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Sucré Szalai

Par Adel Bentaha
5 minutes
Sucré Szalai

Après le Portugal, la Hongrie s’apprête à défier la France pour la deuxième journée du groupe F. Un nouveau casse-tête pour les Magyars qui pourront tout de même compter sur leur géant offensif : Ádám Szalai, son mètre 93 et ses 90 kilos. À 33 ans, le rebelle de Budapest a su mettre de côté le beau jeu, au profit du don de soi, sur comme en dehors du terrain.

Emmenée par sa bouillante Puskás Aréna, la sélection hongroise tentera de faire flancher le colosse français. Aux avant-postes, Ádám Szalai se chargera d’annihiler les premières relances des Bleus, comme il a su le faire contre le Portugal durant près de 80 minutes. Le vieux briscard pourrait même se payer le luxe de planter une banderille dans les buts d’Hugo Lloris, pour embellir le tableau d’une longue et sinueuse carrière.

Le géant en exil

Ádám Csaba Szalai porte sur ses épaules la responsabilité de toute une nation. Digne successeur de Balázs Dzsudzsák et capitaine emblématique de la Hongrie, c’est loin de son Budapest natal que l’attaquant a su faire sa renommée. « Mon parcours, je ne le dois qu’à moi-même. Personne ne m’a aidé en Hongrie, je me suis débrouillé tout seul » clame le revanchard. Formé chez les géants du Honvéd et d’Újpest, il prend son envol à seulement 17 ans pour rejoindre l’Allemagne et le VfB Stuttgart, séduit par ce beau bébé. En post-formation dans le Bade-Wurtemberg, qu’il décrit comme « les moments les plus compliqués de [sa] vie en raison de la barrière de la langue », le jeune Ádám franchit un palier en 2007. Sur les conseils du novice Julen Lopetegui, alors recruteur, le Real Madrid « casse sa tirelire » et débourse 500 000 euros pour s’offrir l’adolescent. Débarqué au Castilla, le Hongrois détonne et lie une véritable relation père-fils avec le Basque, devenu coach, qui lui permet d’intégrer l’équipe A en 2009.

À Valdebebas, le buteur s’éclate, discute avec Benzema ou Van der Vaart, mais rencontre surtout son modèle : Cristiano Ronaldo. « Je vivais un rêve, c’était inespéré pour moi, se remémore le numéro 9. Au-delà du joueur, c’était son attitude avec les jeunes que j’appréciais. » Une aventure idyllique, vite rattrapée par les prérogatives de l’âge adulte. Trop vieux pour l’équipe réserve, trop tendre pour débuter en Liga, l’exil frappe à nouveau à sa porte. Direction Mayence à l’hiver 2010, sous les ordres de Thomas Tuchel, pour lancer une aventure mouvementée en Bundesliga. Présent outre-Rhin depuis onze ans, le Magyar a en effet porté les couleurs de quatre clubs, incluant trois passages chez les Mayençais. Szalai évolue et se transforme en joueur de devoir, caractérisé par un style atypique au bilan famélique : cinq buts marqués en moyenne par saison pour celui dont la meilleure performance remonte à 2013, avec 15 pions inscrits. Loin de l’attaquant obnubilé par les statistiques, lui est un hargneux. « C’est une question d’éducation. Le football se joue à onze, celui qui ne pense qu’à lui se trompe complètement », narre-t-il. Son match face au Portugal, où il aura joué comme milieu récupérateur (10,3 kilomètres parcourus,3 tirs, NDLR), en est une illustration singulière.

Angry hongrois

Besogneux sur le terrain, Ádám Szalai l’est tout autant en dehors. Le géant est en confiance, n’hésitant jamais à dire ce qu’il pense. Le 12 octobre 2013 restera ainsi une date marquante pour tout suiveur du football hongrois, celle d’une conférence de presse hors du commun. Alors que la Hongrie vient de s’incliner face aux Pays-Bas (8-1 !) dans la course au Mondial 2014, l’avant-centre se présente devant les médias et lance : « La vérité, c’est que le football en Hongrie est mauvais ! Nous n’avons pas le moindre joueur évoluant dans les grands championnats européens. » Le monologue dure une demi-heure, sans langue de bois. « Nos entraîneurs ont beaucoup de mal ! Ils viennent, installent le matériel et attendent qu’on se débrouille. Les problèmes financiers ne sont pas des arguments valables. » Une sortie assumée, suivie d’une retraite internationale anticipée à 26 ans. Il faut finalement attendre le mandat de son ami Pál Dárdai une année plus tard pour voir Szalai réintégrer le groupe et devenir l’élément clé de la Hongrie sur la route de l’Euro 2016. Un rôle de guide qu’il ne quittera plus… ou presque. Pour fêter la qualification des siens, il ne trouve effectivement rien de mieux que de se rendre dans un bar de Budapest pour offrir des shots de pálinka (alcool hongrois) à toute l’assistance.

Pour l’édition 2020, l’attaquant se distingue encore plus par son aura. Charisme probant, qu’il agrémente volontiers d’un discours mémorable à l’occasion d’une rencontre de barrages face à l’Islande : « Les gars, le pays vient de vivre une année terrible à cause de la Covid. Tout le monde ou presque a perdu son emploi, les gens sont dans la merde pendant que nous, nous menons une vie de privilégiés. Le minimum, c’est d’entrer sur le terrain et de tout arracher! On peut changer cette année ! On doit gagner pour eux ! » Il se distingue également en allant contre l’avis de Viktor Orbán et en hurlant sur ses propres supporters, eux qui, en match amical, sifflaient les joueurs irlandais posant le genou à terre. Homme de convictions et homme convaincu, Szalai ne se cache jamais, quitte à s’attirer de sérieux ennuis. L’ultime fait d’armes se déroule du côté de Mayence, à l’automne dernier. En cause, des salaires impayés durant plusieurs mois. Le Hongrois furibard, représentant-délégué du groupe professionnel, s’en prend alors ouvertement à son président Stefan Hofmann, au directeur sportif Rouven Schröder et au coach Achim Beierlorzer. Résultat des courses : une suspension entre septembre et janvier, accompagnée d’une instance de départ. Ádám Szalai, véritable modèle de combativité, a donc certainement fait de cet Euro son dernier tour de piste international et saura, à coup sûr, répondre présent face à la France.

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Par Adel Bentaha

Propos d'Ádám Szalai tirés de La Razón, Marca et conférences de presse.

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