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- Espagne-Suède (2-1)
Suède : la mauvaise Blågult
Prétendante légitime au titre final, la Suède a été éliminée en demi-finales par l’Espagne après une fin de match dantesque. Une sortie aux portes de la finale - comme lors du Mondial précédent - difficile à encaisser pour cette génération pétrie de talent.
Quatrième élimination en cinq demi-finales : la malédiction continue pour les Suédoises. Après avoir pourtant écarté deux des favoris de la compétition, les Etats-Unis puis le Japon, les joueuses de Peter Gerhardsson n’ont pas réussi à faire parler leur expérience (défaite 2-1) face à des Espagnoles qui se retrouvaient à ce stade de la compétition pour la première fois de leur histoire. Une déception supplémentaire pour la troisième nation au classement FIFA (derrière les USA et l’Allemagne). Et une lose qui lui colle à la peau.
Le plafond de verre des demies
Le palmarès suédois relève du paradoxe. Les Blågult ont été présentes seize fois dans le dernier carré, toutes compétitions internationales confondues, mais ne comptent qu’un seul succès majeur : le premier Euro féminin, en 1984. Le reste n’est qu’un enchainement d’actes manqués. « Je ne crois pas à la notion de gagnant ou à quoi que ce soit de ce genre. Il suffit de regarder les JO (2021) où on a juste manqué un penalty décisif », déclarait en juillet le sélectionneur suédois. Les Jaune et Bleu ont été trois fois médaillées de bronze en Coupe du monde (1991, 2011 et 2019). Seule l’édition 2003 fait office d’exception : la bande à Hanna Ljungberg et Malin Andersson était parvenue à se hisser jusqu’en finale, pour être battue par l’Allemagne (2-1). Avant la rencontre face à la Roja, Kosovare Asllani – l’une des joueuses les plus en vue lors du quart face au Japon – déclarait : « L’expérience est certainement quelque chose dont nous pouvons bénéficier, nous sommes allées loin lors des derniers tournois et c’est quelque chose que nous devons utiliser. » Avant de rappeler que « les matchs peuvent sembler différents, mais au final, le plus important est le résultat ». Ce résultat montre que cette année encore, l’expérience n’a pas suffi.
Une nation en crise de résultat
La malédiction ne se limite pas aux Coupes du monde : balayées dans le dernier carré de l’Euro 2022 par l’Angleterre, futur vainqueure, les Suédoises n’ont pas plus de réussite sur le plan continental, avec cinq éliminations en neuf demi-finales disputées (1989, 1997, 2005, 2013 et 2022), pour quatre finales jouées et un seul trophée soulevé, celui de 1984. L’équipe scandinave possède certaines des meilleures joueuses du monde, comme Stina Blackstenius (39 matchs pour 18 buts avec Arsenal cette saison), Fridolina Rolfö, championne d’Europe avec le Barça, ou Kosovare Asllani, virtuose de l’AC Milan. Contrairement aux États-Unis, le renouvellement de génération s’est fait naturellement : les Lotta Schelin et Nilla Fischer ont été remplacées par des Stina Blackstenius et Amanda Ilestedt, et le royaume est resté une place forte du football féminin européen et mondial. Mais toujours pas de nouvelle ligne au palmarès.
La Suède possède également l’un des jeux les plus attrayants du circuit depuis l’arrivée sur le banc de Peter Gerhardsson, à l’orée de l’Euro 2017. La Suède est au football féminin ce que sont les Pays-Bas chez les hommes : une équipe romantique qui ne parvient pas à concrétiser cela en titre. Le tableau des breloques est quasiment similaire : un Euro remporté de chaque côté, et toujours un brin de malchance pour transformer l’essai, malgré un jeu léché et de sublimes élements. La Suède finira bien par y arriver comme le rappelait en conférence de presse Johanna Rytting Kaneryd, milieu de terrain de Chelsea : « Ce n’est pourtant pas une coïncidence si nous avons eu beaucoup de bons résultats dans les derniers tournois. Je pense qu’il est temps ». Rendez-vous pris en 2024, pour vaincre le signe indien.
Par Léna Bernard