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Sturridge débranche Galles
Dans une atmosphère de Premier League, l'Angleterre a battu le pays de Galles au buzzer avec un but tardif, mais ô combien précieux de Daniel Sturridge. Désormais premiers du groupe B, les hommes de Roy Hodgson devront valider leur ticket contre la Slovaquie.
Angleterre 2-1 Pays de Galles
Buts : Vardy (56e), Sturridge (90e) pour les Three Lions // Bale (42e) pour les Gallois
Jusqu’au bout, ils ont cru tenir en respect les Trois Lions. Et ainsi justifier leur nouveau statut officieux, depuis la victoire contre la Slovaquie, de « meilleure équipe britannique » . Mais dans le bout du bout du temps additionnel, Daniel Sturridge en a décidé autrement. En relais avec Delle Alli, l’attaquant de Liverpool s’en est allé crucifier Wayne Hennessey avant de célébrer avec sa danse habituelle devant le kop anglais. La bande à Wayne Rooney est désormais relancée, celle de Gareth Bale devra aller chercher sa qualification face à la Russie, en espérant que le football gardera la main sur cette opposition à risques. Cruel pour les supporters gallois, exemplaire même après le coup de sifflet final, pendant qu’ils ovationnaient leurs joueurs. Avec un tel soutien, on peut penser que ces derniers feront quelque chose dans un groupe totalement relancé après la victoire de la Slovaquie mercredi.
Bale trap
On nous avait promis un derby, un vrai match de Premier League avec l’intensité et l’allant offensif que cela implique. Alors forcément, quand Ashley Williams se troue face à Harry Kane plein axe, on se dit que oui, on va déguster un match totalement débridé. Sauf que l’attaquant de Tottenham ne peut exploiter la situation, et après, on n’a pas forcément le droit à une pluie d’occasions franches. Raheem Sterling rate le cadre à la suite d’un beau centre d’Adam Lallana qui avait été servi dans le dos de la défense par Harry Kane (7e), puis Gareth Bale décoche une première frappe dans la surface. Mais Gary Cahill veille au grain (10e). Ce sont finalement le défenseur central de Chelsea, sur une tête en reculant captée par Wayne Hennessey (25e), puis Chris Smalling, dont le coup de casque rase le poteau du gardien gallois (36e), qui sont les plus proches de marquer.
À part ça, pas grand-chose si ce n’est l’ambiance dans les tribunes, avec des Anglais qui n’ont plus rien à prouver et des Gallois qui exultent à chaque geste défensif réussi des Rouges. Et aussi l’activité d’Aaron Ramsey côté pays de Galles, ou les transversales chirurgicales de Wayne Rooney, brillant dans un rôle de milieu relayeur où sa technique fait merveille. Jusqu’au coup de tonnerre de Gareth Bale. Discret jusque-là, il s’accapare le ballon pour un coup franc axial très éloigné du but de Joe Hart. Mais la frappe du Madrilène plonge vicieusement, et le portier de City a les mains molles, mais ne détourne pas de ses filets (42e). Le public gallois s’enflamme, ses protégés ouvrent le score contre toute attente et accentuent les regrets d’Anglais qui auraient pu se voir siffler un penalty pour une main dans la surface de Ben Davies (32e) un peu plus tôt. L’Angleterre a dominé le premier acte, mais ce sont bien les supporters gallois qui chantent à la pause.
Sturridge, dans le money time
Les Anglais sont les premiers à revenir sur la pelouse avec Daniel Sturridge à la place de Raheem Sterling, transparent, et James Vardy à la place d’Harry Kane, alors qu’on aurait pu imaginer un duo sympa entre les deux. Les hommes de Roy Hodgson ont un retard à rattraper, mais ils peinent à déstabiliser le bloc gallois jusqu’à une frappe placée, mais pas assez puissante de Rooney (55e). Le joueur de Manchester United reste le meilleur Anglais, mais cela ne suffit pas, alors que Delle Alli est en panne d’inspiration. La libération arrive une minute plus tard sur la première foirade galloise : sur un centre a priori négociable de Sturridge, Williams remet involontairement pour James Vardy qui, aux six mètres, ajuste salement Hennessey (56e).
Trois minutes plus tard, le portier de Crystal Palace doit aller au charbon pour dégager devant le buteur de Leicester, alerté par un centre au cordeau de Walker (59e). Le pays de Galles souffre et n’est pas loin de lâcher à nouveau face à des Anglais qui font un remake du siège de Fort Alamo. Dans les tribunes, cela se rend coup pour coup, les Gallois ayant compris que leurs joueurs étaient en souffrance, à l’image d’un Joe Ledley qui reste allongé dans sa surface après un contact viril avec Sturridge. À un quart d’heure de la fin, Roy Hodgson lance sa dernière cartouche avec Marcus Rashford, le prodige de Manchester United, ovationné par le public anglais. Mais la pression est nettement retombée, et Hart comme Hennessey sont bien moins sollicités, même si les Blancs campent dans le camp gallois. Entré dix minutes plus tôt, Jonathan Williams fait frissonner le camp anglais avec un tir qui passe quelques centimètres au-dessus (80e). Mais ce sont bien les Anglais qui occupent le terrain gallois, à l’image d’une nouvelle tête non cadrée de Cahill (90e), sans réussir à faire plier la défense. Jusqu’à ce que Sturridge ne sorte de sa boîte et fasse oublier la copie transparente de Sterling en première période. 2-1 dans les arrêts de jeu, le pays de Galles a été remis en place par l’Angleterre. C’est justifié, mais c’est cruel.
Par Nicolas Jucha, à Lens