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Stevan Jovetic, pas assez cher ?
Dans la galaxie de stars de Manchester City, Stevan Jovetić n'a plus sa place. Écarté de la liste pour la Ligue des champions au profit de Wilfried Bony, intermittent du spectacle depuis deux ans, le talentueux joueur monténégrin semble résigné : son avenir s'écrira loin de Manchester, probablement dans le Calcio qui l'a révélé à l'échelle européenne.
« Nous avons rajouté Bony, car je pense que nous avons besoin d’un autre attaquant, un joueur de surface et dans le rôle de Jovetić, nous avons d’autres options. C’est une décision compliquée, mais je pense que c’était la meilleure option pour l’équipe. Stevan est un joueur positif, il continue d’être un joueur important. » Au moment d’annoncer sa liste pour la seconde phase de la Ligue des champions en ce début de mois de février, Manuel Pellegrini sait qu’il marche sur des œufs. Et d’ailleurs, il a beau tenter de se raccrocher au rideau, le mal est fait : en écartant Stevan Jovetić au profit de la très chère recrue hivernale Wilfried Bony, acheté plus de 30 millions d’euros à Swansea, l’entraîneur chilien a entériné le divorce entre City et son attaquant monténégrin.
Comparé à Cruijff par Savićević
Pourtant, un an et demi plus tôt, quand il signe à Manchester en provenance de la Fiorentina pour 28 millions d’euros, le joueur apparaît comme un « very hot prospect » . À moins de 24 ans, il compte déjà six saisons comme titulaire au plus haut niveau : deux sous les couleurs du Partizan Belgrade – dont il a été le capitaine avant même d’avoir 19 ans -, quatre autres à la Fiorentina. Sans une rupture des croisés au début de la saison 2010-2011 qui lui vaut une saison blanche, les états de service de Stevan Jovetić seraient même encore plus impressionnants. Capable de jouer à tous les postes offensifs, un jour comparé à Johan Cruijff par la légende Dejan Savićević, Jovetić sort alors de deux saisons de haut vol sous le maillot de la Fiorentina avec 14 et 13 buts.
La Serbie le découvre dès 2006, l’Italie en 2008, et le reste de l’Europe en 2009, lors d’un barrage aller de Ligue des champions entre le Sporting CP et la Viola (1-1). En attaque, Jovetić est intenable, martyrise les défenseurs dès qu’il part en dribble sur l’un ou l’autre flanc, et surtout marque le fameux but à l’extérieur si précieux en Coupes d’Europe. La Fio se qualifie pour la phase de groupes, et Jovetić se prépare à y briller de mille feux : lors d’un doublé à Artemio Franchi contre Liverpool, puis un autre, toujours à la maison, lors du chant du cygne de la Viola contre le Bayern Munich en 8e (victoire 3-2 après une défaite 2-1 en Bavière). International monténégrin depuis 2007 et la naissance de cette sélection, performant en club, Jovetić ne bouge cependant pas de Florence, la faute à cette fameuse rupture des ligaments croisés qui l’écarte des pelouses toute la saison 2010-2011. Un simple contretemps, le joueur revenant plus fort les deux saisons suivantes pour convaincre City de miser sur lui.
Premières désillusions mancuniennes
Numéro 35 sur le dos, Stevan Jovetić prépare sa première saison anglaise au poste de milieu offensif gauche ou second attaquant lors de l’Audi Cup, avec deux passes décisives contre le Milan AC à ce premier poste. Mais une fois que les choses sérieuses commencent, la concurrence de Džeko, Negredo et surtout Agüero lui bouche l’avenir dans l’axe de l’attaque, celle de Nasri, Jesús Navas, David Silva et même Milner lui complique la vie pour s’incruster sur un côté. Ses premières minutes en Premier League, une heure à Stoke City le 14 septembre, le voient évoluer sans succès comme attaquant de pointe, des débuts symptomatiques de sa vie mancunienne : Pellegrini n’avait pas forcément besoin de lui et donc le balade sur tous les postes offensifs pour colmater les absences…
Une blessure au mollet en octobre, une intoxication alimentaire en décembre, Stevan Jovetić a joué moins de 90 minutes en Premier League fin janvier. La seule éclaircie, un doublé contre Wigan en League Cup (5-0) le 24 septembre alors qu’il jouait à son poste de prédilection, deuxième attaquant. De quoi déprimer, mais le Monténégrin réagit, et plutôt pas mal : entré à la mi-temps à la place d’Agüero, il marque à White Hart Lane contre Tottenham (5-1) le 29 janvier, une réalisation suivie d’une seconde en FA Cup contre Chelsea deux semaines plus tard (2-0). Mais la loi des (mauvaises) séries est cruelle avec Jovetić : le 22 février, une blessure musculaire l’écarte pour un mois. Il ne rentrera plus que six fois en jeu, pour 120 minutes de jeu cumulées, mais quand même deux buts et une passe décisive en Premier League. Seize matchs et six buts toutes compétitions confondues, la première saison anglaise de Jovetić sonne comme un échec avec circonstances atténuantes.
Déjà d’accord avec l’Inter Milan ?
À l’été 2014, Stevan Jovetić est donc déterminé à prouver qu’il n’est pas une erreur de casting. Et pour cela, il compte bien profiter de la Coupe du monde et du retard de préparation qu’elle implique chez certains de ses concurrents directs comme Džeko et Agüero. Avec cinq buts en amicaux, le Monténégrin s’assure de débuter la saison comme titulaire, enchaîne quatre matchs, réussit un beau doublé contre Liverpool le 25 août… Puis l’histoire se répète : une petite blessure musculaire conjuguée aux retours des mondialistes l’écarte du onze type à la fin de l’automne. Fin octobre, il parvient à grappiller du temps de jeu et à se montrer décisif plusieurs fois avec des buts contre Swansea (2-1, le 22 novembre), Sunderland (3 décembre, 4-1, puis le 1er janvier, 3-2) et quelques passes décisives. Mais il était écrit qu’entre Jovetić et City, cela ne pourrait jamais coller : après quelques matchs début janvier, le Monténégrin disparaît progressivement des petits papiers de Pellegrini, jusqu’à cette fameuse annonce de la liste pour la Ligue des champions.
Depuis, le talentueux joueur des Balkans n’a passé que 32 minutes sur les pelouses, dont 16 à Burnley pour tenter de sauver les Citizens (0-1). Une manière comme une autre de prétendre que le joueur compte encore pour Pellegrini, mais Jovetić a semble-t-il déjà tourné la page : le Sunday Mirror l’envoie à Liverpool ou à l’Atlético Madrid quand le Daily Express prétend qu’il aurait déjà donné son accord à l’Inter Milan de Roberto Mancini. Pour le Monténégrin, quoi qu’il en soit, l’avenir semble se dessiner loin de Manchester, un club qui n’a jamais vraiment eu besoin de ses qualités ni la patience pour lui donner le temps de les affirmer. Un gâchis à plus de 10 millions d’euros, les Citizens semblant aujourd’hui prêts à lâcher leur joueur pour une somme entre 15 et 20 millions d’euros…
Par Nicolas Jucha