Steven Gerrard acquitté : ouf !
Faire le coup de poing avec six potes contre un pauvre DJ qui refuse de balancer du Phil Collins, ça va pas chercher loin : la relaxe pure et simple. Steven Gerrard a juste plaidé la légitime défense et un petit coup dans le nez. Résultat : il est libre ! C'est souvent comme ça que ça passe pour les footballeurs anglais poursuivis en justice.
On ne va pas s’étendre sur les faits. Juste rappeler que l’agression en bande du DJ Marcus McGee, par Steven Gerrad et six potes dans une boîte des environs de Liverpool remonte au 29 décembre 2008. A la base une embrouille née du refus du DJ de le laisser contrôler la programmation musicale (Gerrard voulait du Phil Collins, refus du DJ !). Au cours du procès qui s’est tenu cette semaine, tous les potes de Gerrard ont plaidé coupable… mais pas Steven, qui a été finalement acquitté ! Le héros du Liverpool FC s’en est tiré alors que le témoignage de Marcus Mc Gee ainsi que certaines images vidéo des caméras internes au night-club se sont révélés accablantes pour le capitaine des Reds, qui risquait vraiment très gros. Steven a expliqué avoir cogné « pour se défendre » (sic) : « J’ai sincèrement cru que Marcus venait vers moi pour me frapper » , en décrivant la victime comme « agressive » . « Je me fais beaucoup chambrer. J’essaie de le gérer aussi bien que je peux » . Le juge a donc été compréhensif…A vrai dire, vu la qualité du « citoyen footballeur et héros du foot britannique » qu’est Gerrard, on se doutait bien qu’il échapperait aux rigueurs de la justice. Il a sans doute aussi bénéficié du fait de n’avoir jamais été poursuivi pour d’autres frasques antérieures, à l’inverse de pas mal de ses collègues de Premiership. Reste que cet acquittement suscite un malaise.
On ne va pas s’ériger en tribunal stalinien. Mais juste relever l’impression désagréable que les footballeurs anglais, en général, sont un peu au dessus des lois. Très souvent, à chaque méfait qui peut les incriminer, on note la même clémence habituelle des juges. Le cas Steven Gerrard est révélateur de la mansuétude envers les footballeurs délinquants de la part d’une justice anglaise plus impitoyable à condamner les citoyens lambda. Il faut le rappeler : en Angleterre, les lois pénales et le recours à l’incarcération, c’est pas de la rigolade. Juste quelques exemples récents… Depuis février dernier, Robinho est sous le coup d’une terrible affaire judiciaire : une jeune fille l’a accusé de viol dans une discothèque de Leeds. L’international brésilien, entendu par la police, a affirmé qu’il était innocent. Robinho est libre. L’affaire suit son cours… Toujours en février dernier, l’attaquant Marlon King, du club anglais de Middlesbrough, a été inculpé formellement pour agression sexuelle et violence sur une femme de 20 ans dans une discothèque londonienne le 7 décembre 2008. Libéré sous caution, il a continué de jouer en attendant son jugement… Il y a quelques années, l’international nord-irlandais de MU, Johnny Evans, avait été poursuivi à la suite d’une plainte pour viol après la célèbre soirée orgiaque organisée par le capitaine Rio Ferdinand dans une boîte de Manchester en décembre 2007. Aux dernières nouvelles, l’affaire s’est enlisée… En 2005, des sombres accusations de viol avaient aussi atteint Cristiano Ronaldo (deux femmes avaient dûment porté plainte contre CR 9). Affaire classée… En septembre 2003, quatre à cinq hommes, dont deux joueurs des clubs de Chelsea et Newcastle, avaient été accusés du viol d’une jeune fille de 17 ans, dans un luxueux hôtel du West End. L’affaire s’était achevée par un abandon des poursuites le 8 janvier 2004, faute de preuves suffisantes…A la même période, un joueur de Leeds, D1 anglaise, à l’époque), avait également été inculpé pour viol sur une jeune femme de 20 ans. On n’a pas gardé trace d’une quelconque condamnation… En juin 2005, l’attaquant néerlandais d’Arsenal, Robin van Persie, 21 ans, avait été arrêté et passé deux semaines en prison après une plainte pour viol. Sans suite…
On ne va pas faire le récapitulatif des agressions physiques, sexuelles, et autres bastons qui impliquent des footballeurs jouant en Angleterre ces dernières années. Juste mentionner qu’elles sont très nombreuses… On ne va ni juger ni condamner a posteriori tous ces joueurs poursuivis par la justice. La justice a tranché et les a innocentés. Dont acte. Juste remarquer, qu’en général, les footballeurs en Angleterre bénéficient d’un régime juridique beaucoup plus favorable que les simples justiciables anglais. Etre footballeur en Angleterre, c’est comme faire partie d’une caste privilégiée, dotée d’un statut beaucoup plus protecteur et d’une présomption d’innocence étalée à son maximum. On ne juge pas. On constate. On comprend alors l’indignation contenue du représentant de l’accusation, David Turner, qui a reproché à Steven Gerrard, lors de son procès « une susceptibilité mal placée » après le refus de McGee de mettre du Phil Collins : « Il n’y a pas grand monde qui vous dise non. Les gens vous admirent, vous vénèrent. Si vous demandez une bière, on vous en offre 16 » . Sauf que vouloir exiger du Phil Collins quand on s’appelle Steven Gerrard, c’est un ordre.
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