- Euro 2012
- Groupe A
- Danemark/Pays-Bas
Stekelenburg ou la rédemption oranje
Très bon pendant la Coupe du monde 2010, Maarten Stekelenburg vient de vivre une saison en demi-teinte du côté de la Roma. L’Euro arrive à point nommé pour le relancer et prouver qu’il mérite bien d’être le successeur de Van der Sar.
Passer derrière un mythe, c’est dur. Même lorsque l’on mesure 1m94. Maarten Stekelenburg en sait quelque chose. Il y a encore quelque temps, le gardien de l’équipe nationale des Pays-Bas mesurait aussi plus d’un mètre 90. Le grand Edwin van der Sar flirtait même avec les deux mètres. Pendant 130 sélections (record national), il a gardé les cages de la maison Oranje. Parfois critiqué, souvent adulé, l’ancien portier de Manchester United a finalement tiré sa révérence, laissant derrière lui un vide difficile à combler. Combler le vide : c’est justement la tâche de Stekelenburg. Depuis la fin de l’Euro 2008, et l’annonce de la retraite de VDS, le portier s’y attèle, tant bien que mal. Son bilan, jusqu’ici : 29 buts encaissés en 49 sélections. Très honorable. Pourtant, l’ancien de l’Ajax est loin de faire l’unanimité au pays. S’il a été excellent lors du Mondial 2010, avec quelques parades de très grande classe, il laisse perplexe les observateurs depuis. En signant à Rome cet été, devenant ainsi le premier joueur hollandais de l’histoire du club giallorosso, il était censé être l’une des pièces maîtresses du projet de Luis Enrique. Au final, les avis sont très mitigés à son propos. S’il n’a pas commis de bourde notable, il n’a pas non plus réalisé d’exploits permettant à son équipe de grappiller des points. Des points qui auraient pu, par exemple, permettre à la Louve d’accrocher le tour préliminaire de la C3.
Des blessures et des rouges
La saison de Stekelenburg est effectivement difficile à analyser. Dès le deuxième match de championnat, à San Siro, contre l’Inter, il reçoit un énorme coup de latte de Lucio en plein visage. Sortie sur civière. Un mois d’absence. Il fait son retour pour le derby de Rome, que la Roma perd à la dernière seconde, sur un but de Klose. Un derby romain définitivement maudit pour lui, puisqu’au match retour, il est exclu pour une faute sur le même Klose, après seulement 8 minutes de jeu. Cette expulsion ne sera d’ailleurs pas la seule de la saison. Quelques semaines plus tard, il prend un nouveau carton rouge, beaucoup plus sévère, contre la Juventus. Un bilan mitigé, au final, analysé de différentes manières par l’univers giallorosso. « Un gardien a besoin d’une plus grande sureté, et la constance dans les résultats est fondamentale, explique Michael Konsel, ancien gardien de la Roma, au quotidien Il Romanista. Je ne saurais pas expliquer pourquoi il a eu des problèmes, mais il peut y avoir plusieurs facteurs : la langue, par exemple, ou la préparation, même l’entraîneur, difficile de le dire de l’extérieur. Je considère toutefois qu’il s’agit d’un très bon gardien. »
Voilà donc l’impression générale laissée par le gardien : un garçon avec un gros potentiel, « comme la Roma n’en avait pas eu depuis des années et des années » , selon Franco Tancredi, le préparateur des gardiens de la Louve. « Il faut avoir en tête qu’il s’agit là de sa première saison en Italie et qu’au tout début du championnat, il a subi une vilaine blessure. Il s’en est remis très vite, puis il a encore été touché à l’épaule, ce qui a conditionné ses prestations. Mais c’est un gardien qui peut seulement s’améliorer » , précise-t-il. Une chose est sûre, donc, Stekelenburg sera bien le gardien de la Roma la saison prochaine, malgré le départ de Luis Enrique, le coach qui avait convaincu le portier de faire le trajet Amsterdam-Rome. Ce sera désormais Zdeněk Zeman. Un coach que le grand Maarten avoue « connaître seulement de nom » . Honnête.
Numéro 2, Numéro 2, Numéro 1
Reste maintenant à savoir si Stekelenburg va parvenir à archiver cette première saison romaine, et se focaliser entièrement sur la sélection hollandaise. De fait, aux Pays-Bas, la presse n’est souvent pas tendre avec lui. Tout l’inverse du sélectionneur, Bert van Marwijk, qui a toujours cru en lui, depuis ses débuts à l’Ajax. « Son soutien était très important pour moi, mais il me fallait quand même progresser. J’ai longtemps été numéro 2, derrière Van der Sar. J’ai appris de cette épreuve, mais ne demandez pas ce que j’ai appris. Je sais pertinemment que je croyais en moi dès le début et que j’ai travaillé dur pour être le premier choix » , assurait-il dans l’édition néerlandaise de Metro, juste avant le Mondial 2010. Et pour cause, si sa première sélection a eu lieu en 2004, alors qu’il n’avait que 22 ans, il a fallu attendre 2007 pour qu’il remplace régulièrement Van der Sar dans les cages.
L’explosion est finalement pour 2010. Au cours du Mondial en Afrique du Sud, il contribue très largement au parcours des Oranje jusqu’à la finale, perdue contre l’Espagne. C’est de là que le gardien souhaite repartir. Les éliminatoires de l’Euro ont été parfaits pour les Pays-Bas, avec neuf victoires en neuf matches, et une seule défaite, lors de la dernière journée, alors que la qualification et la première place étaient déjà en poche. Et lors des deux derniers matches de préparation avant l’Euro, face à la Slovaquie et l’Irlande du Nord, Stekelenburg, qui jouait là ses deux premiers matches depuis son expulsion contre la Juve le 22 avril dernier, a gardé ses cages inviolées. Bon pour la confiance, bon pour toute l’équipe et bon aussi pour rappeler à Tim Krul, auteur d’une très bonne saison avec Newcastle, qui est désormais le numéro 1. Car on le sait, pour gagner, il faut bien souvent deux choses : un grand attaquant (ça, c’est réglé) et un grand gardien. Et sans forcément mesurer 1m94.
Eric Maggiori