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Stéphane Ruffier écarté : gardiens de but nouveaux boucs émissaires ?
La mise à l'écart de Stéphane Ruffier contre Reims, décidée par Claude Puel en raison de son niveau de jeu décevant, a créé une certaine polémique à Saint-Étienne. Mais la situation du gardien de but n'est pas isolée, d'autres portiers vivant la même déconvenue alors que leurs remplaçants ne semblent pas toujours meilleurs. Se mettre à dos son dernier rempart, est-ce donc devenu une mode consistant à lui faire incomber une partie des mauvais résultats ? Se résume-t-il seulement à un choix sportif, ou existe-t-il aussi l'idée d'imposer son autorité ?
En un sens, Stéphane Ruffier pourrait se comparer à Iker Casillas en cette fin février. Non pas pour ses exploits réalisés entre ses poteaux ou pour ses lignes sur son curriculum vitæ, mais plutôt par rapport à la situation inattendue qu’il est en train de vivre. Mis à l’écart par Claude Puel pour la réception de Reims à Saint-Étienne, le Français doit se demander comment l’Espagnol avait gardé le moral quand José Mourinho l’avait placé sur le banc du Real Madrid lors de la saison 2012-2013.
Comme le champion du monde 2010, l’ancien Monégasque a appris la nouvelle alors qu’il est capitaine et défend proprement les cages de son club depuis belle lurette. Comme lui, il constitue un cadre de l’effectif et fait partie des meubles de l’entité. Comme lui, il n’a pas vu le coup venir et semble payer ses performances décevantes si on les observe à l’aune de celles des années précédentes. Reste une question, qui s’accole à cette situation : l’entraîneur des Verts ne serait-il pas, lui aussi, en train d’emprunter les habits du Special One ?
2019-2020, plus mauvaise saison en Ligue 1 pour Steph’
Pour être honnête, il faut avouer que les prestations de Ruffier ne plaident pas en sa faveur ces derniers temps. Simple : sur le plan individuel, le bonhomme – peu aidé, il est vrai, par ses partenaires – réalise son plus mauvais exercice en Ligue 1. Les différentes statistiques (buts encaissés, pourcentage d’arrêts…) ne manquent pas pour le rappeler, et lui-même n’a jamais nié ces récentes difficultés. Dans ce contexte, la décision de Puel ne paraît pas complètement loufoque. Que ce soit pour préserver son joueur, ou pour le punir. Après tout, le poste de portier peut être considéré par certains comme équivalent à un autre, et la concurrence demeure une règle pour tout le monde. Remplacer un homme par un autre, ce n’est pas une première.
60 – Stéphane Ruffier en L1 cette saison :60% de tirs arrêtés – plus faible % de sa carrière dans l’élite ?14% de clean sheets (3/22) – plus faible % de sa carrière dans l’élite ?1.82 but encaissé par match – plus haut ratio de sa carrière dans l’élite ?Effondrement. pic.twitter.com/KWPYWMGcJf
— OptaJean (@OptaJean) February 20, 2020
Sauf qu’ici, la difficulté est de savoir si le choix est le bon pour les Verts. Complètement perdue à deux points de la zone de relégation et noyée dans une série de quatre défaites consécutives en Ligue 1 (un seul succès en dix journées), l’ASSE doit sans doute s’appuyer sur des repères stables et des leaders pour survivre à cette période sombre. D’un point de vue personnel et au vu de son caractère, Ruffier a également davantage besoin de confiance qu’un siège en tribune pour retrouver son niveau.
Ne pas déborder du cadre
Surtout que Ruffier est loin d’être le seul à patauger, à Sainté. De là à le faire passer pour une victime plutôt qu’un coupable ? Non. Mais Puel, qui a déjà coincé Timothée Kolodziejczak au placard sans prendre de gant en janvier et tente d’installer une nouvelle dynamique, souhaite sûrement soumettre sa bande à sa rigueur et son autorité. Pour ça, le coach n’hésite pas : il rentre dans la pièce, et dégomme quelques cadres. Comme Mourinho l’avait fait par le passé avec Casillas, d’une certaine manière. Ce qui fait figure de coup de force, et engendre logiquement des conflits.
S’appuyant souvent sur un statut de titulaire indiscutable, le dernier rempart peut ainsi paradoxalement devenir la cible (jusqu’au bouc émissaire ?) de celui qui le dirige en temps de crise sportive ou relationnelle. Pour le sanctionner de résultats collectifs moyens, ou tout simplement pour le faire réfléchir sur son comportement. À Chelsea, Kepa Arrizabalaga en fait actuellement les frais : si le gardien le plus cher du monde ne répond pas aux promesses, qui peut vraiment croire que Frank Lampard estime Willy Caballero (38 ans, et fautif à Leicester) plus efficace que son cadet ?
Battle de Ruf’
En attendant de voir si Jessy Moulin apporte plus de sécurité ou une relative nouveauté face à Reims pour le compte de la 26e journée, le « clash » Claude-Stéphane (lequel a refusé d’écouter les arguments de son technicien, qui a voulu lui apporter ses arguments) a provoqué la polémique dans la Loire. Parmi les pro-Ruffier (l’entraîneur des portiers Fabrice Grange qui a essayé de retourner Puel, une partie des supporters ou encore des anciens du club…), celui qui a crié le plus fort est l’agent du principal intéressé.
⚠️ L’#ASSE a pris connaissance avec stupéfaction des propos outranciers de l’agent de Stéphane Ruffier.Quelles que soient ses compétences et son expérience, aucun salarié ne peut se prévaloir d’un statut particulier qui le placerait au-dessus de l’institution.Le communiqué ?
— AS Saint-Étienne (@ASSEofficiel) February 22, 2020
Dans une interview pour L’Équipe, Patrick Glanz a en effet hurlé au scandale en reprochant à Puel de « cracher sur une légende » . Pierre Repellini, trésorier de l’UNECATEF (syndicat des entraîneurs) et ex de l’ASSE, a immédiatement réagi en parlant de « manque de respect » pour le tacticien. Comme les dirigeants des Verts, qui ont carrément laissé la place à une attaque en justice. Parole à la défense ?
Par Florian Cadu