- Euro 2016
- Quarts
- France-Islande (5-2)
Stéphane Moulin : « J’aimerais revoir cette charnière »
Facilement victorieuse de l'Islande (5-2) dimanche soir, l'équipe de France a définitivement lancé son championnat d'Europe et retrouvera jeudi prochain l'Allemagne en demi-finale. Si la copie offensive des Bleus est satisfaisante, l'équilibre défensif reste fragile. Stéphane Moulin, entraîneur d'Angers et consultant des Bleus pendant l'Euro, revient sur ce festival offensif.
Pour ce quart de finale contre l’Islande, on s’attendait à un 4-3-3. Finalement, Didier Deschamps nous a encore surpris avec un 4-2-3-1. Ce système vous a-t-il convaincu ?Je pense que le système a été choisi en fonction de l’adversaire. Quand on joue dans ce système-là, on pense qu’on est supérieur à l’adversaire et je pense que Didier Deschamps avait bien analysé les forces en présence. Les Islandais avaient réussi l’exploit contre l’Angleterre, mais par définition, un exploit n’est pas quelque chose qu’on fait tout le temps, donc il savait très bien que les Français étaient plus forts que les Islandais. Il a ainsi voulu imposer son système et le scénario lui a donné raison.
Ce qu’on peut retenir ce soir avant tout, c’est la prestation offensive de cette équipe de France. Au niveau du positionnement, c’est certainement la meilleure copie rendue depuis le début de l’Euro. Partagez-vous cet avis ?Oui et il faut souligner qu’on a eu un pourcentage de réussite assez élevé. Au niveau de l’efficacité, on a été à un très bon niveau, au niveau international, avec quasiment tous les éléments offensifs qui ont marqué, donc c’est bien pour la confiance. Je crois que Didier Deschamps avait aligné cette équipe-là pour ça, donc finalement il n’y a pas eu de surprises dans la manière de se comporter et, encore une fois, le nom des buteurs lui a donné raison.
On attendait aussi de voir la performance de Moussa Sissoko dont la titularisation était quand même une surprise.Je trouve qu’il a été au niveau de ce qu’on attendait, même face à une équipe qui devait jouer regroupée. C’est vrai qu’il faut aussi relativiser la performance par rapport à la minute à laquelle on a ouvert le score parce que ça a changé complètement le match. Quand on marque sur l’une de nos premières occasions, ça n’a pas permis à ces Islandais de jouer comme ils aiment, c’est-à-dire regroupés, très bas. Ils l’ont fait quand même, mais plus avec la même détermination parce qu’ils étaient déjà menés 1-0. Mais la performance de Sissoko correspond à ce que Deschamps en attendait, donc c’est une réussite.
L’autre point d’interrogation de ce match était la copie de Samuel Umtiti. Quand on regarde ses statistiques, c’est 100% de passes réussies, mais on l’a vu assez réservé et il a constamment privilégié les passes latérales ou en retrait. Notre problème de relance n’est donc pas encore réglé.C’est difficile pour lui. Il débute en équipe de France lors d’un quart de finale de championnat d’Europe, donc il a voulu faire zéro faute. C’est ce qu’il a fait. Après, je pense que l’enchaînement des matchs devrait lui permettre d’être plus efficace dans ses relances, même s’il a été performant, il est capable de faire beaucoup mieux. Maintenant, je pense qu’il s’est contenté de faire le mieux possible sans chercher à être déterminant. Je trouve que sa performance a été de qualité, que son association avec Koscielny a été intéressante. Personnellement, j’aimerais revoir cette charnière.
Samuel Umtiti has completed 100% of his passes so far vs #ISL He’ll fit right in at Barcelona. pic.twitter.com/zQVMGtEDKN
— Squawka Football (@Squawka) 3 juillet 2016
La France menait 4-0 à la mi-temps. Forcément, il y a eu du relâchement. Que doit-on retenir de ces deux buts encaissés ?Quand on mène 4-0 à la pause, le relâchement s’opère naturellement. On ne peut pas retenir uniquement ça de ce match. Ce que je retiens de mon côté, c’est qu’on a marqué cinq buts, qu’on a complètement maîtrisé la première mi-temps sans concéder beaucoup d’occasions. Cette équipe monte en puissance, elle prend confiance. On n’a pas battu un adversaire de grande envergure, mais on a su se rendre le match facile et je pense qu’il faut retenir cette première mi-temps. La deuxième, si on avait mené 1-0, aurait été totalement différente. Il y a quelques points à retenir en défense, mais on est quand même la seule équipe à avoir marqué cinq buts dans cet Euro et en quarts de finale, ce n’est pas rien.
La France retrouvera donc l’Allemagne jeudi en demi-finale. Face à l’Italie, on a vu les Allemands peiner dans l’animation offensive notamment. Comment aborderiez-vous cet adversaire après ce qu’on a vu jusqu’ici et compte tenu des absences déjà connues du côté de l’Allemagne ?Je ne sais pas comment va gérer Didier Deschamps, mais je pense qu’on ne peut pas aborder l’Allemagne comme on a abordé l’Islande. C’est une certitude. Je pense qu’il y aura notamment des modifications dans le système. Les Allemands me sont apparus très forts jusqu’ici et contre l’Italie, ils ont maîtrisé leur sujet. Ils n’ont été que très peu en difficulté. En revanche, je trouve qu’ils ont des joueurs émoussés, qu’ils ont des difficultés à faire la différence dans l’animation offensive. C’est plutôt intéressant pour nous. Maintenant, l’Allemagne n’est pas l’Islande. Il faudra être efficace dans les deux zones de vérité. On devrait revenir à un schéma en 4-3-3 plus classique.
Propos recueillis par Maxime Brigand