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Stéphane Canard : « Les joueurs n’ont pas mis le couteau sous la gorge des clubs »

Propos recueillis par Félix Barbé
Stéphane Canard : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les joueurs n&rsquo;ont pas mis le couteau sous la gorge des clubs<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Alors que les clubs professionnels français et les joueurs discutent actuellement d’une possible baisse des salaires, l’Union des agents sportifs français (UASF) a souhaité réagir. Via un communiqué, elle regrette de ne pas être, pour l’heure, impliquée dans les négociations. Son président, Stéphane Canard, apporte quelques précisions en assurant ne pas être totalement fermé à des réductions salariales... sous conditions.

Avant de répondre sur la question des réductions de salaire des joueurs, Stéphane Canard a souhaité rétablir quelques vérités auprès du grand public. Pendant près de 25 minutes, le président de l’Union des agents sportifs français (UASF) – qu’il présente comme « un groupement d’agents, et non un syndicat » – a voulu redorer une profession à l’image « hyper déplorable », la faute entre autres à tous les intermédiaires « non licenciés FFF ». « On tombe dans le « tous pourris dans le même sac », a-t-il dénoncé. On subit, nous, les vrais agents… » Un petit coup de gueule contre, selon lui, « 65 999 500 procureurs – en enlevant les 500 agents – qui nous accusent de tous les torts et toutes les responsabilités ».

Celui qui gagne beaucoup d’argent a des revenus importants, mais il fait fonctionner toute une économie autour de lui : les vendeurs de voitures, les vendeurs de maisons, les conseillers en gestion de patrimoine…

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous élever de la sorte, dans votre communiqué ?Nous sommes des agents licenciés, on dépend de la Fédération, on est reconnus en tant que tel. Quand on voit que le syndicat des joueurs se retrouve avec le syndicat des clubs pour évoquer les baisses de salaires, ça nous interpelle forcément. Qu’on ne soit pas dans la boucle, c’est insupportable. La situation du football est compliquée, et on est en train de dire à l’opinion publique que les premiers qui doivent être affectés sont les joueurs. Mais les joueurs sont des salariés, qui ont négocié des contrats sans mettre le couteau sous la gorge de leur club. Ils ne sont responsables ni de la pandémie ni du fiasco de Mediapro. Alors après, on va dire : « Oui, mais avec tout ce qu’ils gagnent… » Mais qu’est-ce que ça veut dire ? On oublie que beaucoup de jeunes joueurs gagnent 3000 euros par mois. Et puis, à la limite, celui qui gagne beaucoup d’argent a certes des revenus importants, mais il fait fonctionner toute une économie autour de lui : les vendeurs de voitures, les vendeurs de maisons, les conseillers en gestion de patrimoine… Il a aussi des engagements financiers à tenir.

Que réclamez-vous, exactement ?Le minimum, c’est que nous soyons mis dans la boucle. Nous avons un devoir de conseil, envers nos joueurs et nos entraîneurs. Si on ne participe pas aux discussions, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir leur dire ? Ensuite, il faut souligner qu’avec la pandémie, les clubs ont fait appel à des prêts garantis par l’État. De plus, Mediapro a tout de même versé 170 millions d’euros de droits en août, puis 100 millions pour se rétracter, soit 270 millions d’euros au total… Et là, il y a un appel d’offres qui va être fait. Avant d’envisager quoi que ce soit et trouver un nouveau diffuseur, on a peut-être un petit peu de temps pour voir quel va être le montant réel des droits. Ça nous permettra d’avoir une lisibilité, en matière de budget.

D’autres demandes vous viennent à l’esprit ?Concernant la baisse de salaire, il faudra aussi voir s’il s’agit d’une baisse définitive ou d’une baisse étalée avec une récupération sur la durée. Il y a d’autres choses à comprendre… Par exemple, il y a deux ans, un de mes joueurs a signé un contrat de trois ans qui était linéaire. Ça veut dire qu’il n’a pas bénéficié de l’augmentation des droits TV, alors qu’il aurait très bien pu avoir une hausse de 30 ou 40 %, puisque les droits avaient augmenté d’autant. Pourquoi devrait-il maintenant connaître une baisse de salaire ?

J’ai l’impression que les premiers qui ont déjà été affectés par cette crise sont les agents qui ont subi des règlements retardés.

Dans le communiqué, vous dites que vous n’accepterez pas de baisse de salaire des joueurs « sans des contreparties ». De quelles contreparties parlez-vous ? Tant qu’on n’a pas eu de réunion avec la Ligue et les présidents de club, on ne peut pas les anticiper. Il faut se réunir, étudier la situation, comprendre ce que chacun attend et voir à ce moment-là quelles seraient les contreparties. Une fois que cette réunion aura eu lieu, je pourrai en dire plus. Mais pour l’instant, je n’ai pas d’élément. Je ne dirais pas que c’est du donnant-donnant, mais il faut un échange entre responsables et professionnels.

Soyons clairs : une réduction des salaires des joueurs impliquerait-elle une réduction des commissions accordées aux agents ?Ce sera une discussion à avoir. Il y a déjà des clubs qui sont intervenus auprès d’agents pour leur demander des paiements de commissions en différé. J’ai l’impression que les premiers qui ont déjà été affectés par cette crise sont les agents qui ont subi des règlements retardés. Pour l’instant, il n’y a pas de clubs qui n’ont pas payé les salaires des joueurs.

Certains joueurs, comme Andy Delort, se sont dit prêts à aider leur club en réduisant leurs salaires. Si demain, Delort est votre client et qu’il vous dit de son plein gré qu’il veut baisser son salaire pour aider le MHSC, vous lui répondriez clairement de ne pas le faire ? Pas du tout ! On sera dans une discussion individuelle, en essayant de comprendre son état d’esprit et la façon dont il perçoit les choses. Chacun est libre de décider, en son âme et conscience. Là-dessus, il n’y a pas d’ambiguïté. En revanche, si avant de prendre sa décision, il me pose des questions, je dois lui amener une réponse en connaissant tous les tenants et les aboutissants de la situation.

Des joueurs sont déjà revenus vers vous ?Oui, c’est d’ailleurs la raison de notre communiqué : à l’issue de la réunion entre les clubs, la Ligue et l’UNFP, cette dernière a communiqué avec l’ensemble des joueurs par un système de SMS. Et les joueurs nous ont tous fait des retours des messages reçus.

Je vais le dire avec une touche d’humour, mais est-ce que les dirigeants de l’UNFP vont baisser leur salaire ? Est-ce que les dirigeants de clubs vont baisser leur salaire ?

Vous vous rendez compte tout de même du marasme financier vers lequel se dirigent de nombreux clubs ?Absolument, et c’est pour ça qu’on veut participer aux discussions. Après, je vais le dire avec une touche d’humour, mais est-ce que les dirigeants de l’UNFP vont baisser leur salaire ? Est-ce que les dirigeants de clubs vont baisser leur salaire ? Est-ce que les ministres, avec la pandémie actuelle, vont baisser leur salaire ?

Le problème, en raisonnant comme ça, c’est que le système risque tout simplement d’exploser…C’est pour ça qu’il faut aller vite, réagir de manière professionnelle et avoir connaissance de la situation actuelle. Je prends un exemple : vous me dites que vous me devez 10 000 euros, que vous ne pouvez pas me payer, mais en revanche que vous me donnez 7000 euros et que vous allez faire l’effort nécessaire pour les 3000 restants. Il va y avoir une discussion entre nous deux, pour échanger. Mais si, sous prétexte qu’il y a une situation difficile, vous me dites : « Bah écoute, voilà 5000, considère que tu dois être content, point barre », ce n’est pas envisageable. La relation est forcément biaisée.

Mais au vu de la période actuelle, et avec une vision un peu utopique, vous voudriez que tout le monde se montre solidaire en acceptant chacun à son échelle un effort ?Ce que je veux surtout, c’est qu’avant de discuter avec les gens concernés, on évite les effets d’annonce du type : « Les joueurs doivent baisser leur salaire. » Parce que l’opinion ne voit que ça : « Qu’est-ce qu’on souffre, alors qu’eux ne souffrent pas. » On est entré dans un système de casse, de critique exacerbée de la situation de l’autre et de manière inconsciente. Ça me donne un goût amer, alors qu’on aurait pu discuter entre nous pour sortir ensuite un communiqué en disant : « Toutes les parties se sont rencontrées, ont pris conscience de la situation. Voici ce qui a été trouvé comme solution pour permettre au football français de survivre, etc. » On aurait fait preuve de responsabilité, et l’opinion se serait dit : « Merde, ils se sont réunis, ont travaillé, réfléchi… » Ça aurait fait du bien.

Vous avez bon espoir d’être entendu, par les présidents de clubs notamment ?Bien sûr… Depuis le communiqué, des membres de l’UASF ont déjà eu des contacts avec des présidents de clubs qui souhaitent nous rencontrer. Je pense qu’on va être amenés à voir les syndicats de clubs, prochainement.

Donc, vous n’êtes pas fermé à une baisse de salaire des joueurs ?Je ne veux pas qu’on le présente comme ça. On n’est pas fermé à discuter, et si c’est fait de manière pragmatique et intelligente, on amènera des solutions qui peuvent être, en partie, une baisse de salaire. Mais encore une fois, il faudra voir s’il s’agit d’une baisse définitive ou d’une baisse dont la récupération va glisser sur une durée déterminée. On a l’avantage, nous les êtres humains, d’avoir un cerveau qui ne fonctionne pas trop mal… Autant le faire fonctionner.

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