- Euro 2016
- 8es
- France-Irlande (2-1)
Stéphane Moulin : « La deuxième mi-temps est une référence »
Bousculée en première mi-temps, l'équipe de France s'est qualifiée dimanche pour les quarts de finale de l'Euro en écartant l'Irlande (2-1). Stéphane Moulin, entraîneur d'Angers et consultant des Bleus pendant la compétition, décortique cette qualification à deux visages.
Au coup d’envoi, Didier Deschamps avait décidé d’inverser les positions de Blaise Matuidi et Paul Pogba. Problème, pendant toute la première mi-temps, on a vu Pogba et Payet se marcher sur les pieds. Qu’en avez-vous pensé ?Le jeu a beaucoup penché à gauche parce que les joueurs qui sollicitent le ballon étaient à gauche. Donc, évidemment, on a vu certains joueurs très proches les uns des autres, notamment Pogba et Payet. Ce n’était pas forcément gênant. Ce qui l’était plus, c’est qu’on a uniquement consacré notre jeu dans cet espace-là. On n’a pas pu jouer sur la largeur, puisqu’à droite, on n’est quasiment jamais passé. On n’a jamais vraiment essayé d’y passer, parce que Matuidi était très perdu dans ce positionnement. Le réajustement à la mi-temps a ensuite révélé un Matuidi qui n’est pas tué, loin de là, mais un joueur à sa place et extrêmement efficace.
Après le premier tour, on avait noté une complicité naissante en défense. Aujourd’hui, elle s’est pourtant montrée en difficulté par moments, notamment dans l’axe.Moi, je trouve qu’il n’y a pas eu beaucoup de difficultés. La difficulté aujourd’hui, c’était Rami, même s’il avait montré des progrès. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne jouera pas le prochain match, car il sera suspendu. C’est une situation qui va permettre à Deschamps de tester une nouvelle formule qui, à mon avis, ne sera pas moins bonne que celle-là parce que même s’il y a de la bonne volonté, il y a encore eu des erreurs de concentration qui font que ça fragilise tout l’édifice, car les autres défenseurs n’ont pas particulièrement été en difficulté.
Pour les quarts de finale, l’équipe de France sera privée de N’Golo Kanté, suspendu. Comment doit-on pallier son absence ? En réinstallant le 4-2-3-1 de la seconde période ou en conservant le 4-3-3 ?Je ne sais pas. Ce que je dis quand même, c’est que, pour moi, la seconde période est la mi-temps référence de l’équipe de France. Même avant l’expulsion, elle a su mettre du rythme, une grosse intensité, et c’est ce dont on a besoin. Il y a eu une pression permanente pour les laisser dans leur moitié de terrain et c’est comme ça qu’il faut s’y prendre, même si ce n’est pas toujours facile. Je suis un adepte de Kanté, mais bon, il n’était pas là sur cette mi-temps, donc ça montre bien qu’il y a vraiment de quoi faire avec tous ces joueurs-là. Après, savoir s’il va conserver ce 4-2-3-1, revenir au 4-3-3, c’est très difficile de le savoir aujourd’hui, tant qu’on ne connaît pas l’adversaire.
On a déjà vu pendant l’Euro que le 4-2-3-1 limitait l’expression offensive. Jouer de la sorte contre les Anglais ou les Islandais ne vous fait pas peur ?Non, et c’est la leçon de ce match-là : quand on commence le match en essayant de prendre un minimum de risques, mais sans folie, sans intensité, sans accepter de se déséquilibrer, on n’est pas dangereux. Quand on est mené 1-0, on n’a pas le choix. Le changement tactique a joué, mais on s’est surtout retrouvé dans une position où attaquer était la seule solution. C’est ça qu’il faut arriver à trouver depuis le début du match. Il faut se dire que sans folie, sans intensité, on n’arrive pas à déséquilibrer l’adversaire, et c’est ce qu’il s’est passé en début de deuxième mi-temps. On a vu des joueurs qui ont largement dépassé leur fonction : Sagna sur le premier but, Matuidi…
Avez-vous l’impression que la France dessine enfin son style de jeu ?On espère toujours, parce qu’à chaque fois, on voit des bonnes choses et des moins bonnes. Là, c’est parfait, car on a terminé sur les bonnes. On espère qu’elle va continuer sur la lancée de sa seconde période. Au-delà de l’expulsion, on a vu les joueurs libérés, donc j’espère qu’on va continuer dans ce sens-là. Si on joue petit bras, on a vu contre la Suisse que ça ne passe pas, contre l’Albanie que ça passe à trois minutes de la fin, donc faut qu’on arrive à se dire que la deuxième, c’est la première. Quand on joue pour gagner comme on l’a fait en seconde période, on montre toutes nos qualités. Je voulais aussi insister sur deux joueurs sur qui on a beaucoup tapé depuis le début de l’Euro : Griezmann et Pogba. Ils ont été très bons durant ce match.
L’Angleterre nargue son voisin irlandaisPropos recueillis par Maxime Brigand