans les pattes, et qui symbolise déjà l'espoir d'un renouveau à l'Ajax comme en équipe des Pays-Bas.
Habituellement, le 21 septembre est le jour où l’on annonce officiellement l’arrivée de l’automne. Mais cette année, pour l’Ajax Amsterdam, cette Saint-Matthieu avait des allures de sacre du printemps, puisque le club amstellodamois y a vu pousser l’un de ses potentielles plus belles fleurs. Au premier tour de KNVB Beker, la Coupe des Pays-Bas, les Godenzonen font jouer les coiffeurs pour affronter Willem II. Parmi eux, Matthijs de Ligt. Un défenseur d’à peine dix-sept ans qui a l’air d’en faire déjà 25 avec un gabarit de Viking (1,88m pour 76kg). C’est d’ailleurs ce physique de déménageur qui lui permettra de sauter plus haut que tout le monde sur corner à la 25e minute du match pour la balle du 2-0. L’Ajax gagne finalement 5-0. Mais le plus important n’est pas là. Premier match chez les pros, première titularisation, premier but pour De Ligt qui devient alors le second plus jeune buteur du club ajacide derrière un certain Clarence Seedorf. Un mois plus tard, l’Ajax fait signer son premier contrat professionnel à la pépite de Leiderdorp. Puis, il y a quelques jours, Danny Blind annonçait qu’il appelait Matthijs de Ligt dans le groupe oranje pour affronter la Bulgarie, puis l’Italie. À seulement dix-sept ans et treize matchs au haut niveau dans les jambes, le wunderkind affole les records et excite les observateurs du football néerlandais. La preuve : s’il venait à jouer contre la Bulgarie, De Ligt deviendrait le plus jeune joueur jamais sélectionné en équipe des Pays-Bas depuis… Mauk Weber en 1931.
Plus jeune international néerlandais depuis… 1931
Mais les débuts du défenseur ajacide ne sont pas qu’une affaire de statistiques. Le gamin batave a également de grandes qualités dans le jeu. Nonobstant cet indéniable physique qui lui permet de bouger n’importe qui sur un terrain de football, De Ligt est un excellent relanceur avec un goût certain pour l’offensive. Normal, avant de jouer les défenseurs, De Ligt évoluait au milieu de terrain. Si certains y voient des similitudes avec celui qu’il supplée parfois en tant que latéral gauche, Daley Sinkgraven, De Ligt est un joueur beaucoup plus solide défensivement, même si moins vif que la flèche de Drenthe. À dire vrai, le poste de prédilection du mineur néerlandais demeure défenseur central. Une position où rien n’est écrit dans le marbre, à l’Ajax (la doublette Sánchez-Viergeven assure, mais quid du roulement ?) comme en sélection nationale (un Virgil van Dijk vous manque et tout est dépeuplé). Pour autant, ne pas oublier que Matthijs de Ligt n’a que dix-sept ans, ce qui reste extrêmement jeune, même pour la très child labour-friendly Eredivisie. En février dernier, dans les colonnes de Metro, le jeune défenseur considérait que « l’Ajax joue très bien comme ça et il serait illogique de changer quoi que ce soit. Je vais me contenter d’observer et d’apprendre. Je vais patienter et prendre ma chance dès que j’en verrai passer une » . Histoire de ne pas occulter sa mauvaise passe qui coûta la victoire à l’Ajax contre Excelsior quelques jours après avoir obtenu après le titre d’homme du match contre le FC Copenhague en Ligue Europa.
Une classe ajacide 1998-1999 prometteuse
Heureusement, pour apprendre, il n’y a pas contexte plus idéal que d’être coaché par Peter Bosz, considéré par beaucoup comme le meilleur tacticien d’Eredivisie depuis plusieurs saisons, notamment pour ses velléités de jeu spectaculaire. C’est d’ailleurs Bosz qui a choisi de se passer des services d’autres supposés wunderkinderen, Reidewald et Tete, pour lancer dans le grand bain Matthijs de Ligt. Pour justifier son but contre Almelo, le numéro 36 de l’Ajax avait dit : « Le coach m’avait demandé de dribbler et de tirer au but. C’est ce que j’ai fait. » Bon élève, le Matthijs. Il avait également choisi de suivre des cours de vitesse avec l’ancien sprinter Troy Douglas pour améliorer ses courses, peut-être l’aspect le plus perfectible de son football. Et il n’est pas le seul freshman à bien écouter à l’Ajax. Cette saison, le club amstellodamois a vu débarquer une classe 1998-1999 dont De Ligt et Justin Kluivert, fils de, sont les fers de lance. Pour le moment, le latéral fantasque Deyovaisio Zeefuik, le milieu hargneux Carel Eiting, l’efficace pointe Kaj Sierhuis ou l’ailier supersonique Ché Nunnely continuent de faire leurs gammes en Eerste Divisie, contribuant à la seconde place de Jong Ajax dans le championnat, mais il ne serait pas surprenant de les voir débarquer eux aussi dans l’effectif professionnel de Peter Bosz qui poursuit le dégraissage du mammouth Frank-de-Boerien. Une fois cette entreprise terminée, aucun doute que Matthijs de Ligt sera là pour jouer les leaders sur le terrain.
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam