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Steve de Crystal
Il avait quitté l'OM il y a un an pour découvrir autre chose et donner une nouvelle dynamique à sa carrière. Steve Mandanda a vu, a perdu sa place en équipe de France, et cherche maintenant à revenir. Sauf que l'exil doré en Premier League est devenu un piège tant Crystal Palace et Marseille se montrent inflexibles concernant leur appréciation du prix du gardien.
Il serait d’accord avec la direction marseillaise depuis février. Mais Steve Mandanda pourrait avoir à attendre encore un petit moment avant de revenir poser ses valises dans la cité phocéenne, ou pas. « Cette situation est impossible à prévoir : le transfert peut se faire demain comme dans trois semaines, fin août ou jamais car il s’agit désormais d’une pure négociation entre clubs » , analyse de loin l’agent Franck Belhassen. Pour lui, il n’y a plus grand-chose à faire pour le représentant de l’international français dans l’affaire. « Il a fait son boulot : il a trouvé un club, ce club a fait une offre que son joueur a accepté. Mais sans l’accord du club vendeur, c’est bloqué. A priori, maintenant il doit explorer les autres options, c’est-à-dire d’autres clubs potentiellement intéressés. » Comme Lille ? L’agent d’Alphonse Areola n’y croit pas, et y voit plus un moyen de montrer que le portier français est attractif, même s’il sort d’une saison compliquée à seulement dix matchs toutes compétitions confondues. Deuxième, voire désormais troisième gardien de Crystal Palace, Steve Mandanda n’a pas le choix, il doit partir pour espérer être au Mondial 2018. Sauf que pour partir, il faut qu’une écurie mette la somme exigée par les Londoniens, entre trois et cinq millions d’euros selon les sources.
« Marseille a dit trop clairement qu’ils voulaient Mandanda »
Malgré son attachement envers le joueur, l’OM ne doit pas céder selon Belhassen : « Marseille a raison de ne pas vouloir mettre le prix demandé par Crystal Palace, même deux millions pour rapatrier un gardien de 32 ans qui n’a quasiment jamais joué, c’est généreux. En plus, ils ont un autre gardien sous le coude qui n’a pas démérité la saison passée… » Pour Dominique Six, agent habitué du marché anglais, Mandanda est clairement dans une impasse, car il ne voit pas les Eagles brader l’un de leurs joueurs sous contrat. « Du côté de Crystal Palace, leur logique se tient : le mec a de l’expérience, ils peuvent se permettre de le garder, cela leur fait une belle doublure, et en plus, ils savent quel est le marché des gardiens en Europe… » Une manière de dire que cinq millions d’euros, voire quatre après négociation, ce n’est pas une aberration pour l’ancienne doublure d’Hugo Lloris en Bleu. « Ce n’est pas le monde des bisounours, ce n’est pas parce que Mandanda est parti à Palace pour deux millions qu’eux doivent le refourger en retour pour le même prix. Marseille a dit trop clairement qu’ils voulaient le joueur, et les Anglais savent qu’il n’y pas 36 gardiens qui correspondent mieux à l’OM que Mandanda. Donc leur logique, forcément, c’est de dire :« Si vous voulez le joueur, vous mettez le prix, le nôtre. »Et ils ont raison. »
« Faire rater le Mondial 2018 à Mandanda, ce n’est pas leur problème »
Le piège de Crystal s’est donc refermé sur l’international français, bloqué sans statut dans un club qui peut se permettre de le payer à ne presque rien faire. « Il est budgété, ils n’ont aucun besoin de le vendre » , pense Belhassen, pour qui la situation de Mandanda illustre les risques d’une signature en Angleterre. « C’est le championnat où ils veulent tous aller, mais finalement, il n’y en a pas beaucoup qui s’y imposent. Et ceux qui ne s’y imposent pas, ils sont mis sur le côté sans état d’âme par les clubs, parce qu’ils ont de grosses rentrées d’argent et peuvent prendre ce risque. » Lié au club londonien jusqu’en 2019, le gardien français enterrerait sa carrière internationale ainsi que ses chances de rejouer dans une équipe de niveau européen s’il ne quittait pas la capitale anglaise avant le terme de son contrat. « Crystal Palace n’a aucun problème à laisser un joueur sur le carreau, alors faire rater le Mondial 2018 à Mandanda, ce n’est pas leur problème » , insiste Belhassen. Le joueur ne peut donc compter que sur la générosité d’un club acquéreur, plus particulièrement celle de l’OM, a priori pas disposé à mettre plus que la somme reçue il y a un an, soit un peu plus de deux millions d’euros. « Le problème quand vous négociez avec un club anglais, c’est le problème du pauvre qui négocie face à un riche. Le riche a une plus grosse marge de manœuvre et donc il peut laisser durer la négociation. Marseille face à Palace, c’est un peu ça. Les Anglais savent que l’OM a des moyens plus importants qu’avant, ils ne sont pas dans l’obligation de vendre vite, donc s’ils vendent, il faut que cela soit intéressant pour eux. » Et dans la situation actuelle, les intérêts de Steve Mandanda ne sont clairement pas les mêmes que ceux de son employeur.
Par Nicolas Jucha
Tous propos recueillis par NJ