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Stoke, les pots cassés

Par Maxime Brigand
Stoke, les pots cassés

Dix ans après son débarquement en Premier League et alors que son évolution était encore il y a peu une référence pour chaque nouveau promu dans l’élite, Stoke City commence à faire ses valises pour le Championship. La faute à une énième baffe, reçue ce week-end à domicile face à Crystal Palace, et la rançon d’une pile de galères.

« Franchement, c’est ridicule. » Et, d’un coup, le ciel leur est tombé sur la tête : d’où le silence, d’où les larmes sur le visage de Jack Butland, arrivé au club en janvier 2013, qui aura mis, samedi, de longues minutes à calmer ses émotions. Cette fois, c’est terminé : Stoke a perdu la bataille du maintien et on aura tout vu sauf les « onze guerriers » demandés avant la rencontre par Xherdan Shaqiri, dont le coup franc délicieux claqué avant la pause avait pourtant ouvert la porte d’un maigre espoir de sauvetage sorti de derrière les fagots. Raté. Ce week-end, dans leur Bet365 Stadium, les Potters ont donc glissé pour la dix-neuvième fois de la saison (1-2), sans vraiment se débattre et en offrant même, via une erreur cruelle de Ryan Shawcross, capitaine symbole de la bande, dans les dernières foulées, un maintien historique à Crystal Palace, ainsi devenu la première équipe de l’élite à se sauver après avoir perdu ses sept premiers matchs de la saison depuis la fin du XIXe siècle. Drôle de carrefour des destins, donc.

Puis, on a tendu l’oreille et on a écouté. Shawcross d’abord, assumer son erreur et prévenir que « maintenant, le club doit faire des choix. Si l’on peut conserver nos meilleurs joueurs, on a une réelle chance de revenir rapidement. Stoke est un grand club, on reviendra plus fort. » Paul Lambert ensuite, coach débarqué en urgence mi-janvier pour redresser le navire et qui n’a réussi à gratter qu’une maigre victoire depuis (face à Huddersfield 2-0, le 20 janvier) : « Vous n’aurez pas aujourd’hui un vrai reflet de mes sentiments. Aujourd’hui, le club a une vraie opportunité de se reconstruire, même si tout ça est très difficile à accepter. Tout le monde doit s’asseoir autour d’une table, discuter, mais Stoke est entre de bonnes mains. » Vraiment ? Là, Butland est revenu et on a (enfin) vu le rideau se déchirer : « Je crois que Paul a hérité d’une équipe où, malheureusement, il y avait une grande indiscipline et des joueurs sur lesquels on ne peut pas compter. Je crois que l’ensemble du processus de recrutement est à revoir : des joueurs ont été recrutés et ne font déjà plus partie de l’équipe pour plusieurs raisons. Trop d’investissements récents n’ont servi à rien. » On y est.

Wet and windy night in Stoke

La grande question est là : où et comment tout a pu vriller à ce point ? Que reste-t-il du club devenu modèle de stabilité pour chaque néo promu depuis son arrivée en Premier League en 2008 ? En réalité, aujourd’hui, c’est un chantier à ciel ouvert et une opération déminage qui s’ouvrent dans les bureaux d’une institution qui n’avait pas connu la moindre relégation depuis vingt piges. Cette issue, on l’avait vu venir lors de la deuxième partie de saison dernière, au bout de laquelle les Potters étaient retombés à une fragile treizième place : sur ça, Mark Hughes, venu au printemps 2013 prendre la suite de l’excellent boulot réalisé par Tony Pulis pendant sept ans, avait été conservé. Était-ce une erreur ? Facile à dire aujourd’hui, même si on sentait le modèle Stoke tanguer.

Pourtant, Peter Coates, le propriétaire du club, l’a assuré à plusieurs reprises : il tenait là l’une des « meilleures équipes » de son mandat. Il n’avait pas totalement tort, Stoke venant de boucler trois exercices (2014, 2015, 2016) à la neuvième place de Premier League et on ne parlait alors plus de cette bande comme de dinosaures à la tactique préhistorique. Rappelez-vous : Stoke City, c’était ça au départ, une équipe que personne ne voulait croiser, résumée à ses long ball et qu’Arsène Wenger exécrait. Un jour où Ryan Shawcross venait de casser le tibia d’Aaron Ramsey, l’Alsacien s’était alors élevé : « Aujourd’hui, plus personne ne peut dire que c’est du football. » Dans ses pas, une pile d’entraîneurs du Royaume s’étaient allumés, Eddie Jones, l’actuel sélectionneur du XV de la Rose, n’hésitant pas à comparer Stoke City à une équipe de rugby.

Venir à Stoke était alors l’assurance de passer une « wet and windy night » ( « une nuit humide et venteuse » en V.F.) où Rory Delap jouait des touches comme on lance des javelots et où le style direct était poussé à l’extrême. Et alors ? Ça fonctionnait, c’était assumé et « c’était différent donc forcément intéressant » comme l’expliqua un jour très justement Luiz Felipe Scolari. Puis, durant l’ère Hughes, on a vu autre chose : un recrutement plus mondialisé, un autre style – notamment porté par le carré Shaqiri-Arnautović-Bojan-Afellay (quatre rois de l’inconstance) – devant lequel on se surprenait à prendre du plaisir, du vrai. Alors, quand est-ce que ça a déconné ?

Le gâchis immense

Là, précisément : quand Stoke, finaliste de la FA Cup en 2011 et seizième-de-finaliste de la Ligue Europa face à Valence l’année suivante, a voulu modifier son ADN. On en revient aux mots lâchés par Jack Butland samedi et au recrutement, forcément. Simple : depuis janvier 2016, malgré les promesses, la direction a fait sauter son enveloppe pour des joueurs comme Imbula, acheté 24 millions d’euros (!) au FC Porto et qui n’a rendu qu’une trentaine de copies chez les Potters avant d’être prêté à Toulouse l’été dernier, Saido Berahino, espoir flingué du Royaume arrivé en janvier 2017 pour empiler les buts et qui n’a même pas réussi à en claquer un seul, au point d’être aujourd’hui aligné chez les U23 du club, ou encore Kévin Wimmer, arrivé de Tottenham pour 20 millions d’euros en août dernier et lui aussi balancé en réserve.

Durant cette période, Stoke City a surtout perdu Marko Arnautović, parti cavaler à West Ham, et vu Shaqiri s’esseuler au point de lâcher dans la presse suisse il y a quelques semaines « ne pas pouvoir tout faire tout seul » et avouer un « simple manque de qualité » autour de lui. Il y a mieux pour la cohésion, et Paul Lambert, dont l’intronisation en début d’année a été largement critiquée par les fidèles du club, qui restent parmi le plus beau public du Royaume, ne s’en ait jamais caché. Lui devrait rester en Championship, tout comme Shawcross et quelques autres cadres (Pieters notamment) là où Butland, Allen et Shaqiri devraient trouver un nouveau point de chute en Premier League. Voilà Stoke gâché pour ne pas avoir forcément pris certaines décisions – le remplacement de Hugues, par exemple – à temps et pour ne pas avoir bien négocié les virages de la progression. Place désormais à la reconstruction.

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