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Stéphane Moulin, la maSCOtte d’Angers
Il n'est pas l'entraîneur le plus charismatique, ni le plus spectaculaire. Pourtant, Stéphane Moulin est en train de réaliser le début de saison le plus remarquable du championnat avec le SCO d'Angers. Une récompense pour un homme qui incarne les valeurs de son club.
Devant les caméras, Ludovic Butelle ne se démonte pas : Angers est chiant à jouer ? Tant mieux si cela permet de gagner des points. Depuis le début de saison, à défaut d’être la plus belle équipe du championnat, le SCO en est l’une des plus efficaces. Promus, les hommes de Stéphane Moulin occupent une inespérée troisième place après 12 journées. Et quand on se demande d’où sort le pragmatisme angevin, il suffit de s’intéresser à son entraîneur, un historique du club qui ne cherche pas à faire copain-copain pour être apprécié. « On a déjà été plus proches d’autres entraîneurs. Même s’il n’est pas aussi distant que pouvait l’être Jean-Louis Garcia, on n’a pas d’échanges avec lui. Si on l’apprécie, c’est essentiellement grâce à sa compétence » , assure Pierre, l’un des neuf co-présidents du Kop de la Butte 1992, l’un des groupes de supporters du SCO. Jeune entraîneur malgré une bonhomie et une calvitie qui le ferait presque passer pour un vieux sage, le coach Moulin est un discret, et un bosseur. « À l’image du club, pas forcément glamour, mais prêt à lutter avec les armes à sa disposition » , assure Malik Couturier, qui a été sous les ordres du technicien de 2011 à 2013. Et si Moulin colle si bien à son club actuel, c’est parce qu’il y a ses racines de footballeur : six ans comme joueur de 1984 à 1990, puis dix comme éducateur depuis son retour en 2005, après avoir passé treize ans à Châtellerault comme joueur, puis entraîneur de l’équipe première.
« Capable de pousser une gueulante comme de nous laisser beaucoup de libertés » Malik Couturier
À Angers, Moulin est d’abord revenu pour diriger la réserve, « mais quand il a pris en main le groupe pro, on le connaissait bien » , se souvient Couturier. Pour lui, Moulin est un entraîneur flexible, « capable de pousser une gueulante si c’était nécessaire, mais aussi de nous laisser beaucoup de liberté d’initiatives sur le terrain. Il organise son groupe, puis le laisse vivre. » Une méthode qui fonctionne, comme son habitude de rappeler à ses hommes la chance qu’ils ont d’exercer leur métier : « Il aimait faire l’analogie avec les gens victimes de graves maladies pour nous dire que le football ne devait rester qu’un sport et un plaisir. » Un discours qui fonctionne, car avec Moulin, le SCO d’Angers est en train de vivre les plus grands moments de son histoire récente. De là à en faire l’Arsène Wenger local, il n’y a qu’un pas, même si Pierre du Kop de la Butte 1992 préfère pointer du doigt l’attachement du technicien à son club : « Il est là depuis longtemps, donc forcément il y a quelque chose, et je le vois donc bien rester encore longtemps, quitte à monter dans l’organigramme. » Pour Couturier, il ne fait nul doute que Moulin et son fidèle adjoint Serge Le Dizet pourraient s’enraciner s’ils stabilisent le club dans l’élite. Ce qui serait amplement mérité : « On doit reconnaître qu’il fait grandir le club, à part la première saison où il a joué le maintien, il n’a eu que des bons résultats. » Et techniquement, s’il maintient sa position actuelle, il goûtera même à l’Europe dans un an…
Par Nicolas Jucha