ACTU MERCATO
Steven Nzonzi, un shot de Rome arrangé
Le FC Séville et la Roma ont trouvé un accord ce mardi matin pour le transfert de Nzonzi, portant d'après L'Équipe sur 30 millions d’euros d’indemnité pour les Andalous et un contrat de 4 ans pour le milieu français. Sans fondamentalement changer de dimension, le grand Steven trouve à 29 ans un nouveau défi où on attend de lui qu'il endosse le costume de taulier.
Cela paraissait être presque une anomalie, à moins que cela ne démontrait seulement que les meilleurs joueurs français étaient déjà à leur juste place : des champions du monde dans les plus grands clubs du monde. Parmi les 23 de Didier Deschamps, aucun n’avait jusqu’alors changé de club depuis leur sacre en Russie. En 1998, ils étaient six à avoir profité de leur nouveau statut pour changer d’écurie (Lama, Charbonnier, Desailly, Pirès, Boghossian, Guivarc’h). Paradoxalement, c’est avant la compétition que les principaux dossiers ont défilé : l’arrivée de Thomas Lemar à l’Atlético, le transfert avorté de Nabil Fekir à Liverpool et la décision d’Antoine Griezmann de rester à Madrid. Mais après, Pavard, Giroud, Kanté, Pogba ou Sidibé, aucun n’a bougé de sa place alors qu’ils étaient pressentis comme de futurs animateurs du mercato. C’est finalement Steven Nzonzi qui restera comme le premier mondialiste à changer d’air, la sentinelle mettant le cap ce mardi vers l’AS Roma.
Nzonzi Artist
Bien qu’il n’était pas titulaire au Mondial, le natif de Colombes a disputé 141 minutes dans le tournoi, faisant grosse impression à chacune de ses entrées en imposant un vrai défi physique et une propreté précieuse dans chacune de ses interventions. La finale contre la Croatie, où il a remplacé un N’Golo Kanté pas dans son assiette, en fut la plus belle illustration. Mais il n’a pas fallu attendre le 15 juillet pour s’apercevoir des qualités du milieu de Séville, même si celui-ci s’est révélé au plus haut niveau tardivement. S’il fallait borner l’émancipation de Nzonzi, il faudrait alors pointer la saison 2016-2017, où l’ex-Amiénois a pris une nouvelle dimension sous les ordres de Jorge Sampaoli.
Après avoir joué les gros bras pendant six saisons en Angleterre à Blackburn et Stoke City, il a enfin été reconnu enfin à sa juste valeur en débarquant en Andalousie. « Steven est un joueur qui a dû continuellement se battre contre son apparence, analysait Monchi, alors directeur sportif star du FC Séville. Son physique est celui d’un joueur costaud, fort et puissant, alors qu’au fond, sa caractéristique principale est sa technique et la coordination de ses longues jambes. C’est pour cela que nous l’avons signé et c’est là où il fait la différence. »
Monchi dans le coup
Et puisqu’il avait toutes les raisons de faire à nouveau confiance à ces « longues jambes » , Monchi a utilisé son long bras pour faire venir Steven Nzonzi à Rome, avec les arguments nécessaires pour convaincre Séville de lâcher un de ses joueurs majeurs, qui ne cachait pas ses envies de changer d’air. « Nzonzi veut partir, mais il est conscient qu’il a encore un contrat de deux ans avec nous, affirmait encore la semaine dernière le président blanquirojo Joaquín Caparrós sur la Cadena Ser. En étant à Séville, il a été international et a eu la possibilité d’être champion du monde. C’est un joueur qui est sur le marché et qui sait qu’il doit nous ramener une offre intéressante, et si ce n’est pas le cas, il est encore sous contrat ici. »
Le PSG et Monaco s’étaient mis sur les rangs pour le rapatrier, alors que Lyon et le Barça, entre autres, en avaient abandonné l’idée. C’est finalement la Roma, qui était la plus insistante et convaincante en posant 30 millions d’euros sur la table, qui a raflé la mise. C’est du moins ce que laisse penser l’accord officialisé ce mardi. Et si l’expérience Malcom doit inciter à un minimum de prudence, Steven Nzonzi devrait tout de même atterrir dans un club où il a suffisamment de garanties pour s’installer au poste de 6 (les jambes vieillissantes de Daniele De Rossi ne feront pas longtemps le poids alors que Maxime Gonalons n’a pas su s’imposer la saison précédente). La Louve cherche à continuer de grandir et à repartir sur un nouveau cycle. Avec une essoreuse de cette taille, elle peut entamer cette saison avec l’assurance d’avoir son linge propre.
Par Mathieu Rollinger