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Strootman-Asenjo, les pièges de cristal
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Longtemps condamnés à un cercle vicieux de blessures en raison de leurs physiques fragiles et d'une poisse tenace, Kevin Strootman et Sergio Asenjo n'ont jamais vraiment cessé de croire en leur retour au plus haut niveau. Grâce à un mental hors norme couplé à un talent simplement au-dessus du lot.
672 et 668. Soit le nombre exact de jours que Kevin Strootman et Sergio Asenjo ont dû purger à l’infirmerie après une blessure majeure depuis le début de leur carrière. Cramés pour certains, sur la pente descendante pour les autres, les deux albatros n’ont néanmoins jamais flanché, pour redevenir deux titulaires inamovibles de la Roma et de Villarreal.
Grands corps malades
Les tentations de craquer, d’abandonner en cours de route n’ont pourtant pas manqué. Pour Kevin Strootman, le cauchemar avait débuté en mars 2014. Alors plaque tournante du milieu de terrain de Rudi Garcia à la Roma, le Hollandais se fait les ligaments croisés face au Napoli. Et sort en pleurs du terrain, conscient de la gravité de sa lésion. Une blessure mystérieuse au genou, qui laisse perplexe les chirurgiens qui se risquent à tenter de rétablir l’ancien joueur d’Utrecht. En deux ans, ce dernier enchaîne trois lourdes opérations au genou. En Italie, rares sont alors ceux qui croient en son retour. Mario Brozzi, ex-médecin de la Roma estimait ainsi en février 2015 que le joueur était simplement fini : « Je ne sais pas ce qui est arrivé à son genou, mais j’ai l’impression que ses opérations n’ont pas été couronnées de succès. Je ne vois pas de retour possible pour lui. » Peut-être encore plus poissard que son homologue romain, Sergio Asenjo, lui, a dû composer avec pas moins de trois ruptures des ligaments croisés depuis le début de sa carrière professionnelle. Ses deux premières blessures lors de ses passages à l’Atlético de Madrid et Málaga avaient déjà considérablement ralenti la carrière d’un gardien souvent cité comme l’un des plus prometteurs de sa génération. Mais sa dernière lésion, contractée avec Villarreal face à l’Atlético fin avril 2015, avait des airs de chant du cygne. Les images du gardien, hurlant de douleur et suppliant à plusieurs reprises les médecins du clubs de lui expliciter la gravité de sa blessure, en répétant : « Dime la verdad, dime la verdad ! » ( « dites-moi la vérité » en VF) avaient d’ailleurs profondément touché l’Espagne du football toute entière.
Mental d’acier
Là où Kevin Strootman et Sergio Asenjo se rejoignent dans le vécu de leurs déconvenues physiques, c’est dans la force mentale peu commune qui n’a jamais cessé de les habiter. Des ressources qui avaient notamment complètement bluffé Darcy Norman, le préparateur physique de la Roma : « Kevin Strootman est un cas unique, considérant ce qu’il a dû subir. Normalement, ce type de blessures a tendance à diminuer les gens, à les rendre moins forts, mais lui a eu la capacité de les affronter. Sa force mentale, qu’on peut voir sur le terrain, lui a permis de surmonter tout ça et de reconstruire son corps. » Musique identique pour Sergio Asenjo, survivant parmi les survivants, habitué à se relever de blessures gravissimes : « Les gens m’écrivent comme si c’était la fin du monde, mais les vrais problèmes dans la vie, ce n’est pas ceux-là. Je suis déjà passé par là et je reviendrai, soyez-en sûrs » , prophétisait ainsi le portier de Villarreal en 2015, alors qu’il venait d’apprendre qu’il allait devoir passer près d’un an à l’infirmerie. Avant de confier n’avoir jamais réellement pensé mettre un terme à sa carrière, malgré les obstacles qui ne cessent d’obstruer son chemin : « Je ne changerais rien. Mes blessures m’ont permis de mûrir, de voir la vie différemment… Et je me dis que, pour toutes ces personnes qui souffrent de blessures, mon exemple est imbattable. »
Talents bruts
Les renaissances du Néerlandais comme de l’Espagnol sont aussi celles de deux joueurs supérieurement doués. Loin de seulement réintégrer le groupe pro, Strootman et Asenjo ont marché allègrement sur la concurrence pour s’imposer comme deux éléments indiscutables de leurs collectifs respectifs. Le premier n’a pas tardé à reconquérir le surnom qui lui avait été donné à ses débuts en Italie par Rudi Garcia : « La Lavatrice » (la machine à laver, ndlr). Milieu de terrain total, à l’aise à la récupération, où sa puissance physique et sa lecture des trajectoires font merveille, le Batave dispose également d’un pied gauche soyeux, dont la qualité de passe longue comme courte fait à nouveau le bonheur de la Roma. « Je pense que Strootman pourrait jouer à Barcelone ou au Bayern. C’est un joueur exceptionnel et une personne fantastique » , s’enflammait ainsi Luciano Spalletti fin novembre. Asenjo s’est, lui, imposé en l’espace de quelques mois comme l’un des tout meilleurs gardiens de la Liga, notamment en se fendant d’une prestation majuscule face au Real fin septembre dernier (1-1) ou encore en écœurant méthodiquement les attaquants du FC Séville début février (0-0). Rappelant ainsi, à vingt-sept ans, l’étendue du talent qu’on lui prête depuis ses jeunes années, lorsqu’il gardait les cages de l’Atlético de Madrid à seulement vingt piges. « On le voyait tous comme le titulaire indiscutable de l’équipe » , expliquait Antonio Lopez, ex-capitaine des Colchoneros, à So Foot en 2015. « Il était d’une sérénité incroyable… vraiment complet dans toutes les caractéristiques du gardien moderne. Le plus impressionnant, c’était sa réactivité dans les buts… c’était un phénomène. » Qui croisera donc la route de Strootman ce jeudi soir sur la pelouse du Madrigal, un autre rescapé du football. Illustrant ainsi tous deux qu’un mental d’acier peut parfois dépasser les limites imposées par un physique en cristal.
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Tous propos issus de AS, Marca, El Confidencial, La Gazzetta dello Sport et le Corriere dello Sport.