Avant de passer aux choses sérieuses, peut-on avoir ton pronostic pour les play-offs NBA?
Je vois une finale Miami Heat – San Antonio Spurs, comme l’an dernier. Je suis admiratif du boulot de Tony Parker mais les Heat sont taillés pour le titre, sans aucun doute, c’est mon équipe. Depuis que j’ai rencontré le père de LeBron James à Miami, en 2011, je ne jure que par eux !
Et qui est le favori de cette demi-finale aller de Ligue Europa que tu disputeras jeudi soir ?
Je vais dire le FC Valence, pour leur mettre la pression.
Pas sûr que ton stratagème soit vraiment efficace, si ?
(Rire). Non, mais ils restent sur une bonne dynamique.
Pas aussi bonne que ton équipe, qui enchaîne les résultats positifs depuis deux mois.
Attends, Valence vient de faire match nul à Osasuna, c’est pas mal. En Espagne, la moindre équipe regorge de mecs super techniques. On parle beaucoup de l’Atlético Madrid, mais tu verrais Bilbao, c’est quelque chose ! C’est ce qui m’a le plus frappé dans ce championnat : ils sont très pointus techniquement, alors qu’en Angleterre, tu as encore des bûcherons sur le terrain. Et je te rappelle que Valence a un certain Seydou Keita au milieu, qui est toujours aussi fringant. Ça va être compliqué. Mais pour nous, cette fin de saison représente un super bonus. On visait la 6e-7e place en championnat, nous sommes 5e. On se fait plaisir en Ligue Europa.
Unai Emery, ton entraîneur, a dirigé Valence pendant quatre saisons. Il vous en parle ?
Non. Ce mardi, par exemple, il nous a invités à bien récupérer, à profiter de nos familles, qu’il y a plein de bons moments à vivre actuellement. On ne parle pas encore de Valence, on verra ça le jour de la rencontre.
Il te voulait, Emery, ou tu as un peu débarqué par hasard à Séville ?
Il me voulait, tout comme le directeur sportif, « Monchi » (alias Ramon Rodriguez, ndlr). Je sais qu’ils ont pris des infos chez Azpi (César Azpilicueta), et il a dû leur en donner des bonnes ! L’été dernier, c’était une très bonne porte de sortie des Queens Park Rangers. Et quand QPR a fait le forcing pour me vendre à un autre club en janvier dernier, la direction a fait une courte déclaration pour expliquer qu’elle souhaitait absolument me garder. Ça m’a touché.
Quel rôle Emery t’a-t-il confié ?
On ne m’a pas dit de remplacer Kondogbia ou un autre. Lors de nos premières discussions, je n’ai pas tout compris, je crois qu’Emery m’a expliqué : « Tu viens pour apporter ta force mentale au vestiaire » Bon, là, je me dis : « Ok pour faire l’ambianceur dans le vestiaire, mais je suis d’abord un joueur de foot! » Finalement, ça se passe super bien. J’ai commencé défenseur central, et puis maintenant, je suis installé en milieu défensif – relayeur. Mais tu veux que je te dise, je m’en fous du poste où je joue.
Sérieusement ? C’est bien le Mbia jamais content de son poste à l’OM qui nous parle ?
(Rire). Oui, je suis moins exigeant qu’avant, plus mature, plus focus sur le collectif. Idem en sélection du Cameroun, où le coach Volker Finke sait se faire respecter par tous.
Ce n’est pas Samuel Eto’,le patron de la sélection ?
Finke mène la danse, je te le garantis.
Quels joueurs t’épatent, dans l’effectif du FC Séville ?
Le défenseur central Federico Fazio. Et les attaquants Carlos Bacca et Kevin Gameiro. Quand tu les as dans ton équipe, tu peux être tranquille !
Comment ça se passe au quotidien avec Kevin Gameiro ?
Je connaissais le footballeur depuis son époque lorientaise, quand il enquillait les buts. Maintenant, je connais l’homme, toute sa famille. On est voisins, on va souvent à l’entraînement ensemble, s’il a besoin de quelque chose, je suis là. Pour quoi que ce soit, même déménager un meuble, je suis plus costaud que lui en plus ! On parie aussi sur les OM-PSG…
Et ?
Cela me coûte cher. Je dois l’inviter au restaurant chaque fois que Paris gagne, suite au dernier Clásico, j’ai dû faire son chauffeur pendant une semaine. Je l’ai dit récemment au président Labrune : « Vincent, fais quelque chose, s’il te plaît! » Kevin va me ruiner en essence.
Que penses-tu de la situation sportive de l’OM ?
Elle m’attriste. Je connais ce genre d’ambiance, avec monsieur Didier Deschamps, pourtant un excellent manager, on a connu une série de matchs sans victoire au printemps 2012. Tout est contre toi. Il faut juste que les supporters sachent que les joueurs ne rentrent pas sur le terrain en se disant : « Ce soir, je ne donne pas le maximum » Ça, c’est impossible. Les fans doivent imaginer ce que certains cadres du groupe endurent, avec de telles performances…
J’ai l’impression de ne pas avoir terminé un travail à Marseille
Que penses-tu de la saison noire de ton compère Nicolas Nkoulou ?
Il est le premier abattu, c’est quelqu’un d’extrêmement intransigeant envers lui-même. Dans ce genre de période, il ne faut pas concentrer les critiques sur un joueur. C’est un collectif qui a permis l’éclosion de Nicolas, aujourd’hui, il fait des erreurs au sein d’une formation qui doute. Pour être efficace à son poste, il faut bénéficier d’un numéro 6 qui fait un bon travail, ce que les observateurs ne savent pas toujours voir, d’une défense soudée, etc.
Si Marcelo Bielsa vient à l’OM, les joueurs vont filer droit. Tu supporterais un tel entraîneur ?
Ah lui, il n’est pas là pour rigoler, en Espagne, tout le monde t’explique combien il est carré. Mais j’ai connu ce type d’entraîneur : László Bölöni et Guy Lacombe à Rennes, ils ne blaguaient pas, ou encore Didier Deschamps. DD, il est taquin, mais tu rates une passe à l’entraînement, il te convoque dans son bureau : « Alors Stéphane, qu’est-ce qui ne va pas ? Tu as encore oublié de prendre ton petit déjeuner ? »
Tu suis toujours attentivement l’OM. Dernièrement, tu me disais regretter que le côté business ait pris le pas sur le côté sportif au moment de ton départ aux QPR…
Oui, j’aurais aimé rester une saison de plus, au lieu de filer à Londres, où j’ai vécu une année très compliquée. L’OM voulait sortir les gros salaires, j’en faisais partie. Mais j’ai l’impression de ne pas avoir terminé un travail à Marseille, j’ai ce regret. Aujourd’hui, je suis heureux, et c’est le sportif qui a repris le dessus sur le business. J’ai fait des efforts financiers pour venir en Espagne, j’ai baissé mon salaire, et je suis ravi d’avoir fait ce choix vu l’aventure qu’on vit à Séville.
Vas-tu la prolonger ?
Ils m’ont proposé ça dès la signature de mon contrat, l’été dernier. Ma femme, mes enfants et moi sommes heureux ici. J’ai découvert une atmosphère incroyable pendant les 8es de finale de Ligue Europa face au Betis Séville. Je n’avais jamais connu ça dans ma vie. Ici, les familles se déchirent le temps d’un match, et parfois d’une saison ! Mais je ne me suis jamais senti oppressé en ville par un fan du Betis, au contraire, ils sont ultra respectueux avec les joueurs du FC.
Tu aimerais rester en Andalousie…
Je suis libre de tout contrat en juin, et j’ai juste une envie qui me titille : retrouver la Ligue des champions. Cette compétition me manque. Je sais qu’Everton me suit en Angleterre, et on m’a parlé récemment d’un vague intérêt de Liverpool. J’approfondirai tout ça après la Coupe du monde. J’ai aussi un beau projet avec ma femme, Olivia.
Lequel ?
Elle a créé une marque de vêtements KM&B, qui se vend en ligne, mais elle aimerait s’occuper de l’image des jeunes joueurs africains qui viennent jouer en Europe et se retrouvent parfois dans des situations délicates. L’idée serait d’accompagner leur progression, et je pense servir de tête de gondole à cette initiative.
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