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Steve Mandanda et le piège de Crystal
Idôlatré à Marseille, Steve Mandanda est arrivé à Crystal cet été plein de bonnes intentions. Mais quelques mois plus tard, et malgré des débuts plutôt costauds, le tableau est loin d'être tout rose.
C’était juste avant la dixième journée de Premier League, et la réception d’une équipe de Liverpool en pleine bourre et en train de tabasser tous ceux qui avaient le malheur de passer devant elle. Crystal Palace n’était pas en forme olympique, et le week-end précédent, Steve Mandanda en avait pris trois dans la sacoche face à Leicester. Et pourtant, alors que l’ancien gardien marseillais n’avait toujours pas obtenu le moindre clean sheet depuis son arrivée, et qu’il affichait une moyenne de buts encaissés par match qu’il valait mieux ne pas rappeler, son coéquipier Yohan Cabaye, interrogé par SFR Sports, jubilait : « Il s’est bien adapté, tout le monde a pu s’apercevoir de ses qualités. Les joueurs et les supporters l’apprécient. Il va être important pour nous si on souhaite faire un gros championnat. Le coach a été intelligent avec lui. Il a d’abord patienté pour que Steve puisse comprendre les termes sur le terrain. Surtout qu’il est à un poste clé. »
Mais le plus beau, toujours avant le match face à Liverpool, c’était Steve Parish, proprio de Crystal Palace, qui se vantait : « De mon point de vue, Steve Mandanda est la recrue de l’été. Il nous permet de jouer comme nous le voulons, c’est un gardien de but footballeur. » Derrière cette déclaration d’amour, le boss du club londonien perdait les pédales et balançait plus de chiffres inventés qu’un politicien coincé chez Bourdin : « Il a gagné le championnat cinq fois, la Coupe nationale cinq fois, et compte trente sélections en équipe de France. Il était une icône à Marseille, peut-être n’était-il pas prêt pour ce défi plus tôt, mais on a attendu le bon moment. »
Où est le Steve de l’OM ?
Un joli n’importe quoi, que Mandanda conclura parfaitement en mangeant quatre buts face aux Reds à domicile, et en s’offrant le luxe d’être coupable sur au moins deux des pions encaissés. À la 21e minute, il prend la tête du 2-1 de Lovren entre les jambes, en se couchant trop lentement. Et en fin de première mi-temps, sur un autre corner venu cette fois-ci du côté gauche, Mandanda se fait surprendre par une tête de Matip plein centre, mais qui passe pile poil entre ses bras. Un match un peu dingue qui se terminera par un 4-2 pour Liverpool, et une nouvelle soirée dure à digérer pour le gardien numéro 2 des Bleus. Et si prendre quatre pions dans un match débridé contre Liverpool, meilleure attaque de Premier League, n’est finalement pas si honteux, se trouer comme Mandanda l’a fait une semaine plus tard face à Burnley est plus problématique.
Un samedi après-midi de chien avec un premier but pris en deux minutes, sur lequel Steve est tout sauf impérial, et surtout un gigantesque craquage lors d’une sortie face à Guðmundsson pour laisser Burnley prendre le large. Un troisième but suivra en toute fin de match, et Crystal Palace empochait sa quatrième défaite d’affilée, descendant à une vilaine 16e place. Un peu partout, les fans des Eagles tenaient Mandanda pour responsable. On l’accuse de ne pas avoir haussé son niveau de jeu depuis son arrivée en Angleterre, de n’être habitué qu’aux frappes mollassonnes des attaquants de Ligue 1. Surtout, on commençait à se demander si Wayne Hennessey n’était pas meilleur.
La menace Hennessey
Car le Gallois, tranquille gardien numéro 1 de Crystal Palace la saison dernière, n’avait pas prévu de laisser sa place, et a même démarré l’exercice 2016-2017 titulaire. Mandanda, lui, n’avait joué son premier match que deux mois après son arrivée, pour un 2e tour de League Cup face à Blackpool. Une partie sans grand danger et facilement remportée 2-0, même si le London Evening Standard n’hésitait pas à employer les grands mots : « Le n°2 de l’équipe de France a impressionné pour ses débuts. » Dans la foulée, Hennessey – qui sortait d’un Euro de patron avec le pays de Galles – se blessait après la 2e journée de Premier League, et Mandanda avait donc droit à son dépucelage. Depuis, il n’a plus jamais quitté les bois, malgré les matchs à trois ou quatre buts encaissés.
Coupable de s’être blessé au mauvais moment, Hennessey l’est aussi d’avoir laissé son club perdre deux fois lors des deux premiers matchs. Mais il ne s’agissait que de petits 1-0, dont un face à Tottenham, là où Mandanda tourne à presque deux buts pris par match. Réputé en France pour être l’incarnation du gardien rassurant et qui fait gagner des points, le Français est dans le dur. Crystal Palace affronte Manchester City ce week-end, mais la blessure de Mandanda avec les Bleus compromettra peut-être sa titularisation. Et trois mois après avoir dû laisser sa place lui aussi pour cause de bobo, Wayne Hennessey ne se fera pas prier pour remettre ses gants. « Mandanda a montré pourquoi il était capitaine de Marseille » , balançait son coach, Alan Pardew, après un match réussi. Désormais, on lui demande simplement de montrer qu’il peut être le gardien du 16e de Premier League.
Par Alexandre Doskov