Tu es arrivée à l’ASPTT Albi cet été. Comment se passe ton arrivée en France ?
C’est une grande évolution pour moi. C’est un vestiaire différent, la culture également. Je m’adapte lentement, mais sûrement. J’essaie d’apprendre le français rapidement et je pense que lorsque j’aurai de bonnes bases, les choses vont continuer à s’améliorer.
Tu as déjà joué pas mal de matchs cette saison. Quelle équipe t’a le plus impressionnée ? Et quelle joueuse en particulier ?
En termes d’équipes, je dois dire que Lyon est une très grosse équipe. Et concernant les individualités, j’ai joué contre beaucoup de très bonnes joueuses, mais celles de Lyon et du PSG m’ont vraiment impressionnée. Il y a beaucoup de grandes joueuses dans les deux équipes.
Personnellement, comment as-tu commencé à jouer au foot ?
Je jouais quand j’étais plus jeune, dans la rue, en bas de mon immeuble à Dublin. J’ai intégré une équipe « mixte » , sauf que j’étais la seule fille dans l’équipe. Ensuite, à 13 ans, j’ai dû rejoindre une équipe féminine parce qu’il y a une règle en Irlande qui interdit les équipes mixtes à partir de 13 ans. Et à partir de là, les choses se sont bien passées et me voilà aujourd’hui en France !
Tu supportes une équipe en particulier ?
Bien sûr. Pour moi, c’est Manchester United !
Tu es donc sélectionnée pour le prix Puskás du but de l’année. C’est fou, non ?
Oui, complètement. En fait, c’est ma coach qui l’a postée sur YouTube, et les gens ont commencé à la partager et la relayer sur les réseaux sociaux. Elle est devenue virale, et aujourd’hui, elle a été visionnée pratiquement 3 millions de fois. C’est dingue.
Surprise ?
Bah, je ne m’attendais pas du tout à quelque chose comme cela, c’est clair ! Au début, ma coach voulait juste que les personnes proches de l’équipe puissent voir le but et, à la limite, nos amis en Irlande. Bien sûr, être sélectionnée pour le prix Puskás est un grand accomplissement. C’est vraiment fantastique pour moi !
Quand et comment as-tu appris que tu faisais officiellement partie de la liste des 10 sélectionnés ?
On me l’a dit avant-hier, mercredi 12. Je l’ai d’abord appris par Twitter. La FIFA m’a envoyé un tweet pour me le dire, et ensuite, de nombreuses personnes m’ont envoyé des messages pour me féliciter. J’ai reçu des tonnes de tweets et de messages ces derniers jours, c’était un peu fou.
Des personnes du monde du football t’ont félicité également ?
Oui, pas mal de joueurs irlandais, mais aussi de quelques personnalités. J’espère avoir un peu de soutien, car évidemment, je suis en compétition avec des superstars qui ont de grosses communautés de fans, donc ce serait génial de pouvoir rallier quelques votes pour essayer de les défier.
Tu as été invitée à la cérémonie qui aura lieu à Zurich en janvier ?
Non, je crois que ce sont seulement les trois finalistes qui assistent à la cérémonie. Mais je croise les doigts pour en faire partie. Ce serait un grand accomplissement, mais surtout une très belle expérience d’assister à cette cérémonie.
Donc ton but, c’est contrôle, coup du sombrero, reprise de volée en lucarne. Tu avais déjà tenté un geste similaire, ou c’est l’inspiration du moment ?
Je suis une joueuse assez technique, donc j’ai pas mal travaillé mes contrôles et mes demi-volées, mais sur le moment, c’est plus instinctif qu’autre chose. Le ballon est arrivé, je savais où était le défenseur, elle me marquait de près depuis le début du match, donc je savais quoi faire du ballon. Après, l’action se passe si vite qu’il y a forcément une part d’instinct.
Combien de buts as-tu marqués la saison dernière au final ?
À la fin de la saison, j’avais marqué 26 buts. Lors de mes trois saisons à Peamount United, j’ai inscrit 71 buts. Je suis le meilleur buteur de tous les temps de la première division féminine en Irlande.
Cela te fait quoi d’être dans une liste aux côtés de joueurs comme Zlatan Ibrahimović, James Rodríguez ou Diego Costa ?
C’est incroyable ! C’est un immense honneur. Je regarde beaucoup de football masculin, j’ai évidemment regardé la Coupe du monde, et j’ai vu les buts de James ou de Van Persie en direct, par exemple. Ce sont des buts que j’ai admirés comme tout le monde, et aujourd’hui, je me retrouve en compétition avec eux. C’est phénoménal, c’est une belle réussite et cela me rend très heureuse.
Tu es la seule femme de la liste. Tu dois être fière de la belle publicité que tu offres au foot féminin ?
Définitivement. Je crois que c’est important que le football féminin obtienne une reconnaissance dans le monde. L’année dernière, il y avait également une femme qui était en lice, je crois que je suis la deuxième. Je suis aussi la première personne irlandaise à être nommée pour ce prix prestigieux, donc c’est assez incroyable.
Il y a encore beaucoup d’inégalités entre le football féminin et masculin. Une bonne partie des joueurs en lice sont riches et célèbres. De ton côté, tu as toujours réussi à vivre du football, ou tu avais une autre activité à côté ?
Avant d’arriver à Albi, je n’avais jamais eu le privilège de vivre uniquement du football. C’est la première fois que j’ai un contrat à plein temps. Quand je jouais en Irlande, je devais travailler et m’entraîner à plein temps aussi. J’entraînais des jeunes du quartier où je vivais. J’avais un accord avec la FAI (la Fédération irlandaise, ndlr), donc j’allais dans des écoles pour entraîner les enfants et promouvoir le football féminin. Aujourd’hui, j’ai un contrat à plein temps, donc je peux me concentrer sur le football et j’ai de quoi vivre de ma passion, c’est génial. C’est une super expérience.
Pour finir, que dirais-tu à une jeune fille fan de foot ? Lui conseillerais-tu de suivre sa passion, ou au contraire que c’est très compliqué, parfois plus que chez les garçons, de percer dans le football en temps que femme ?
Je pense qu’il faut toujours encourager les jeunes. J’ai rencontré beaucoup de jeunes filles en Irlande, qui regardent ma carrière et aimerait réussir aussi, donc je ne pourrai jamais leur dire de ne pas poursuivre leur rêve. Je crois que le football est un sport génial, surtout pour les jeunes. Cela leur permet d’être en bonne santé, c’est un autre facteur à prendre en compte. S’ils continuent à jouer au foot, à insister, il y aura toujours des opportunités pour obtenir une forme de reconnaissance, que ce soit au niveau international ou dans un club.
Il est là, le but :
Un derby, deux grands corps malades