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Sulantay : « J’ai un peu peur de l’arbitrage maison pour le Brésil  »

Propos recueillis par Arthur Jeanne
Sulantay : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;ai un peu peur de l&rsquo;arbitrage maison pour le Brésil <span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Le football chilien doit beaucoup à José Sulantay. Ancien sélectionneur des espoirs chiliens, celui qu'on surnomme El Negro a notamment lancé Vidal, Sánchez et Medel. Avec cette génération dorée, il a décroché la médaille de bronze au Mondial des moins de 20 ans au Canada en 2007. À quelques heures du 8e de finale entre ses protégés et le Brésil, il analyse ici l'équipe du Chili, bien plus forte que celle de Bielsa, selon lui.

Tu as formé toute la génération actuelle de la sélection, j’imagine que tu ressens beaucoup de fierté ?

Plus que de la fierté, je ressens une énorme satisfaction, celle du devoir accompli. Parce qu’en plus de la génération de Medel, Isla, Sánchez et Vidal, 3e du championnat du monde des moins de 20 ans au Canada, j’ai aussi formé la précédente qui a joué le Mondial 2005 en Hollande avec Marcelo Díaz, Jara, Matías Fernández, Fuenzalida.

Comment tu les as découverts ?

J’ai été sélectionner les joueurs dans chacun des clubs, j’ai vu beaucoup de matchs, mais surtout j’ai pris des joueurs qui correspondaient à mon idée de jeu, ça n’était pas forcément les meilleurs, mais c’était ceux qui avaient le plus de qualités pour le schéma tactique que j’ai mis en place et ensuite, évidemment, on les a fait travailler ensemble. Mais c’est vrai que j’ai été les chercher un par un dans chaque club. À Colo-Colo, on m’avait conseillé Jorquera qui était la pépite, mais finalement, j’ai pris Vidal qui ne jouait même pas en réserve, car il correspondait au genre de joueur que je cherchais.

Comment tu expliques le succès de cette génération ?

Pour moi, comme je te disais, cette équipe, c’était l’aboutissement de ma carrière, c’est celle pour laquelle j’ai le plus donné. J’avais déjà beaucoup d’expérience. On a travaillé ensemble avec les mêmes joueurs pendant 1 an et demi. On s’entraînait 3 fois par semaine, on a eu le temps de former cette génération, de les voir grandir ensemble et je crois que c’est le plus important. Le facteur psychologique, je dois insister dessus, a été très important. Traditionnellement, le football chilien est faible mentalement, nous n’avons pas la même « conviction » que les Allemands par exemple. Or cette génération est forte dans sa tête.

Beaucoup disent que cette force vient des origines modestes des joueurs, tu y crois ?

Sans doute, mais c’est surtout du travail. Presque tous les joueurs de cette génération viennent des poblaciones, certains avaient des problèmes familiaux assez sévères. Dans la poblacion, ils apprennent à jouer dur, ils ont la garra et une volonté d’or, mais aussi des problèmes d’indiscipline. Et avant d’être des footballeurs, ce sont des jeunes hommes venant de quartiers à problème. Du coup, il y avait une tonne de choses à leur apprendre en dehors du football. Je les prenais tous, 10 minutes par jour, pour discuter avec eux. Il y a bien sûr un travail d’éducateur. La formation a été un travail long. Au niveau du football, ils avaient déjà les conditions physiques et techniques pour être de bons joueurs, mais il a fallu les accompagner. Il a fallu convaincre ces petits des poblaciones qu’ils pouvaient devenir des hommes capables de faire de grandes choses dans ce monde.

Vidal, notamment, avait des problèmes d’indiscipline ?

Le problème, c’est qu’Arturo a les défauts de ses qualités. Il a des grandes qualités de leader et beaucoup d’ambition qui, à l’époque, n’étaient pas bien canalisées. Toute cette énergie et cette ambition pouvaient être négatives pour l’équipe. Il voulait absolument être capitaine, mais il commettait beaucoup d’erreurs sur le terrain. Il était assez désordonné et faisait un peu ce qu’il voulait, mais on a travaillé là-dessus. J’ai été assez dur avec lui. Mais maintenant, c’est un joueur extraordinaire.

Au Canada, après la défaite en demi-finale contre l’Argentine, il y a eu une histoire incroyable avec la police. Raconte-nous.

C’est une histoire horrible. Aujourd’hui encore, j’ai du mal à la raconter. La police canadienne a été très « spéciale » . Il y a beaucoup d’immigrés chiliens au Canada, le match a été très tendu, et donc à la fin, malgré la défaite, avant de monter dans le bus, les joueurs ont été saluer leurs proches et tous les Chiliens présents. Les Chiliens étaient dehors, dans la rue, à 20 mètres du bus et la police canadienne n’a pas laissé les joueurs passer. Le ton est monté, certains joueurs ont voulu y aller quand même et là c’est devenu chaud. La police canadienne a tasé sans raison Isaias Peralta, qui depuis est surnommé « Chico electrico » . Du coup, évidemment, les autres sont descendus du bus pour venir à sa rescousse. Mauricio Isla a été frappé. Les joueurs voulaient juste remercier le public, et au final 9 d’entre eux ont été menottés et détenus dans le vestiaire pendant 3 heures.

Tu crois que cela a eu une importance pour créer un esprit de corps dans l’équipe actuelle ?

Je pense que oui. Par exemple, quand Vidal a vu que Gary Medel était menotté par la police, il a absolument voulu y aller. Ça a sans doute soudé les liens entre les joueurs. Vivre une expérience difficile ensemble, ça aide. Mais de manière plus générale, si l’équipe est aussi solidaire, c’est que les joueurs se connaissent depuis longtemps, qu’il y a eu un long travail en amont.

Quels sont les points faibles de la sélection chilienne aujourd’hui ?

Le principal problème, c’est que le Chili a une seule manière de jouer. Nous ne sommes pas capables de nous adapter tactiquement à l’adversaire, on a un système de jeu bien rodé, mais assez peu de variété, et c’est ce qui peut nous causer des problèmes et nous a déjà mis en difficulté contre les Pays-Bas. On a du mal à attendre, à faire tourner. On attaque beaucoup, mais parfois on ne défend pas bien. On a beaucoup de mal contre les équipes qui jouent en contre, car on défend très haut, on presse beaucoup et on offre trop de 1 contre 1 en face défensive. Contre la Hollande, on a eu beaucoup de mal, car leurs attaquants sont très rapides et que précisément la vitesse n’est pas la qualité principale de nos défenseurs.

Le jeu aérien aussi est un problème aussi, non ?

Oui, mais au final, on n’a pris qu’un but de la tête, c’est pas notre plus gros problème. Et de toute façon, on peut faire quoi, si les défenseurs chiliens sont petits. C’est que les Chiliens en général ne sont pas grands. 1m80, c’est déjà quelqu’un de vraiment grand ici. On ne va pas sélectionner des joueurs grands moins bons que ceux qui sont plus petits. On ne va pas non plus jouer contre nature.

Tu crois que le Chili peut battre le Brésil ?

S’il n’y a pas de vents contraires qui nous dérangent, oui je crois qu’on peut gagner, on peut battre le Brésil.

T’as peur d’un arbitrage maison ?

J’espère que non, mais j’ai un peu peur. Je pense qu’il y a des choses qui vont au-delà du football qui peuvent jouer. Il y a des tensions sociales très fortes ici au Brésil qui font que si le Brésil ne gagne pas, ça va être tendu, donc j’ai un peu peur de ça, oui.

Lors de ses deux derniers huitièmes de finale, le Chili a perdu 4-1 et 3-0 contre l’Auriverde. Peut-on parler une malédiction chilienne contre le Brésil ?

Je ne crois pas qu’il faille parler de malédiction, on a juste eu la malchance de tomber sur le Brésil en huitièmes deux fois de suite. Et à l’époque, l’équipe du Brésil était supérieure. Aujourd’hui, la sélection brésilienne n’est pas aussi puissante qu’en 98 ou même qu’en 2010. C’est une équipe dépendante de Neymar, qui a des problèmes au niveau du jeu. Je crois vraiment que cette fois, on a notre chance.

Comment il faut jouer pour battre le Brésil ?

Déjà, c’est une évidence, mais il faut être à 100%. Il ne faut pas renier notre système de jeu, juste être capable d’attendre un peu plus. Nous devons jouer comme contre l’Espagne. Il faut qu’on réussisse à mettre de la variété dans notre jeu. C’est le meilleur moyen de contrer le Brésil. Nous avons très bien joué contre l’Espagne, car nous les avons pressés très haut, ce qui les a beaucoup dérangés. Mais il est impossible de presser pendant 90 minutes. Or contre l’Espagne, on a su être patients, une fois qu’on menait, on s’est mis à défendre un peu plus bas, à leur laisser la balle, ce qui est important aussi. Comme je disais, nous sommes vulnérables en contre, donc on ne doit pas partir à l’abordage. On l’a vu contre la Hollande, où à force d’attaquer et de jouer haut, nous nous sommes fait punir sur des contre-attaques mortelles.

Valdivia doit jouer pour toi ?

Si un joueur n’est pas à 100%, il ne peut pas jouer, qui qu’il soit. Valdivia n’est pas en forme physiquement, il ne doit pas jouer. C’est tout.

L’équipe du Chili est plus forte qu’en 2010 ?

Oui, bien plus forte, beaucoup plus forte. Je vois cette équipe bien plus mature. Maintenant, presque tous nos joueurs jouent en Europe. Ce sont les mêmes joueurs qu’il y a quatre ans, maintenant ils ont tous 26, 27 ans, c’est le meilleur moment de leur carrière. La génération que j’ai formée est arrivée à maturation. Il y a 4 ans, ça n’était pas tout à fait le cas. Ils ont de la qualité, de la puissance, de l’expérience. Ils ont tout. C’est la meilleure génération du football chilien.

Tu préfères cette équipe ou celle de Bielsa ?

Je préfère largement cette équipe. Il y a plus d’équilibre et de maturité. Je pense aussi qu’il faut arrêter avec Bielsa, évidemment il a fait du bon boulot, mais après, quand tu regardes en Afrique du Sud, on a gagné que deux matchs hein, c’est pas non plus extraordinaire de battre la Suisse et le Honduras. Et ici on a battu l’Espagne, ce qui n’est pas exactement la même chose. On a éliminé le champion du monde sortant. Donc entre battre le Honduras et la Suisse, et sortir l’Espagne, il y a quand même un gouffre. Cette équipe est plus forte.
Brest en état de Graz

Propos recueillis par Arthur Jeanne

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