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Suède-Suisse : l’heure des explications
Mardi, à Saint-Pétersbourg, la Suisse et la Suède se retrouvent pour la première fois depuis seize ans et vont se disputer une place en quarts de finale du Mondial. Au départ, ce match ne racontait pas autre chose. Puis, les Suédois ont décidé de jeter dans l'air quelques braises.
Tentative d’évasion lundi, à Saint-Pétersbourg : Vladimir Petković fait face à la presse, il est question du huitième de finale de Coupe du monde à venir entre la sélection qu’il dirige depuis l’été 2014, la Suisse, et la Suède, mais aussi de bien autre chose. Sur le moment, on a senti le natif de Sarajevo lâché sans bouée de sauvetage au milieu d’un océan : « Hum, on peut passer à la question suivante ? » Silence dans la salle. Mais que cherche, au fond, cet adversaire ? Depuis quelques heures, en effet, une photo circule entre les journalistes : on y voit le défenseur suédois Pontus Jansson planqué sur l’un des bancs de touche du stade Krestovski, en train de mimer des deux mains l’aigle du drapeau albanais. Les cibles : Xherdan Shaqiri et Granit Xhaka, évidemment, originaires du Kosovo, qui avaient célébré leurs buts de cette manière le 22 juin dernier contre la Serbie (1-2). Signe de défiance ultime, grosse polémique dans la foulée, incendie à éteindre. Mais ça, les Suédois s’en moquent pas mal, ces derniers étant déjà sortis de leur cachette il y a plusieurs heures : dans un entretien donné au quotidien suédois Aftonbladet, Mikael Lustig a annoncé que l’objectif des Blågult, mardi, serait de faire sortir Xhaka de la rencontre. « On sait qu’il peut assez facilement se faire expulser… Il nous suffit de garder la tête froide et de tenter d’exploiter cette information » , a ainsi expliqué le défenseur du Celtic. Drôle d’ambiance.
« C’est drôle… »
Ce qu’en a dit Xhaka, lundi : « Des proches m’en ont parlé. C’est de la provocation, mais j’ai déjà appris de mes erreurs passées. Ils n’arriveront pas à me faire sortir de mon match. » Petković, lui, s’est contenté d’un « c’est drôle… » qui n’a pas vraiment réussi à envoyer balader sa surprise face aux chatouilles d’une Suède qui arrive mardi en position de force. Avant ce huitième, la bande de Janne Andersson est sur un solide nuage de confiance – première de son groupe devant le Mexique, l’Allemagne et la Corée du Sud – et semble se sentir intouchable : ce n’est pas du défi, ni du mépris, juste de la certitude. Andersson : « On a toujours du respect pour l’adversaire, toujours. On sait que la Suisse arrive en favorite demain, mais j’ai la conviction que si l’on joue notre jeu, on peut se qualifier. En tout cas, les joueurs sont prêts.(…)Je ne vois aucune objection à l’idée d’aller jusqu’en finale, comme en 1958, mais honnêtement, je n’y pense pas. Jouons déjà ce huitième, on verra ensuite. » D’où vient cette histoire d’une Nati supérieure ? Du classement FIFA : la Suisse, invaincue depuis le 10 octobre dernier, y pointe à la sixième place (!), la Suède à la vingt-quatrième position. « Certains font des calculs mathématiques et savent ce qu’ils font, sourit le sélectionneur suédois. La Suisse a gagné des matchs, sa position au classement n’est pas mon problème. Moi, je ne fais que me baser sur des calculs. »
Gommer le passé
Petković, privé de Lichtsteiner et Schär, suspendus, ne présente pas le combat de la même manière et a préféré ressortir lundi le bon vieux « ça sera du 50-50 » : « Certaines personnes confondent parfois la Suisse et la Suède ? Eh bien, l’astuce pour nous différencier, c’est que nos couleurs ne sont pas les mêmes déjà, mais aussi qu’on propose deux styles de jeu différents. De notre côté, on veut dominer la rencontre, car on sait que notre victoire en dépendra. » L’idée, côté suisse, est aussi de dégager au loin les performances historiques à égaler (quart de finale en 1954) et de surtout gommer le huitième de finale perdu en France, il y a deux ans, aux tirs au but face à la Pologne. Qui avait raté ce jour-là ? Xhaka, encore lui. « Je peux dormir, rassurez-vous, a souri lundi le milieu d’Arsenal. Je n’y pense pas tous les jours et je sais que tout peut se passer si l’on arrive jusqu’aux tirs au but demain. Et je demanderai à retirer. » Cette issue à la rencontre a été évoquée à plusieurs reprises et il faut s’y préparer. Bizarrement, on se dit que ça serait le meilleur des règlements de comptes.
Par Maxime Brigand, à Saint-Pétersbourg