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Suárez-Deulofeu, la jeunesse barcelonaise au pouvoir sévillan
Deux belles gueules, et des talents tout aussi séduisants. Denis Suárez et Gerard Deulofeu, prêtés par le FC Barcelone, font actuellement la joie du FC Séville. Entre apprentissage du haut niveau et promesses pour l'avenir, les deux larrons sont l'illustration du projet porté par Unai Emery.
À chacune de ses réceptions, le Sánchez-Pizjuán offre à son audience un instant privilégié. Quelques secondes avant l’entrée sur le pré des 22 protagonistes, l’enceinte du FC Séville reprend à l’unisson la chanson du centenaire du club d’El Arrebato. Les poils se dressent, les frissons sont garantis. Les demoiselles, elles, portent également une attention très particulière à Denis Suárez et Gerard Deulofeu. Favoris de la gent féminine, ils sont plus largement les chouchous de l’aficion sevillista. Respectivement âgés de 21 et 20 printemps, ces internationaux espoirs forment la belle gueule d’un FC Séville très sexy. À la mi-championnat, l’équipe d’Unai Emery a battu le record de points du club sur une phase aller – et ce, alors qu’elle lui reste un match en retard à disputer face au Real Madrid. Certes, les deux jeunes hommes ne sont pas les leaders de terrain et de vestiaire des Palanganas. Mais ils en incarnent les ambitions. Présentation de deux produits barcelonais qui comptent rapidement troquer leur statut d’espoirs espagnols contre celui de talents confirmés.
« À 17 ans, j’étais déjà plutôt bon, mais… »
Gerard et Denis, de deux mois son aîné, font partie de l’élite footballistique espagnole. Dès la sélection U16, ils se côtoient et émerveillent leurs sélectionneurs successifs. À une différence près : l’ailier est un pur produit de la Masia barcelonaise, tandis que son acolyte meneur de jeu squatte la cantera du Celta Vigo. Ce dernier, justement, s’offre un exil précoce outre-Manche. « C’était un enfant avec beaucoup de personnalité, de caractère. Il a toujours su ce qu’il voulait, et il y a mis les moyens, se remémore Michel Martinez, sa figure paternelle au centre de formation galicien. Son départ à Manchester City ne m’a pas déçu, mais je pense que le championnat anglais n’était pas fait pour lui. » Effectivement, recruté à prix d’or par la super-puissance mancunienne – près d’un million d’euros pour une pépite de 17 ans –, son passage anglais est un échec qu’il admet à haute voix dans les colonnes du Pais: « À 17 ans, j’étais déjà plutôt bon, mais il me manquait du physique. Je ne pouvais pas rivaliser dans un championnat aussi physique que celui d’Angleterre. Ici, on joue plus au football qu’en Premier League. »
Conscient de son mauvais choix de carrière, il répond par l’affirmative à la drague du FCB. À l’été 2013, il rejoint ainsi l’équipe réserve du Mes que et retrouve un football qui lui sied comme un chausson. Au même moment, Gerard Deulofeu fait lui le chemin inverse. Au club depuis 2003, il est promis à un destin de haute volée et part s’aguerrir physiquement sur les bords de la Mersey. Son prêt d’un an est une réussite, selon son mentor d’alors, Roberto Martínez : « Il était important de lui faire prendre conscience des concepts du foot anglais, pour qu’il comprenne comment est le football en dehors de Barcelone. L’aventure a été très bonne. » Si bonne que la direction sportive blaugrana décide de le rapatrier un an plus tard alors que ledit Roberto souhaitait prolonger d’une saison son idylle avec le jeune Gerard. Bref, l’été 2014 pointe le bout de son nez et les deux gus font partie de l’escouade de Luis Enrique. Pas pour longtemps. Denis Suárez fait partie du deal Rakitić et est expédié pour deux saisons en prêt dans la capitale andalouse. Après une pré-saison jugée décevante par Lucho, Deulofeu est également envoyé glaner du temps de jeu avec le FC Séville.
Denis, une première touche artistique
Fort d’une préparation qui a enivré Unai Emery, Denis Suárez intègre illico le onze titulaire. Sa principale force ? « Sa première touche de balle. Il a quelque chose de très artistique dans ses contrôles. Il rentre comme il veut dans la surface, puis décale toujours merveilleusement ses coéquipiers » , dixit Michel Martinez. Titulaire jusqu’à l’automne, il connaît une légère baisse de forme, a contrario de son comparse Deulofeu. Avec son incorporation tardive, il alterne enfin ses dribbles et diversifie son jeu jusque-là stéréotypé. Tant et si bien qu’il gagne ses galons dans l’effectif. À l’heure actuelle, les deux minots facturent 3 buts et 7 passes décisives en 20 apparitions pour Gerard et 4 pions et 3 caviars en 25 matchs pour Denis. « Je suis très content d’eux, de leur apport, de leur envie et de leur jeunesse qui dynamise l’équipe, leur envoie dans le sens du poil leur entraîneur basque. Je crois qu’ils y vont pas à pas et qu’ils leur en restent encore quelques-uns à faire pour donner encore plus à Séville. » L’espoir d’Unai Emery sera pourtant rapidement confronté au pragmatisme du Barça. Interdits de recrutement jusqu’en juin 2016, les Blaugrana verraient d’un bon œil le retour au bercail de ces deux pépites.
Par Robin Delorme, à Madrid