- C3
- Finale
- Marseille-Atlético (0-3)
Steve out
Parmi les Marseillais qui n'ont pas brillé ce soir, Steve Mandanda tient une place de choix. Entre son jeu au pied très fébrile et son incapacité à se montrer décisif, il reste peu de choses à tirer de sa finale.
On appelle ça une brique si on aime la maçonnerie, voire un parpaing si on préfère les très grosses briques, ou tout simplement une merde si on aime bien faire des blagues sur la grosse commission. Dans tous les cas, celui qui reçoit le colis piégé se retrouve dans le pétrin sans aucun moyen de s’en dépatouiller ou presque. « Ça » , c’est le genre de passe infernale qu’a envoyée Steve Mandanda à Zambo Anguissa à la 21e minute de jeu. Et là, on a envie de dire : « Tous les gardiens, même en pupille, savent qu’il ne faut pas relancer dans l’axe. » Mais ça serait un mensonge.
En réalité, tout le monde sait qu’il ne faut pas relancer dans l’axe. Surtout quand on balance une passe beaucoup trop puissante comme Mandanda l’a fait, et quand le joueur à la réception est réputé pour être en délicatesse avec ses pieds. Et manque de pot, c’est le cas de Zambo. Cruelle scène pour le milieu de terrain de Marseille qui faisait jusque-là un match archi costaud, et qui est resté l’un des meilleurs Olympiens jusqu’à la fin. Tout le contraire de Mandanda qui n’a jamais réussi à se remettre dedans après sa bourde. D’abord, il y a eu ce festival ininterrompu de relances trop longues, en touche, ou dans les pieds adverses. Mais si ce n’était que ça, on pourrait faire semblant de n’avoir rien vu. Car au-delà de ses pieds qui tremblent, ce soir, Mandanda s’est troué à chaque fois qu’il a eu à utiliser ses mains. Problématique quand on est gardien de but.
Le gardien décisif et les autres
Ceux qui veulent jouer les sadiques pourront même tourner le couteau dans la plaie en rappelant que Mandanda revenait de blessure pour chiper la place dans les cages à un Yohann Pelé qui avait assuré un impeccable intérim depuis les 8e de finale.
De la méchanceté gratuite. Steve était très attendu ce soir, c’est vrai. Ce n’est pas forcément un facteur aggravant, mais ça rend sa déconfiture un peu plus triste. Et même en zieutant tous les ralentis, il va être très compliqué de retenir quelque chose de bon de sa soirée. Sur le premier but, après avoir balancé un poison à Zambo Anguissa, il ne se rattrape pas et perd son duel contre Griezmann. Sur le deuxième but, il se couche plus vite qu’un narcoleptique en pleine crise. Sur le troisième, il était déjà démobilisé, comme le reste de sa défense.
Et à part ça ? Rien. Juste des actions sur lesquelles on le sentait fébrile, des moments où il communiquait mal avec sa défense, et d’autres où il regardait le jeu se dérouler devant lui. Ah, si. Il y a eu ce centre qui filait droit sous sa barre à la 70e et qu’il a réussi à claquer, comme 100% des gardiens professionnels l’auraient fait. Bref, dans un monde où on se pignole plus que de raison sur le concept du « gardien décisif » , Mandanda a clairement montré à quoi ressemblait l’autre gardien, celui qui ne sauve pas grand-chose. Petite éclaircie au milieu des nuages noirs malgré tout, alors que Lloris termine sa saison sur les rotules en enchaînant les boulettes en mangeant plusieurs buts par match, la sale soirée de Mandanda permet au moins d’éviter des heures de débat sur la hiérarchie des gardiens en équipe de France. Ce qui ne fait pas de mal à un mois d’une Coupe du monde.
Par Alexandre Doskov, au Groupama Stadium