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Suarez et Forlan font le show

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Suarez et Forlan font le show

Comment remporter une compétition ? Recette : prenez un gardien en état de grâce, une défense centrale impénétrable, des roquets au milieu de terrain, et ajoutez deux pincées de génie devant. Pas compliqué.

Uruguay

Muslera (6,5). Une seule intervention, mais quelle parade. Une envolée sur la frappe de Nelson Valdez, pour dévier le ballon du bout des gants sur la barre. Les dirigeants de Galatasaray, qui viennent de l’enrôler, peuvent se frotter les mains. Et même les gants.

Maxi Pereira (7). La latéral de Benfica a beaucoup apporté offensivement. Clairement, il aurait rêvé d’ajouter son nom au tableau des buteurs. Il se contente d’un titre de meilleur latéral du tournoi. Lot de consolation.

Lugano (7). Le capitaine a répondu présent. Si son équipe n’a encaissé que 3 buts en 6 matches, c’est en partie grâce à lui. Ce soir encore, il a été impeccable, élégant qui plus est. Que ce défenseur n’ait, à bientôt 31 ans, jamais joué ailleurs qu’en Uruguay, au Brésil et en Turquie demeure une énigme.

Coates (6,75). 20 ans, et déjà tout d’un grand. Titularisé pour la seconde fois après la demi-finale face au Pérou, le géant Coates a prouvé que l’âge n’a pas forcément d’importance. Il a même pris son carton jaune, comme les grands.

Caceres (6). Une tête de taulard et des interventions parfois à la limite du politiquement correct pour masquer un certain manque technique. Pourtant, à 24 ans, son CV dit FC Barcelone, Juventus et FC Séville. Moralité ?

Alvaro Gonzalez (6,5). Un vrai chien. Le genre de type qui pourrait venir bouffer les chaussettes de ses adversaires ou arracher leur short. En même temps, il avait de l’énergie à revendre : il a passé sa saison à cirer le banc de la Lazio Rome.

Arevalo Rios (6). Le caviar pour libérer Forlan d’une année d’abstinence pourrait s’apparenter à une offrande divine.

Diego Perez (6,25). Un vrai salopard, comme on les aime. Des coups, des courses, des tacles, de la dévotion. Si Cyril Rool et Gennaro Gattuso avaient engendré une progéniture, ils auraient certainement voulu qu’elle ressemble à cela.

Alvaro Pereira (5,5). D’accord, avec sa queue de cheval, le joueur du FC Porto ressemble au Ronaldinho de la grande époque. Par contre, aujourd’hui, il a été aussi discret que Ronnie, un lendemain de sortie nocturne. Peu importe, Suarez a joué pour deux.

Luis Suarez (9). L’homme du tournoi, il est là. Un diable. Un poison. Un génie. Ce joueur de 24 ans a déjà tout. Il peut pourrir la vie de ses adversaires (demandez à l’Argentine), se battre comme un lion, dribbler, donner, tirer, marquer. Et puis un joueur qui, après avoir scoré, court dans tous les sens comme un enfant, c’est toujours beau.

Forlan (10). Pour l’ensemble de son œuvre. Parce qu’il devient le meilleur buteur (à égalité) de l’histoire de l’Uruguay. Parce qu’il offre la victoire à son peuple. Parce qu’il est grand. Et aussi parce que ces deux buts-là, pleins de rage, pleins de classe, on aurait même aimé qu’il les marque lors d’une autre finale. Il y a un an, par exemple ?

Remplaçants : Malgré les remontrances et les semonces d’Aurelio De Laurentiis, le président napolitain, Cavani (5,5) a tout de même joué une bonne demi-heure. Le temps d’offrir une balle de but à Eguren (5), autre entrant, et de lancer l’action du troisième pion. Tabarez a offert à Godin (non noté) deux minutes de bonheur. Histoire de voir le dernier but de plus près.

Paraguay

Villar (6). Si le Paraguay a pu jouer cette finale, c’est en (très) grande partie grâce à lui. Il a tenté de tenir la baraque, a même sauvé un duel face à Forlan, mais la baraka a fini par l’abandonner. Pour Villar, Capri, c’est fini.

Piris (6). Sao Paulo vient de l’engager pour remplacer, entre autres, Miranda, parti en Europe. Technique et rapide, il devrait faire le bonheur du club paulista. A défaut d’avoir fait, ce soir, celui du Paraguay.

Paulo da Silva (4,5). Forlan et Suarez sont de sacrés clients. Si on y ajoute, en plus, Cavani, cela devient impossible pour le gentil Da Silva. En même temps, son club, le Real Saragosse, vante cette saison l’une des moins bonnes défenses de Liga. Lien de cause à effet ?

Veron (4). On peut s’appeler Veron, être chauve, et avoir l’une des plus belles pattes gauches des années 2000. Et puis on peut aussi s’appeler Veron, être chauve, et se faire humilier par Luis Suarez pendant 90 minutes.

Marecos (5). Il a tenté quelques montées, et même des frappes lointaines, notamment en seconde période. Dommage de ne pas avoir fait tout ça tôt. Ni au tour précédent. Ni au tour précédent.

Ortigoza (3,5). Perdre une balle dans l’axe, à 30 mètres du but, en finale de la Copa America, est passible de deux ans de non-convocation en équipe nationale. Heureusement pour lui, il a été bon les matches précédents. Alors ce sera seulement un an.

Riveros (5,5). Pilier de la sélection paraguayenne depuis 2006, il a été bouffé au milieu par les aboyeurs Gonzalez et Perez. Paraît-il qu’il tenait à ses chevilles.

Caceres (5). Il pourra dire à ses potes que Caceres a remporté la Copa America. Il ne leur dira pas qu’il a un homonyme uruguayen.

Vera (5). Qui a vu, Vera. Lui n’a pas vu grand-chose, à part les défenseurs uruguayens. Dommage, sa vista aurait pu servir aux attaquants.

Valdez (6). En début de seconde période, d’une volée géniale, il a bien failli inscrire le plus beau but de cette Copa. Il s’agira là de son seul ballon exploitable de toute la rencontre. Le reste du temps, il l’a passé au milieu du terrain, à tenter de récupérer des ballons pour s’offrir des balles de but à lui-même. Solitude.

Zeballos (4,5). Plus d’un but tous les deux matches cette saison dans le championnat paraguayen. Aucune occasion lors d’une finale de Copa America. Il va falloir apprendre à choisir ses matches.

Remplaçants : Entrés à une demi-heure du terme, Estigarribia (5) et Hernan Perez (5) n’ont pas su apporter leur fraîcheur. En même temps, à 2-0, même eux n’y croyaient plus. Quant aux dirigeants de Dortmund, ils vont être contents : Lucas Barrios (non noté), blessé, a tout de même voulu tirer sur la corde et jouer le dernier quart d’heure. Résultat, un claquage au bout de cinq minutes et une sortie sur civière. De Laurentiis compatit.

Eric Maggiori

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