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ACTU MERCATO

Strootman, le Hollandais décevant

Par Adrien Hémard
4 minutes
Strootman, le Hollandais décevant

Arrivé en grande pompe fin août 2018, Kevin Strootman quitte l’Olympique de Marseille par la petite porte deux ans et demi plus tard. Le milieu néerlandais est prêté six mois au Genoa, sans option d’achat. Il reviendra donc cet été sur la Canebière, mais d’ici là, l’OM se débarrasse enfin du plus gros échec du Champions Project. Oui, même devant Kostas Mitroglou.

Le 28 août 2018, c’est l’effervescence au centre Robert Louis-Dreyfus. Costume cintré, sourire aux lèvres, Jacques-Henri Eyraud s’est mis sur son 31 et dégaine un Powerpoint dont il a le secret. « C’est un joueur de classe internationale, une recrue majeure pour le projet », se réjouit le président de l’OM au moment de présenter Kevin Strootman. Grâce à la vente record de Zambo Anguissa, l’OM vient de s’offrir l’international néerlandais, demi-finaliste de la précédente Ligue des champions avec la Roma et vice-capitaine des Bataves pour 25 millions d’euros hors bonus. Le deuxième plus gros transfert du club derrière le come-back de Payet. Alors JHE et l’état major marseillais paradent.

Erreur sur la marchandise

Manches retroussées, Strootman brille dans sa chemise aussi blanche que son sourire Colgate. L’assistance est sous le charme. Partout, on parle de « gros coup » , de « recrue phare » . Sur les réseaux sociaux, sa vidéo de présentation le mettant en scène en personnage de Fortnite cartonne. Avec le recul, il s’agit peut-être de sa prestation la plus convaincante sous le maillot marseillais. Conscient des espoirs que suscite son arrivée, le Néerlandais relativise : « Je suis très heureux que les supporters soient excités par mon arrivée. J’espère qu’ils le seront encore dans un an. » Raté. L’emballement médiatique est à la hauteur de la déception qui va suivre. À l’époque, l’association Strootman-Luiz Gustavo fait frémir le Vieux-Port, et saliver ailleurs dans l’Hexagone. Finaliste de la dernière Ligue Europa, l’OM semble passer un cap via cet achat.

Tant pis s’il a fallu offrir au Néerlandais le plus gros salaire de l’histoire du club : 500 000 euros mensuels, hors primes. Et tant pis si le milieu de 28 ans ne s’est jamais vraiment remis d’une rupture des ligaments croisés. D’ailleurs, on apprendra plus tard que Strootman s’engage alors en dépit d’une hernie discale. Pour s’offrir son nouveau cador, l’OM a donc cassé sa tirelire, persuadé qu’un joueur de ce niveau garantit au club de se qualifier en C1 en fin de saison, ce qui rentabilisera (et financera) cet investissement. Manque de pot, Marseille termine cinquième, et le Néerlandais se révèle fantomatique toute la saison. Et si d’ordinaire les Kevin sont moqués pour leur prénom, pour Strootman, c’est son surnom qui dérange : « la machine à laver » , comme aime l’appeler Rudi Garcia depuis leurs années romaines, parce que « vous pouvez lui donner le ballon n’importe comment il vous le rend toujours propre ». Sauf que cette machine à laver était clairement défectueuse, et un poil survendue par Rudi Garcia, dans le rôle du commercial prêt à tout pour refourguer sa camelote.

Powerpoint, bagarres et économies

Deux ans et demi après son arrivée, Strootman n’a jamais convaincu en 77 matchs (3 buts, 9 passes décisives, 21 cartons jaunes). Il y a eu quelques fulgurances, comme son but décisif la saison passée à Rennes, mais rien de concret et durable en dehors de ses colères aussi impressionnantes que sa mâchoire. En vérité, l’homme qui devait fluidifier le jeu marseillais et lui donner plus de verticalité l’a souvent ralenti par ses passes latérales frileuses, loin du milieu flamboyant qui régalait Rome. Le Strootman de l’OM était ce grand gaillard lent, certes professionnel exemplaire et irréprochable dans l’envie, mais prompt à sprinter seulement quand il fallait échauffer les esprits. Plus encore que Mitroglou – qui aura au moins rempli sa mission de marquer des buts lorsqu’on lui en donnait encore sa chance -, Strootman, qui a toujours eu du crédit, incarne les errances du Champions Project.

Arrivé dans la peau d’un international, il repart par le soupirail, avec pour objectif de se relancer à quelques mois de l’Euro après le coup de pression de son sélectionneur. Avant son retour cet été, l’OM continuera de payer la moitié de son salaire, ce qui, vu son montant, représente déjà une jolie économie. Un moindre mal. En espérant que le milieu de 30 ans se relance en Serie A et enchaîne avec un bel Euro. Il faudra au moins cela pour que l’OM s’en débarrasse définitivement l’été prochain. Sans cela, le joueur, sous contrat jusqu’en juin 2023, coûterait encore un peu plus de 12 millions d’euros au club avant son départ. Pour l’instant, en cumulant indemnité et salaires, il en a déjà coûté près de 40. Mais ça, aucun Powerpoint ne s’en vantera.

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