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Storari, meilleur numéro 12 du monde
À la Juventus, Marco Storari est plus qu'une doublure de l'immense Gigi Buffon. Cela fait désormais cinq ans qu'il s'illustre à la moindre occasion. En finale de Coupe d'Italie, c'est bien lui qui gardera les buts de la Vieille Dame.
« On ne sera pas distrait, même aujourd’hui, on essaiera de tout donner » , déclarait Marco Strorari avant le match face à l’Inter de samedi dernier. Une rencontre que la Juve aurait pu affronter en dilettante vu les rendez-vous cruciaux qui l’attendent ces prochaines semaines, mais elle a tenu à honorer le derby d’Italie. Au final, une victoire 2-1 sans trop forcer, grâce notamment à un double arrêt miracle de son portier. La main ferme sur Palacio en un contre un, la réactivité sur la reprise immédiate d’Icardi. S’ensuit un gros smile qui en dit long. La satisfaction d’avoir bien fait son travail, mais surtout de faire remarquer le moins possible l’absence de Gigi Buffon. Une mission délicate, mais parfaitement remplie depuis cinq saisons.
Encore un loupé du Milan
Pas le temps pour les regrets, ou peut-être, tout simplement, pas besoin d’en avoir. Tout le monde a beau lui répéter qu’il pourrait être titulaire dans n’importe quelle équipe de Serie A, Marco s’en moque. Manque d’ambition ? Peut-être, mais surtout conséquence d’une trajectoire qui l’a vu partir des amateurs, puis découvrir l’élite à seulement 27 ans avec Messine. Trois ans plus tard, le voici au Milan qui l’avait recruté en tant que… 3e gardien après Dida, Kalac, voire quatrième, si on compte Valerio Fiori. Malgré de très bonnes prestations, il ne reste que deux fois six mois à Milanello et est prêté à droite, à gauche (Levante, Cagliari, Fiorentina, Sampdoria). Une fois encore, la direction lombarde a manqué de justesse dans ses considérations techniques. Ce choix-là a certes moins d’influence que celui de Pirlo et Allegri, mais toujours est-il que Storari file à la Juve à l’été 2010, renforçant tout simplement un adversaire direct.
Gigi et ses apôtres
Ce qui devait être un simple intérim, Buffon étant revenu blessé au dos du Mondial sud-africain, se transforme en véritable histoire d’amour. Entre Marco et la Juve, et entre Marco et Gigi très liés hors du terrain. Depuis que ce dernier évolue chez les Bianconeri, les différents dirigeants et entraîneurs lui ont toujours collé un remplaçant expérimenté (Storari a 38 ans, un de plus que Buffon). Une formule qui fonctionne puisque il a toujours été très bien suppléé. On est passé de Rampulla, une véritable institution à la Juve, pas moins de 10 saisons sur le banc de 92 à 2002, à Chimenti, puis Abbiati, Belardi, Manninger pour en arriver à Storari. Toutefois, si la hiérarchie n’a jamais été remise en question, non pas que Buffon soit exempté d’une concurrence loyale, ce sont bien ses remplaçants eux-mêmes qui lui font allégeance. Le statut de Gigi allant bien au-delà de celui de gardien de but, les années n’ayant fait que renforcer son rôle fondamental de leader technique et moral de cette Juventus qui est ressortie de ses cendres.
Homme de vestiaire
De toute façon, Storari a lui aussi trouvé un rôle taillé sur mesure. Remplaçant fiable sur qui on peut compter les yeux fermés, mais aussi source de motivation pour tous ses coéquipiers. « Uomo spogliatoio » comme on dit en Italie. Fidèle et loyal, il était allé supporter Andrea Barzagli lorsque le défenseur central faisait son retour à la compétition après 9 mois d’absence. Il n’est pas rare non plus de le voir descendre les marches du Juventus Stadium (le banc de touche y est en tribunes) pour soutenir Allegri dans ses directives, voire les protestations envers l’arbitre. Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas d’une simple mascotte, ce rôle incombant plutôt à un Simone Pepe. C’est bien sur le terrain que le natif de Pise est encore le plus utile. Titulaire lors de toutes les rencontres de Coupe d’Italie, son coach a décidé de l’aligner également en finale contre la Lazio. Disputer une rencontre avec Buffon sur le banc, voilà qui pourrait être perçu comme un handicap. Pas pour le peuple bianconero, plutôt attristé à l’idée de penser que cela pourrait être son dernier match. Storari, un gardien remplaçant irremplaçable. Fallait le faire.
Par Valentin Pauluzzi