- Angleterre
- Premier League
- 31e journée
- Sunderland/Newcastle
Sunderland-Newcastle, chaud derby de la Tyne and Wear
Dimanche à 17h, Sunderland accueille Newcastle pour l'hégémonie du Nord-Est anglais. Un choc crucial pour les Black Cats, sous la menace de Burnley, et une affiche qui inquiète les forces de police quant à d'éventuels affrontements entre supporters.
« Nous travaillons ensemble pour nous assurer que tous les supporters rentreront chez eux en sécurité. Bien que le coup d’envoi à 16h amène des difficultés supplémentaires, notre priorité reste la même : la sécurité du public. » Les propos sont de Steve Neill, chef des équipes policières qui assureront la surveillance du prochain derby de la Tyne and Wear Sunderland-Newcastle, ce dimanche. Pourquoi tant de questionnements sur l’horaire du match ? Parce que Sky, diffuseur et grand argentier de la Premier League, a décidé de caler le gros match du Nord-Est comme affiche de fin d’après-midi. Et ce, malgré les recommandations de la police…
Depuis 2006, à l’heure du déjeuner pour prévenir la violence
Car depuis 2006, celle-ci s’arrangeait pour que les matchs entre les deux voisins – les deux stades sont à 20 km de distance – se jouent à l’heure du déjeuner pour limiter les affrontements violents entre partisans des deux camps. L’idée est simple : plus c’est tôt, moins les supporters les plus agressifs ont le temps de gonfler les chiffres d’affaires des pubs aux abords du stade. Même si l’animosité s’est un peu calmée à la faveur d’une tragédie estivale quand deux supporters des Magpies sont décédés dans le crash du MH17 de Malaysian Airlines en Ukraine. Les fans des Black Cats ont réagi par une collecte d’argent en faveur des familles des victimes, initiative qui a permis au dernier affrontement (victoire de Sunderland à Newcastle le 21 décembre) de se dérouler dans des conditions « normales » . Malgré tout, ce derby de la Tyne and Wear reste l’une des plus chaudes rivalités que le football britannique connaisse depuis le XXe siècle.
Pour les historiens, elle dépasse le cadre du ballon rond. Dès la Révolution anglaise du XVIIe siècle, la royaliste Newcastle s’oppose à Sunderland, favorable au régime parlementaire. Une opposition qui se répète lors de la Rébellion jacobite, puis dès la première révolution industrielle, la concurrence commerciale remplaçant alors l’animosité politique. Rien de plus logique que de voir cet antagonisme quasi génétique se transposer au football dès la fin du XIXe siècle, avec un match initial en FA Cup remporté par Sunderland en 1887. Le légendaire Bobby Robson ose même dire un jour que Newcastle-Sunderland est le plus grand derby du pays, alors que, dans les faits, Manchester United-Liverpool reste le must. La faute à un palmarès en berne dans les deux camps, puissances nationales du début du XXe siècle, mais sans titre en championnat depuis l’entre-deux-guerres.
6-1 pour le Boxing Day 1955
Mais à défaut d’avoir des titres à se mettre sous la dent, les supporters des deux camps peuvent se targuer de voir les deux équipes se rendre coup pour coup. Si possible en humiliant l’adversaire : 9-1 pour Sunderland sur la pelouse des Magpies en décembre 1908, saison où ces derniers remportent paradoxalement le titre, ou un 6-1 de Newcastle sur ses voisins lors du Boxing Day 1955… Des scores souvent fleuves, des stades pleins à craquer, et aussi beaucoup de traîtres : depuis le début de la rivalité, ils sont des dizaines à avoir vécu le derby avec les deux maillots, y compris deux Français, l’attaquant Louis Saha et le gardien Lionel Pérez.
Dimanche, ce derby de la Tyne and Wear aura une saveur toute particulière après la victoire tardive de Sunderland à St James’ Park en décembre. Car, si aujourd’hui, les coéquipiers de Moussa Sissoko sont dans une situation assez confortable, 12es à 10 points du premier relégable Burnley, les hommes du fraîchement nommé Dick Advocaat sont quant à eux dos au mur : 17e avec un seul petit point d’avance sur les Clarets. Le Néerlandais aurait fait passer un message simple à ses joueurs : « Prenez du plaisir » . Ce que les Black Cats n’éprouvent plus depuis le 3 février et leur dernier succès, à Fulham, en Cup. Mais pour espérer, ils pourront se souvenir que Newcastle a vécu un mois de mars catastrophique avec trois défaites en autant de matchs, et que ce sont eux qui ont remporté les quatre derniers derbys du Nord-Est. Un cinquième leur permettrait d’éviter de sombrer.
Par Nicolas Jucha
Propos de Steve Neill extrait du Guardian